J'ai demandé l'ouverture de cette fiche-film sur un coup de tendresse nostalgique, et je remercie les gens qui ont fait diligence en la matière, parce que dans la critique du film Neuf garçons, un cœur commenté dernièrement par Impétueux, un nom m'a sauté à la mémoire : Pierre Chevalier, assistant réalisateur. Et ce nom m'a ramené bien des années en arrière, 1963/64 où j'étais un petit garçon. Sur l'île de Raiatéa, à quelques encablures de Papeete, l'Office de coopération radiophonique, pas encore avalée par la gloutonne ORTF, ne nous accordait que cinq heures de télévision par jour. Et, en dehors des infos succinctes et laconiques immuablement centrées sur le Général, le reste du temps nous avions très souvent droit à des petits films sans grande importance.

Dont celui-là ! Et vous n'imaginez pas combien de fois la signature (!) de Pierre Chevalier a défilé sur l'écran commun à six familles réunies autour du même poste ! Alors, je vous avoue que si j'ai demandé l'ouverture de cette fiche-film, ce n'est pas vraiment pour vous vanter les mérites inexistants de cette œuvrette désuète et qui peut se révéler agaçante pour beaucoup. Mais parce que je me souviens…Comme aurait dit Jouvet dans Un revenant : "-Pardonnez moi Messieurs, un coup d'passé…-". Fernand Raynaud c'était comme un passage obligé par chez nous. On disait de lui qu'il était un peu heiputanga (gentil mais un peu collant) mais on n'aurait pas laissé passer ses films pour rien au monde ! Auguste, Fernand clochard, La Bande à papa, Le sicilien, C'est pas moi, c'est l'autre, bref, tous ces chefs-d’œuvre dont on nous abreuvait à l'époque. C'est à croire que l'inaccessible métropole ne voyait en nous que des sauvages incapables de voir et de comprendre autre chose que les élucubrations de ce type sans arrêt en train de chercher sa sœur et de demander à son Toto de fils de manger sa soupe…Enfin bref ! Pour en revenir à Pierre Chevalier, il ne fut pas que le maitre-gesticuleur du Clermontois. Il est à l'origine de beaucoup d'autres navets, dont les Impures, qui a été critiqué ici-même, et le très médiocre Le bon roi Dagobert ou encore Avortement clandestin! soporifique à souhaits. Il n'a pratiquement tourné que des daubes mais je ne prétends pas connaitre toute sa filmographie. Et ce qui est très étrange autant que paradoxal, c'est qu' il a été assistant réalisateur dans des films de très grande qualité ! Au-delà des grilles, Le père tranquille, les maudits, La Table aux crevés, Le fruit défendu et d'autres ! C'est à croire qu'il ne fut pas un élève très attentif pour nous servir ensuite des soupes peu digestes.

Le mouton ?

Allez…Je ne vais pas vous embêter avec ça. Je ne voudrais pas me faire traiter de bourreaux d'enfants ! Et puis qu'en dire ? Vous voyez l'affiche ? Elle est aussi laide que ma tendresse est intacte pour ses jours bénis. J'étais enfant. Je regardais ce (ces) film la tête sur les genoux de ma mère. Il faisait bon vivre. C'était il y a bien longtemps, sous un autre ciel…Alors, encore Merci pour la fiche !