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Sujet : Le jazz ouvert dans la nuit...


De vincentp, le 10 juillet 2011 à 23:07
Note du film : 5/6

Le jazz, d'ailleurs… 1958, c'est sans doute son apogée, son installation dans le paysage artistique, avant qu'il soit segmenté, confiné comme de la musique de spécialistes, d'amateurs, sans rapport avec la musique qu'on entend partout. Ses notes désolées, macabres, cruelles ont celles de la modernité et de l'indifférence…

Le jazz descend du blues traditionnel (il est à un certain moment difficile de faire la différence entre les deux), mais n'a pas arrêté d'évoluer. D'une musique faite par des noirs américains, il est devenu un mode d'expression plus large, universel, qui opère même des liaisons avec de la musique sacrée (Jan Garbarek), par exemple (quitte à choquer les puristes). Comme le cinéma, il revet aujourd'hui des formes très variées. Mais Alholg, grand spécialiste du sujet, nous en dira peut-être plus, à son retour de vacances.


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De Impétueux, le 11 juillet 2011 à 10:28
Note du film : 6/6

Je ne suis pas beaucoup plus amateur de jazz que du reste de la musique, que je prends comme un indispensable accompagnement de films, mais jamais comme un plaisir en soi.

C'est dire que je n'y connais rien. Mais je fais simplement remarquer que les années Quarante à Soixante, aux yeux de l'observateur extérieur, guère concerné, ont été celles où le jazz est entré dans le quotidien, où il n'était pas auparavant, où il n'est plus depuis.

Les improvisations du quintette inspiré de Miles Davis s'harmonisent parfaitement bien avec le regard moderniste que pose Malle sur Paris et dont il explique le choix dans un des suppléments du DVD : volonté de ne pas sanctuariser la Ville, de ne pas en donner une image touristique, tout en lui laissant son battement de capitale ; choix d'un immeuble de verre, d'aluminium et de béton, passages sur l'autoroute de l'Ouest (la seule en France, à l'époque), bout d'intrigue dans un motel (que la production a dû dénicher en Normandie, parce qu'il n'y en avait pas en Ile-de-France), utilisation d'un appareil de photo Minox.

C'est admirablement et heureusement daté ; et le jazz de Miles Davis n'y est pas pour rien !


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De vincentp, le 11 juillet 2011 à 13:58
Note du film : 5/6

Je ne suis pas un spécialiste de cette musique, mais apprécie tout aussi bien Beverly Kenney (chanteuse "blanche" des années 50, adulée aujourd'hui au Japon, et qui s'est tragiquement suicidée en 1960 à l'âge de 28 ans), que le québecois Erik Mongrain (jazz contemporain).


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De Gilou40, le 11 juillet 2011 à 16:48
Note du film : 6/6

Le jazz est, par essence, une expression populaire.. A New Orleans, sûrement. Pas chez nous. Et ce que vous entendez les soirs de fête de la musique est au jazz ce que Guy des Cars est à la littérature ! Le véritable (autant dire le bon) jazz ne saurait se faire bien entendre dans le capharnaüm et le boucan de ce genre de festivités. Le jazz, en France, reste une musique intimiste, avec ses codes, ses artisans magiques et ses connaisseurs. De plus, dans Ascenseur pour l'échafaud, Miles Davis a recours au Cool Jazz, qui débarqua dans les années cinquante sous la houlette, entres autres de Gerry Mulligan ou encore John Aaron Lewis. Un jazz inclassable, débarrassé de l'hystérie de base Nouvelle-Orléans, et dont Chet Baker fut un des plus dignes représentants. Louis Malle a désiré accompagner son film d'un Jazz Blanc, sans aucune notion de racisme mais parce que le Cool jazz est interprété de façon très générale par des musiciens blancs. Le jazz New-Orléans original appartenant et formidablement bien défendu à la source par le peuple noir. Le Jazz est la seule discipline où noirs et blancs se marient sans l'ombre d'une hésitation. Le Jazz ne connait pas l'apartheid.

Impétueux : la musique, que je prends comme un indispensable accompagnement de films, mais jamais comme un plaisir en soi.. Vous me faites peur….


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De Impétueux, le 11 juillet 2011 à 18:02
Note du film : 6/6

Sauf à dire, ainsi que le fait plaisamment Gilou40 que le Tout et le N'importe quoi sont musiques populaires célébrées les soirs de fête (les bals des Pompiers du 14 juillet y compris), je maintiens que musique classique ou musique classique de jazz sont aujourd'hui confinées dans des cénacles.

