…trouvera-t-il des talents cinématographiques à la hauteur ? C'est tout à fait dans l'ordre du possible, puisque ça nous a donné ces dernières années The Constant Gardener et La Taupe, deux belles réussites. En tout cas, il le mériterait bien, car A Most Wanted Man est un excellent Le Carré (de 2006 ou 2007) qui, comme toujours branché sur l'actualité internationale, traite de terrorisme islamiste – mais surtout, oh surtout de l'incompétence navrante de certains antiterroristes… enfin, vous verrez. Il est intéressant de relever qu'avec le passage du temps, le ton gris et désenchanté qui a fait la marque du jeune Le Carré a laissé graduellement la place à un vieux Le Carré de plus en plus ironique et grinçant ; tandis que la construction d'intrigues inexorables, elle, continue d'être de mise.

Bonne chance à tous pour cette nouvelle aventure dans notre monde de fous.

Un excellent film d'espionnage, glacé et et glaçant. J'avais apprécié La Taupe à la première vision, beaucoup moins à la seconde : les personnages étaient écrasé sous le formalisme de la mise en scène dont la virtuosité tournait selon moi à vide. Un homme très recherché, réalisé sans afféterie, est captivant de la première à la dernière image (superbe). Anton Corbijn colle à ses personnages, ne relâche pas une seconde la pression. Il émane une image peu flatteuse des différents services secrets mis en scène, dont les rivalités semblent prendre le pas sur la sécurité de "l'ordre du monde". Les individus (l'immigré clandestin, la jeune avocate) sont broyés sur l'échiquier d'un jeu cynique mis en place par des individus en costard-cravate, tirant dans l'ombre les ficelles de sombres machinations.

Intimidations, interrogatoires, ingérence et destruction de la vie privée sont les maîtres mots d'un monde sans âme, réduit à des structures de verre et de béton, à des caméras de surveillances et à des téléphones portables qui sonnent ou vibrent sans interruption. Habilement tressés, les fil de l'intrigue débouchent sur un dénouement cynique qui laisse un goût amer dans la bouche. Obsédé par son métier, Günther Bachmann (Philip Seymour Hoffman) fume cigarette sur cigarette, boit plus que de raison et s'autodétruit à petit feu, à l'image de l'univers qu'il combat.

Certaines critiques reprochent à Un homme très recherché d'être "déshumanisé" : c'est le sujet même du film il me semble.