Ce Fuller là n'a pas la puissance et surtout le désespoir de Shock Corridor ou de Dressé pour tuer mais il s'agit quand même d'un film éminemment personnel.

En effet, l'ancien journalisté qu'était Fuller nous livre ici un élogé appuyé de la chose écrite, du journalisme,de la démocratie. Si l'action se situe à la fin du 19ème siècle, cette histoire d'un journaliste indépendant, Phineas Mitchell, qui après avoir créé son propre "canard", Le Globe, doit faire face aux intimidations de la concurrence, prend une résonance éminemment moderne. Surtout en 2011 où les médias appartiennent pour la plupart à de puissants industriels. Et où la déontologie est toujours aussi malmenée.

Le cinéaste a voulu filmer cette histoire qui lui tenait à coeur comme il l'entendait: en noir et blanc et avec des acteurs méconnus, à part peut-être Gene Evans, qu'on a revu dans d'autres films mais qui n'était pas non plus une immense star. La réussite est au rendez-vous: c'est sincère, rythmé et la mise en scène est souvent brillante. Mention spéciale pour l'actrice Mary Welch, qui incarne la supérieure puis adversaire de Phineas Mitchell, mais dont Park Row fut le seul film.

A la fois épique et didactique, Park Row fut hélàs un échec commercial, et ce, malgré son optimisme fondamental. On ne peut que saluer l'initiative des cinémas Actions qui viennent de rééditer ce film méconnu en salles.