Ce qu'elles n'étaient pas jadis et naguère ; il paraît que quelques semaines après la Première de Carmen de Georges Bizet, la France entière chantait Sur les remparts de Séville ; et, pour avoir bien longtemps vécu, je me rappelle les succès de premier plan non seulement de la musique assez facile de Sidney Bechet, mais aussi de celle des Jazz messengers ; la célèbre Blue march était d'ailleurs l'indicatif de l'émission Pour ceux qui aiment le jazz, diffusée quotidiennement à une heure de grande écoute sur Europe n°1. Quelle grande radio généraliste oserait ça aujourd'hui…

Mais bon ; il s'agissait de parler d'Ascenseur pour l'échafaud, je rappelle…


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De vincentp, le 11 juillet 2011 à 21:10
Note du film : 5/6

Ceci s'explique plutôt par le fait que le cinéma et la musique (mais bien d'autres disciplines) sont aujourd'hui segmentés au possible. Il y avait jadis une chaine de télévision : combien y-en-a-t-il aujourd'hui ? Il y a une vision populaire du jazz, au contact de la musique contemporaine et d'un public ciblé. C'est tout à son honneur. Mais il y a aussi à une autre extrémité le jazz plutôt select que j'ai écouté à plusieurs reprises à l'hôtel Méridien de Paris, club Lionel Hampton.


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De Impétueux, le 11 juillet 2011 à 23:13
Note du film : 6/6

En 1981, au moment de l'ouverture de la bande FM à de multiples radios qui, aujourd'hui, segmentent le public, le jazz classique avait déjà depuis longtemps disparu des radios ; sa durée de vie a été finalement assez courte : une trentaine d'années. Je pense qu'il s'est ensuite perdu dans des recherches trop sophistiquées, comme la musique classique s'est égarée dans le sériel et le dodécaphonisme…

Mais si nous revenons au cinéma ?


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De vincentp, le 11 juillet 2011 à 23:40
Note du film : 5/6

"Je pense qu'il s'est ensuite perdu dans des recherches trop sophistiquées"

Il s'est renouvelé, tout simplement ! C'est amusant de vous lire quand on écoute très régulièrement du jazz contemporain !

Officium de Garbarek : un million de disques vendus.

Consultez le catalogue de ECM, un des meilleurs labels au monde.

http://www.ecmrecords.com/About_ECM/History/index.php?rubchooser=103&mainrubchooser=1


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De vincentp, le 12 juillet 2011 à 09:39
Note du film : 5/6

A la décharge de Impétueux, j'ai offert un disque de ECM à ma cinéphile de mère (de la même génération que Impétueux). Commentaire de l'intéressée : "il est débile, ton disque !". Par contre, elle a énormément apprécié "Officium" de Garbarek et The Hilliard ensemble.

Mais soyons tolérants, et n'envoyons pas Impétueux prendre l'Ascenseur pour l'échafaud pour ses opinions divergentes !


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De Impétueux, le 12 juillet 2011 à 11:58
Note du film : 6/6

Que c'est ennuyeux de n'être pas compris et de vous voir la bave aux lèvres AlHolg !!! Qui dit que le jazz, qui ne me préoccupe pas le moins du monde, par ailleurs, a disparu ? Je prétends qu'il s'est confiné ; et, de fait, vous citez des stations spécialisées, du type TSF (ou FIP, le soir, ce qui va tout à fait dans le sens de ma thèse. Comme il y a pour le classique, France-Musique ou Radio Classique.

Ce que j'ai dit, pas plus, pas moins hasardeusement que beaucoup, c'est que cette musique, tout en ayant un grand nombre d'amateurs, voire de passionnés, s'est rétractée sur des segments particuliers, alors que, de mon jeune temps, elle ne l'était pas…

Ah ! Et pour votre gouverne, et puisque votre bile doit me concerner, je ne fais pas du tout partie du personnel politique ; Dieu m'en préserve, je n'ai jamais été tenté par l'élection ! Et qu'est-ce que ça a à voir ?

Vous ne voulez pas qu'on revienne à Ascenseur pour l'échafaud, dont, c'est au moins un de nos rares points communs désormais, nous apprécions la musique ?

Tiens, d'ailleurs, dans l'excellente édition du film, il y a dans les suppléments, une curieuse et intéressante expérimentation : des extraits de trois des premiers films de Louis Malle présentés avec leur musique originale, Brahms pour Les amants, Miles Davis pour Ascenseur, donc, et Satie pour Le feu follet. Et l'expérimentation consiste à inverser les musiques : c'est très curieux… et on est bien content que chacun des compositeurs soit à sa place.


