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Forum : Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages

Sujet : Bonne surprise ?


De Gilou40, le 9 mai 2011 à 23:58
Note du film : 4/6

"-J'ai fait 80 films et j'ai vu tellement d'imbéciles derrière la caméra que je me suis dit : Pourquoi pas moi ?-"

Mais quel bonheur ce film ! Il y avait bien longtemps que je n'avais été aussi agréablement surprise. Surprise, c'est le mot. Parce qu'une mise en scène aussi n'importe quoi, c'est rare. C'est rare et ça fonctionne à merveille ! Surprise parce que rien, mais absolument rien aujourd'hui, pourrait nous faire penser à une œuvre, même désuète, du même acabit. Surprise encore parce que des tronches chères à Grangier, Lautner, Becker ou Molinaro se retrouvent dans ce capharnaüm et semblent s'offrir une récréation du feu de Dieu !

Une chose est claire d'emblée : Audiard n'est pas un cinéaste. Tant mieux parce que qu'est ce que c'est bon ce grand foutoir. Ça part dans tous les sens. C'est coloré très cru années 70. Il avait raison Sardou qui chantait : Le cinéma d'Audiard. …, un dialogue au comptoir, des mots qu'on aimait aller voir ! Ce film, c'est avant tout des répliques hilarantes dans la bouche de grands garnements qui se détendent après bien des aventures plus sérieuses et largement moins délirantes. Car même si on a vu Françoise Rosay en noir et blanc dans des rôles de scélérate au verbe haut dans Le cave se rebiffe ou encore La métamorphose des cloportes, n'oublions pas qu'elle fut Jenny avec Carné, l'Impératrice Catherine dans Le joueur d'échecs ou encore Mme André dans Carnet de bal. Elle n'a pas toujours fait dans la galéjade, Françoise Rosay. Et là, très clairement elle se détend. C'est du pas sérieux et tous sont en récréation ! Car je pourrais tenir le même discours pour tous les autres acteurs du films. La fausse candeur de Marlène Jobert tourne à plein régime devant le vécu de sa "tantine", la vielle buse, Rosay. Alchimie que seul un vieux vétéran des années noir et blanc castagne pouvait sentir et nous offrir sur un plateau.

Une récréation salutaire pour nos nerfs, peut-être pas pour la critique de l'époque. Je ne sais pas si Audiard passant à la réalisation fut bien accueilli. On dit que le Général de Gaulle en personne aurait fait allusion à ce film au cours d'une de ses conférences de presse pendant les évènements de Mai 68…En tous cas, ce film est le baume idéal quand le besoin de se vider la tête se fait ressentir. Tout ce petit monde se ment, s'assassine un p'tit peu comme dit Blier, se vole . Et le tout enrobé de réparties magnifiques :
"- Charles, mon ami, je ne peux pas te donner l'argent aujourd'hui. Nous sommes Samedi et les banques sont fermées !-"
"- Mais chaque fois que t'es rentré dans une banque, elle était fermée !!-".

Le duo Rosay/Blier fonctionne à merveille. Ils ont été tous deux de la grande histoire du noir et blanc et, je le redis, pas toujours très drôle. Mais ils ont tenu des films entiers à bout de bras. Et la joie se devine sur leurs visages de jouer ensemble pour le meilleur (ou un des meilleurs) dialoguiste de l'époque !
"''- Regarde moi bien ! Tu m'as vu ? J'ai une tronche à me farcir 1500 bornes, une entrecôte Monteverdi, le fléchage du grand collecteur, tout ça pour me faire arnaquer par un petit boudin ??-"'' Que dire ? Qu'ajouter ?…

Des scènes absolument tordantes nous sont offertes avec quelques "cartons", genre films muets, afin que nous ne perdions pas le fil de l'histoire. Je ne saurai dire si Audiard a voulu faire un pied de nez à un nouveau cinéma qui s'installait alors. Ou désirait-il en terminer vraiment avec tous les Audiard qui avaient fait sa célébrité ? Je sais qu'il a récidivé avec Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause! que j'ai grandement apprécié mais qui se révèle moins drôle que celui-là. Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages ressemble à une auberge espagnole ou chacun vient trouver ce dont il a besoin sur le moment. Couleurs chatoyantes, langage inégalable, flinguage en tous genres, nostalgie hippie, gags, aberration, chansonnettes niaises (et on y entend pas Envoi de fleurs !!) et surtout ces bouilles qui ont fait notre bonheur en des années plus reculées et qui, là, ont l'air de nous offrir un dernier rappel, comme un vaccin avant la Nouvelle Vague qui les balaiera… Et puis l'âge aussi. Le grand Frankeur et son complice des jours crapuleux l'incontournable Dalban ont les cheveux bien blancs. Trop blancs . Et si ils "évoquent", comme c'est souvent le cas dans les films d'Audiard, on sent bien que l'heure est venue de passer à autre chose…

Et je me pose une question: Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages est il une BD ratée ou film qui a mal tourné ? Parce que par moments, et je ne sais si c'est voulu, on a l'impression de lire une bande dessinée , très colorée donc, et qui se mettait à bouger tout à coup…C'est très drôle, déjanté, vivant, jouissif ! C'est n'importe quoi mais revu et corrigé (très peu) par Audiard. Moi, je m'abonne !


