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Forum : Le Chef de gare

Sujet : Train de vie...


De Gilou40, le 8 septembre 2011 à 19:24
Note du film : 6/6

On fouille dans un bac de dvd à prix réduits et la voix d'un bellâtre en mal de rencontres vous glisse à l'oreille :"- Prenez ça, Mademoiselle, vous ne le regretterez pas !-". Un faible pour les beaux ténébreux ? je ne sais pas. En tous cas, j'ai pris. Et comme il avait raison, le Tarzan. Il y a bien longtemps que je ne me suis retrouvée scotchée sur mon fauteuil devant un film si prenant. Un de ces instants magiques que l'on attendait pas…Thomas McCarthy en est le réalisateur. Inconnu au bataillon, Thomas. Mais désormais, quand je verrai son nom sur un générique, je m'en souviendrais.

C'est un film improbable où plane constamment l'incertain. Un film "lent" comme une immense hésitation. La rencontre nébuleuse de trois êtres aussi dissemblables que possible. Et justement, la magie de ce film, outre les magistrales compositions de ses trois acteurs centraux, est de nous prouver que tout est possible. Quelles que soient la couleur d'un passé, les apparences physiques, les douleurs indéracinables, les passions et les gouffres, tout peut se faire, se réaliser sans même que l'on s'y attende. Comment un nain, et non pas un homme de petite taille comme le voudrait cette pitié à deux balles, revenu de tout, pourrait-il tomber amoureux d'une femme superbe à jamais déracinée du réel par la mort de son enfant, via l'amitié d'un drôle de vendeur de hot-dogs, Italien diseur très éloquent. Le tout au milieu d'un nulle part américain. Le chef de gare va vous compter cela avec un brio, une virtuosité qui vous prend aux tripes jusqu'à la fin. Mais y a-t-il une fin ? Y a-t-il une fin à la solitude, à la fêlure éternelle, au Neverland, la terre du plus jamais ? "-Et se perdre vraiment, comme sur l'océan, les anciens voiliers…-"

Un enchantement de trois détresses si bien contenues. "- Il existe plus grand que le fond de l'océan. C'est le fond insondable d'une âme…-" disait Victor Hugo. Et nous voilà dans le monde d'un silence si douloureux… Tellement qu'il se pare de sourires, de complicité, de gestes tendres. Lentement, Thomas McCarthy met à nu ces trois "héros" déchus. La passion de la vie ferroviaire pour le premier est mise très vite en avant comme pour nous rappeler que nous ne sommes que le bruit de ces trains qui passent dans le soir tombant, façon Les portes de la nuit. Des trains qui vont, viennent et s'en vont comme une musique. Les trois protagonistes de l'histoire sont des trains qui se sont arrêtés. A cesser la musique… Peter Dinklage sera ce chef de gare, sublime de résignation. Patricia Clarkson transcendera sa douleur, sa fêlure éternelle avec le même talent, la même force que lorsqu'elle s'adressait à Michael Clarke Duncan en le traitant de "baiseur de vaches" dans La ligne verte. Bobby Cannavale, la mouche de ce coche fatigué, tentera briller de mille feux si vite éteints. Et pourtant, ils nous feront quand même sourire…C'est doux, lancinant, tendre, bouleversant. Ça pourrait être nous. Si nous ne prenons pas garde à la bonne vitesse de notre train…

Elle sera longue la route. Plus longue que ce film dont on voudrait que jamais il ne s'arrête…


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