4,8/6. La photographie de
John Alton,
le descriptif minutieux du monde de la pègre et de ses lois obscures. La mise en scène sèche, et précise de
Anthony Mann (une volonté de coller au plus près aux personnages, avec l'emploi d'une grande variété de plans pour observer leurs agissements). Et aussi et surtout une vision du monde sombre et désespérée. A quelques pas d'un monde normal, soumis à la loi et à l'ordre, à la lumière blanche des espaces publics de Washington, grouille un univers menaçant, combinard, pervers, ou tout est permis et rien n'est clair… pour s'assurer une place de choix au soleil (que l'on ne voit d'ailleurs pas). Mais on en vient au fil des minutes à s'interroger sur la finalité de tout ceci. Le monde des truands semble ici exister pour lui-même, mis en place pour satisfaire des besoins très primaires de l'espèce humaine : une volonté de paraître et de dominer. Une vision du monde identique à celle de
Raw Deal du même Anthony Mann.
Une vision assez différente de celle de Walsh (
La femme à abattre,
L'enfer est à lui)
portée par des mouvements fiévreux de personnages qui ne tiennent pas en place et de déplacent dans de grands espaces (à bord d'une automobile, par exemple). Les héros de Walsh y sont portées par les élans, des pulsions. Ici les actes sont ceux de personnages névrotiques et s'opèrent dans des espaces confinés et sordides : chambres d'hôtel minables, entrepôts blafards, sortes de rings de boxe en miniature (que l'on aperçoit d'ailleurs au détour d'une image). Émerge un sombre portrait d'une société capitaliste, montrée comme un laboratoire ou se démène en son sein une cohorte de rats féroces et frustrés -même si le carton introductif est censé montrer la supériorité de l'Autorité face aux méfaits des truands, et placer ainsi cette œuvre dans les canons de bonne conduite hollywoodiens-.