Assez malin suspense en effet. L'explication du "double Dr. Harris" est ingénieuse, presque vraisemblable sur le coup. Il y a même un thème "philosophique" sous-jacent (et c'est un peu une couleuvre à avaler, mais sans elle il n'y aurait pas de film) : dans quelle mesure l'amnésie, en nous enlevant une part de nous-mêmes, nous guérit-elle de nos turpitudes morales ? On croise presque l'interrogation douloureuse de La pendaison !

Les interprètes, Liam Neeson en tête, sont bien braves, quoique j'ai du mal à me remettre du coup de vieux de Aidan Quinn. La confrontation Bruno Ganz / Frank Langella n'est pas piquée des vers. Certains moments de suspense – s'emparer des ciseaux dans la poche de l'infirmière, tâtonner à la recherche de la bombe à travers le mur défoncé – sont vraiment efficaces.

Par contre, bien que spectateur (trop) peu esthétisant, je commence à m'interroger sur ce choix, qu'on trouve il me semble dans beaucoup de productions européennes récentes, de cette palette systématiquement assombrie où les gris et les bleus semblent régner en seuls maîtres. Je commence à trouver que ça manque de lumière, comme si on était toujours à l'aube ou au crépuscule… Mais bon, ces histoires picturales ne sont guère mon forte, alors ce que j'en dis…