Forum - Instinct - Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
Accueil
Forum : Instinct

Sujet : Est-ce ainsi que les hommes vivent ?


De Tamatoa, le 21 juillet 2013 à 23:19
Note du film : 6/6

Je crois que depuis Les évadés, je n'avais ressenti un tel choc. Acheté par hasard au vu du résumé-jacquette, je n'ai pas céssé du début à la fin de rester coller à mon fauteuil, absolument subjugué par cette histoire regorgeant de vérités et par la magnifique photo qui les accompagnait. Ce film est une véritable gifle, servie par des acteurs solennellement graves et précis. Que devient l'homme après que la civilisation, la société s'en soit emparée ? Où est cette liberté que nous nous targuons de posséder ? Qui contrôle qui, contrôle quoi ? Jon Turteltaub nous emporte dans un tourbillon de questions dont les réponses nous échappent et forment un immense mur dans lequel nous nous jetons avec cette bonne foi qui caractérise les hommes qui pensent savoir et détenir le savoir..

Cette oeuvre qui nous prouve qu'animaux nous étions, animaux nous avons grand-peine à ne plus être, est une réflexion sur la vanité humaine et tous les excréments qui la compose. Une des forces du film réside aussi dans le fait que l' homme n'est pas jugé. On lui donne juste les ingrédients qui pourraient lui faire voir et entendre ce dont il se détourne depuis si longtemps. Tout est remis en cause dans l'ésthétique le plus harmonieux. Le directeur de la photo Philippe Rousselot a fait des miracles. Les retours dans la forêt Rwandaise sont de toute beauté ! Et les rapports entre un Anthony Hopkins au zénith de son art, et les gorilles bien plus humains, bien plus sereins que nous, sont un régal de tendresse et d'authenticité . Scènes d'autant plus attractives que le reste du film se passe dans un asile psychiatique qui n'est pas sans rappeler celui de Vol au-dessus d'un nid de coucou où les gardiens ont instauré de drôles de jeux pour punir à leur gré et fantaisie des hommes qui ne se posent plus de questions sur le sens du mot liberté. Ils sont devenus gorilles furieux par la seule volonté de l'homme. Anthony Hopkins, lui, fera tout pour rejoindre la seule famille qui lui a offert, tout naturellement, cette liberté : la faune magique d'un pays pourtant ensanglanté par une guerre abjecte. Une faune bien en retrait des hommes qui ne veulent pas voir, pas entendre, pas comprendre.. Tous les acteurs de ce film sont très exactement à leurs places, sans l'ombre d'un mauvaiis goût. A peine si l'on croit entendre un léger laisser-aller dans certains dialogues. La voix de Jean-pierre Cassel sied à merveille à Donald Sutherland, magnifique de stoïcité et de compréhension. Et je découvre un Cuba Gooding Jr, passionnant de ténacité. Il veut savoir ! La liberté : Où, quand, comment ? Accepter la vérité sur ce mot galvaudé depuis la nuit des temps reviendrait à lui prouver qu'il s'est trompé de chemin, lui, l'avocat brillant !

C'est un film qui nous secoue, nous prend par les tripes et ne les lache pas jusqu'à ce que "la" fenêtre de l'asile s'ouvre enfin. Et si la liberté était lourde, trop lourde à porter ? Et si c'était vrai que nous soyons Enfermés dehors ? La dernière cavale de Hopkins dans sa verdure paradisiaque de félicité nous délivre. Mais restons lucide : Cette délivrance ne vient que du fait que le film s'arrête et que nous cessons, dans le même temps, de réfléchir… La flore très humide de la forêt Rwandaise vient fort à propos nous rafraîchir et nous dégager de toutes réflexions . Laisser lâchement aux philosophes de tous poils une autre "liberté" de penser pour nous. Puisqu'ils savent et nous le font savoir à grands cris, à grands livres..

Mais le silence des gorilles est plus fort que tout…Et s'il est vrai que l'homme descend du singe, une question se pose : Pourquoi en est-il descendu ? Du vent ? Peut-être.. Mais quelle tempête !


Répondre

Installez Firefox
Accueil - Version bas débit

Page générée en 0.0017 s. - 5 requêtes effectuées

Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter