4,5/6. Un film noir si typé de la fin des années 1940 (façon Raymond Chandler ou Dashiell Hammett) avec une intrigue tortueuse et des personnages troubles. A ceci s'ajoute un plaidoyer contre l'antisémitisme ordinaire et le racisme, et une critique en filigrane du modèle américain et de ses valeurs (l'armée est montrée complètement paumée, peu sûre de ses objectifs et de son utilité). Le croisement de points de vue sur un même événement (le meurtre d'un juif) est brillamment écrit par
Richard Brooks et
John Paxton, et mis en scène par
Edward Dmytryk (bientôt black-listé pour soit-disant activités anti-américaines). Le reste est plus académique, mais efficace et intéressant grâce à d'excellents acteurs comme
Robert Ryan,
Robert Mitchum ou
Gloria Grahame,
un rythme soutenu, des dialogues très travaillés (la démonstration orale par l'inspecteur concernant la dangerosité pour la société des thèses racistes est un modèle du genre). Au final,
Feux croisés,
sans être un film inoubliable, est une variation intéressante du film noir et de ses codes narratifs.
NB : un perchman apparait étrangement dans le reflet d'un miroir à la 40° minute…