Un film satisfaisant, agréable, souvent réussi, avec quelques numéros, quelques performances de haute qualité, mais qui n'est pas un chef-d'œuvre inoubliable, ni même un très bon film.

Pour que, dans ce genre si merveilleusement artificiel et ludique de la comédie musicale, un film soit réussi, il faut un paquet d'aromates, un bouquet de saveurs assez pimentées ; on peut composer cette marqueterie de mille façons, se passer ici d'un épice, là d'un parfum, mais on ne sort pas beaucoup des ingrédients de base : la légèreté des danses, la qualité des musiques, l'esprit des dialogues, le charisme des acteurs. Si, en plus de tout ça, il y a un scénario un peu attachant, ou drôle, ou spirituel, ça marche encore mieux et ça ajoute des points.

Quant tout y est, on obtient des merveilles : Chantons sous la pluie ou Les sept femmes de Barbe-rousse ou Top Hat (bien que là, le scénario soit minimal) ; quant on force trop le trait sur l'anecdote, c'est au détriment de la virtuosité de tout le reste (Les girls de George Cukor)… Et quand la musique ne se laisse pas retenir (Un Jour à New York) on est tout décontenancé…

Mariage royal souffre un peu de ce côté-là ; le compositeur, Burton Lane n'est ni Irving Berlin, ni George Gershwin, ni Cole Porter ; ce qu'il écrit est plaisant mais guère davantage ; en tout cas il me semble qu'aucun air, qu'aucun standard n'a survécu.

Ce qui me gêne davantage, c'est l'absence totale de charme de la vedette féminine, Jane Powell, excellente danseuse, sans doute, mais totalement dépourvue de ce qui fait la perfection des grands couples de danseurs, avec Fred Astaire ou Gene Kelly, l'harmonie parfaite de Ginger Rogers, l'éclatante beauté de Cyd Charisse.

Le meilleur, il me semble, c'est la virtuosité de la caméra de Stanley Donen et l'inventivité extrême de la chorégraphie. Rien que pour les deux séquences notoires, le couple aérien au milieu de la tempête qui secoue le paquebot et Astaire, bluffant, virevoltant sur les murs et le plafond de sa chambre, Mariage royal vaut d'être aimé et regardé…

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Revu sur grand écran, pour un avis en très forte hausse (c'est une surprise). Royal Wedding, ce sont tout d'abord des numéros musicaux, chantés et dansés par Fred Astaire et Jane Powell. Ces numéros sont nombreux, de qualité, variés et de longue durée. Le film procède par un enchainement de séquences qui démarrent par des situations proches de la vie du réel de quidams ordinaires pour se finir par des numéros musicaux, avec pour chacune d'elles un point d'orgue délicatement extatique. La force de frappe du studio MGM se matérialise par les décors, couleurs, costumes, extrêmement soignés, mais cela n'est pas une surprise. La réalisation de Stanley Donen, invisible, est d'une précision chirurgicale, avec des caméras placées de façon parfaite par rapport aux personnages.

Aspect le plus particulier de Royal Wedding : se placer au niveau mental de classes moyennes, aborder des sujets simples comme la famille ou le mariage, et développer une trame qui mélange drame et comédie, avec un humour à trois sous faussement simplet. Derrière cette façade, se dessine un éloge très élaboré de la sociabilité et de la décontraction, une manière de vivre en société, avec un sens du compromis et du respect d'autrui. Fred Astaire matérialise cette vision du monde par sa démarche nonchalante ou ses danses enjouées. On peut percevoir Royal Wedding comme une oeuvre mineure et gentillette. A mon avis, il n'en est rien, on a affaire à une des oeuvres géniales et impressionnantes du Hollywood de la grande époque. Il faut maintenant envisager une restauration HD du film.