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De Arca1943, le 12 juillet 2011 à 13:55

J'ai tendance à être plutôt d'accord avec Impétueux, sur ce coup. C'est-à-dire qu'il s'est effectivement produit une apogée du jazz quelque part à la fin des années 50, première moitié des années 60, du point de vue de sa diffusion, de sa popularité, de ses boîtes de nuit, de son usage au cinéma, de sa diffusioni à la radio… À une époque où les grands disques de jazz s'abattent en un véritable déluge, de Kind of Blue, Mingus Ah Um, Time Out, The Incredible Jazz Guitar, A Love Supreme (qui est le sommet évidemment), Speak no Evil… jusqu'au "hit surprise" de Getz & Gilberto qui fait le tour du monde vers le milieu des années soixante (prouvant que le jazz pouvait encore compétitionner avec les Beatles!), le jazz a un impact et un public qui s'étend bien au-delà des "amateurs éclairés". Mais c'est comme pour les films de sabre, à la même époque, quoi : à mesure qu'il devient plus sophistiqué, plus savant, plus novateur, le public populaire commence à s'en détourner et à préférer le rock/les films de yakuzas.

Enfin ce que j'en dis. D'autant que la polémique s'est poursuivie pendant que j'écrivais ce message, dites donc.


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De vincentp, le 12 juillet 2011 à 13:55
Note du film : 5/6

Je prône l'apaisement du débat entre Pline l'ancien et Pline le jeune, sous le regard de Appolon, dieu romain de la musique… Pas de coup bas, ni d'attaques personnelles, messieurs : le débat en cours concerne la place du jazz dans la société contemporaine.


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De Gilou40, le 12 juillet 2011 à 13:56
Note du film : 6/6

Et puis qu'est ce que ça peut faire que le Jazz se "confine" ou pas ? Dans tous les domaines, la modernité nous permet aujourd'hui d'assouvir la presque totalité de nos passions. Musique, ciné, théâtre, littérature, et j'en passe. Internet est souvent montré du doigt et sujet à bien des réprimandes, mais c'est quand même l'outil de référence pour remettre au goût du jour l'ancien, le disparu, le rare. Chacun y trouve son compte. Celà étant, c'est vrai qu'il existe moults stations qui font la part belle au bon Jazz. Et si on veut partager son plaisir, on se rend au Petit Journal oû on pratique, me suis-je laissée dire, un Jazz de très bonne qualité …


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De vincentp, le 12 juillet 2011 à 14:46
Note du film : 5/6

Arca, un art ne peut plus venir à vous et remplir l'espace public. C'est à vous de faire la démarche en sens inverse (au moins en partie). On pourrait établir une analogie entre le jazz et la musique pop/rock qui a connu une explosion à partir des années 1965, puis qui s'est renouvelée par la suite. Allez dans un magasin de musique et constatez l'étendue des bacs : il y a un foisonnement de genres et de tendances. Aucun courant musical n'est plus en mesure de s'imposer aujourd'hui dans la société.

Ma conclusion est la suivante : le jazz ne s'est pas marginalisé, il s'est simplement fondu dans un nouvel environnement, à la fois mondialisé et global, mais aussi compartimenté. On ne peut pas porter un jugement aujourd'hui sur l'état d'un art à travers le prisme des années 50 ou 60 (ce que fait Impétueux, ci-dessus).


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De vincentp, le 27 août 2012 à 21:17
Note du film : 5/6

Pour ceux qui aiment le jazz vocal, je signale la réédition le 22 août 2012 de trois albums CD de Beverly Kenney (édition japonaise 24 bits). On peut commander ces disques sur e-bay ou amazon. La FNAC devrait les commercialiser également.

Beverly Kenney (29/01/1932 – 13/04/1960) : un timbre de voix magnifique, plus aigu que ses consoeurs du jazz vocal comme Billie Holyday ou Nina Simone.

On peut voir sur e-bay la côte actuelle d'albums vinyls de Beverly Kenney : plus de 300 euros…

A lire : ci-dessous un lien vers un article de Telerama consacré à Kenney http://www.telerama.fr/musique/beverly-kenney-1,74648.php

Comme le fait remarquer le journaliste qui a écrit cet article, "elle avait cette chose qui ne s'achète ni ne se discute et qu'on appelle faute de mieux la grâce".


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De vincentp, le 15 septembre 2012 à 21:13
Note du film : 5/6

J'ai dégoté aujourd'hui les deux disques indiqués ci-dessus dans la FNAC Etoile, à Paris, pour 10 euros 68 centimes pièces, en provenance directe du Japon. Très peu connu mais MAGNIFIQUE ! Un peu de prosélytisme pour une bonne cause !


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