Je recommande à tous ce film noir à l'éclat lumineux. Il y a, je trouve, du James Gray dans ce film, dans la façon de décrire l'entrelacs de liens familiaux qui conduisent à une tragédie inévitable. La mise en scène de David Michôd, plus brute et peut-être moins coulante que celle de Gray, est pourtant superbe, usant des ralentis de façon parfaitement appropriés pour souligner les moments où le drame se joue, dilatant le temps pour exacerber la violence quand elle éclate et s'appuyant sur une musique funèbre parfaitement adaptée.

Le casting est uniformément excellent (sauf peut-être James Frecheville qui ne dégage ni empathie ni charisme selon moi) : Jacki Weaver en figure matriarcale fait froid dans le dos en quelques répliques, mais surtout, surtout il y a deux acteurs australiens éblouissants, celui qui joue le barbu aux cheveux longs qui se fait tuer dans un champs, et celui qui interprète le rôle du "grand méchant" qui assassine la petite amie du héros : Alholg, moi qui ne suis pas très calé en cinéma australien, pouvez-vous me renseigner sur le nom de ces deux acteurs ?

Hormis un rythme un peu hésitant lors du début, Animal Kingdom est un polar familial hors-pair, qui conjugue en deux heures bien serrées plus de qualités que 90 % de la production cinématographique actuelle …! Note ajustée : 5.5/6

L'excellent Sullivan Stapleton m'a considérablement impressionné, par son charisme buriné et son magnétisme animal. D'ailleurs ne serait-ce pas le frère jumeau de Russell Crowe ?

Quant à Guy Pearce c'est un de mes acteurs préférés, par sa capacité à incarner avec brio des rôles éclectiques : du flic arriviste de LA Confidential au soldat couard de Vorace en passant par l'amnésique de Mémento, sans oublier le cow-boy de The Proposition.

Alerté par les critiques lues sur internet, j'ai regardé d'un oeil curieux ce film de gangster pour le moins original. On peut même dire qu'il sort des sentiers battus tant la forme et le rendu esthétique, priment sur l'histoire somme toute assez banale de ce gang familial en déperdition.

Visuellement le film est une réussite (belle image, beaux plans fixes) et le tempo, relativement lent, accentué par les ralentis disseminés ça et là, diffuse progressivement une ambiance pesante et lourde qui ne tombera jamais, la faute aussi à cette musique froide présente en continu le long du film.

La tension gagne ainsi le spectateur et ne le quittera pas car l'action, également, captive. Un suspens s'installe lentement et il n'est pas possible réellement de savoir jusqu'à la fin dans quel clan basculera l'énigmatique, Joshua, le personnage central du film, pour le moins inexpressif et peu bavard mais dont on se rend compte rapidement qu'il est la clé de l'intrigue.

C'est un film de gangster mais sa grande force, et son originalité, est justement qu'il ne s'intéresse pas aux braquages ou aux règlements de comptes, ou du moins il n'en n'apporte pas d'explications et élude volontairement ces actes là, alors même que certains faits peuvent apparaître importants pour la bonne compréhension de l'histoire. C'est ainsi très largement un film elliptique (on ne sait pas pourquoi le 1er frère se fait abattre, on ne sait pas pourquoi le trio tue les policiers, on ne sait rien du procès, on connaîtra seulement la répétition du témoignage puis l'issue du procès…), et il porte exclusivement sur les personnages du clan et leur psychologie devant la dramatique évolution de la situation.

Une découverte également : l'acteur Ben Mendelsohn qui m'a fait forte impression et qui joue à merveille son rôle de leader du clan et accessoirement de psychopathe.

C'est du tout bon et il mérite bien son 5/6 !