"-Tiens papy ! Bon anniversaire ! Ça te souviendra (!) de quand t'étais encore jeune !-". Partagé entre l'émotion bien légitime de voir que ma descendance adorée s'était privée de quelques carambars et autres pièges à caries pour m'offrir ce DVD, et l'envie tout aussi licite de noyer ces morveux histoire de leur apprendre la politesse et le Français, j'entrepris, après les agapes d'usage, de re-découvrir ce film qui m'avait laissé un formidable souvenir.

Aie ! Aie ! Aie !… Tant d'eau est donc passée dans mes lagons depuis tant d'années ? Je me souvenais d'un film d'aventures bondissantes, de cascades époustouflantes et d'un Jean Marais flamboyant ! Or, devant mes yeux éberlués, ce que je voyais ne ressemblait en rien à ce que ma mémoire m'avait dicté. Avec une certaine consternation, je me demandais ce que j'étais en train de voir. C'était devenu un mélange d'un peu du Monocle noir, des Barbouzes, de Fantomas et un zeste de Patate. Pleins feux sur Stanislas, c'est un film de quoi, au fait ? Polar noir ? Policier ? Espionnage ? Action, oui. Des bagarres de bonne facture, comme on les faisait à l'époque, mais très orchestrées comme pouvaient l'être celles de Ventura dans Le gorille vous salue bien. Je ne retrouvais plus le côté aérien, presque… "Bruce Leesque" que j'avais gardé en mémoire. Et puis, entre ces scènes de baston, une intrigue sans queue ni tête. On ne sait pas vraiment où on va. Et à propos de tête, celle de Jean Marais est constamment ahurie, comme hébétée tout du long. Pourquoi aborde-t-il sans arrêt cette moue boudeuse ? On est dans le bizarre le plus complet. Qu'est ce que je regarde ? Qu'est-ce que je vois ? C'est quoi cet humour à deux balles qui tombe à plat ? Aucun effort n'est fait pour nous donner une intrigue qui tienne la route. C'est un mélange de genres qui nous est servi pour nous faire patienter en attendant des cascades très approximatives. Un film plat, presque neutre, indéfini. Ça rame, et c'est convenu. Mais quel âge était donc le mien pour y voir tant de merveilles ?…

Pourtant, c'est une belle distribution de tronches très à la mode à l'époque qui fait plaisir à voir. Bernard Lajarrige, André Luguet, Jean-Roger Caussimon, Henri Tisot, Jacques Morel et d'autres. Surtout les deux "héroïnes" du film : les fort jolies Nadja Tiller et Bernadette Lafont. Mais tout ce petit monde s'agite dans une espèce de n'importe quoi que l'on a du mal à comprendre et à situer vraiment. Je dois à la vérité et à ma mémoire de dire que je n'avais pas vu le premier opus des aventures de Stanislas Évariste Dubois : L'Honorable Stanislas, agent secret. Mais ces Pleins feux, je m'en souvenais bien, fort bien ! Hélas…

Nos souvenirs se reposent,
Surtout ne les réveillez pas…
Laissez telles quelles toutes ces choses
Comme si le temps s'arrêtait là…
Et si le paradis existe,
Un jour, nous les retrouverons,
Baladins, clowns et artistes
Et nous recommencerons…