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De fretyl, le 10 mai 2011 à 12:39
Note du film : 2/6

Je n'aime pas trop Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages. Trop brouillon, trop foutraque. En fait, on voit qu'il s'agit d'un premier film. D'accord Michel Audiard n'était pas un bon réalisateur, mais ses réalisations futures s'avèrent nettement mieux réalisés techniquement.
Hormis les dialogues, le jeu de Blier je ne retiens rien de bien mémorable. Le film me fait un peu penser, et vous avez raison Gilou de parler de Bande dessiné raté, à Fantasia chez les ploucs.

Non, je vous conseillerai Gilou d'essayer Le Cri du cormoran, le soir au-dessus des jonques ou Bons baisers… à lundi.
Mais surtout n'allez pas essayer Comment réussir… quand on est con et pleurnichard qui lui ferait passer Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages pour un chef d'œuvre.

Reste que ce film eu un écho mémorable lorsque le titre Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages fut en fait utilisé par le Général De Gaulle dans un de ses discours. De Gaulle dont j'ai lu quelque part qu'il détestait Audiard.


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De Arca1943, le 10 mai 2011 à 13:44

« Elle n'a pas toujours fait dans la galéjade, Françoise Rosay. »

Oh que non. Mais en ajoutant la "galéjade" à ses autres talents, elle a montré combien large était son registre : elle traverse le temps…

Dans le genre "pas galéjade du tout", je note par exemple que Françoise Rosay fut l'une des Femmes sans nom aux côtés de Simone Simon, Vivi Gioi, Irasema Dilian et Valentina Cortese, film que je me languis de voir un jour.


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De Impétueux, le 10 mai 2011 à 16:17
Note du film : 2/6

Sur Françoise Rosay, ne pas oublier qu'elle fut la friponne femme du bourgmestre de La kermesse héroïque de son mari Jacques Feyder ou la mère adoptive presque incestueuse du beau mélodrame Pension Mimosas du même…

Sur Michel Audiard réalisateur, que dire ? comme tous les amateurs de ses dialogues étincelants, je me suis précipité sur Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages, sorti en 1968, c'est-à-dire à une époque où les remugles de la Nouvelle vague empuantissaient encore le cinéma français et où un titre aussi cruellement franchouillard nous laissait espérer des merveilles de goguenardise.

C'est peu dire qu'à la sortie perçait un certain malaise et que nous étions tous cruellement gênés.

Nous avons repiqué au truc avec Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause! (peut-être le pire de tous), avec Le Cri du cormoran, le soir au-dessus des jonques, avec Le Drapeau noir flotte sur la marmite, avec Elle cause plus… elle flingue ; de l'Audiard cinéaste à haute dose : un film tous les ans ! Sans jamais accrocher et en espérant toujours que, le métier entrant, ça irait mieux. Et c'était pareil. Et nous qui défendions Grangier, Verneuil et La Patellière, nous n'osions plus trop élever la voix devant les sarcasmes que nous lançaient les thuriféraires de Bergman, Antonioni et Godard.

Contrairement à Frétyl, j'ai bien davantage apprécié Comment réussir… quand on est con et pleurnichard, avec un Carmet inspiré vendant du tord-boyaux et donnant en prime un carillon Westminster, et une Stéphane Audran belle comme tout.

Mais il est vrai que ça tirait à sa fin, et que la récréation était terminée…


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De Gilou40, le 10 mai 2011 à 17:20
Note du film : 4/6

C'est peu dire qu'à la sortie perçait un certain malaise et que nous étions tous cruellement gênés.

Mais vous vous attendiez à quoi, à l'époque ? Moi je dis que je fus agréablement surprise parce que je cherchais du déjanté, de la grosse balourdise, du "nettoie moi le ciboulot". Et que je pensais voir un vrai film Comique dans le sens le plus noble du terme. Et l'heureuse surprise vint du fait que ce grand n'importe quoi, ce fourre-tout désordonné au langage si drôle était en fait et pile-poil ce dont j'avais besoin ce soir là. Mais en 68, avec un titre pareil, vous attendiez quoi ? Un film genre Les tontons flingueurs ? Je ne comprends pas …Expliquez à Gilou (qui naissait peut-être à l'heure oû vous sortiez du cinoche -ah ! la vie !) s'iou plait…

Il y a un film (que je n'ai pas vu) avec Jean Yanne qui s'intitule : Êtes-vous fiancée à un marin grec ou à un pilote de ligne?. Je pense que ce doit être le même foutoir…Pour ce qui est de Comment réussir… quand on est con et pleurnichard, je m'apprêtais à dire à Frétyl que j'avais vu le film et que je m'étais régalé . Mais il est plus "construit" (si l'on peut dire) que "les canards"…


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De Impétueux, le 11 mai 2011 à 12:56
Note du film : 2/6

Mais vous vous attendiez à quoi, à l'époque ? demandez-vous, Gilou40… Eh bien précisément, on ne s'attendait pas à ça ! On s'attendait à un Audiard réalisateur de même intensité qu'Audiard dialoguiste ! Et je vous concède volontiers que c'était idiot et que , j'en conviens aussi, le titre cocasse aurait pu nous mettre sur la piste…

Alors je ne dis pas qu'aujourd'hui, dans leur patine d'époque et avec les quarante ans d'expérience accumulés, je ne devrais pas regarder ça avec le fin sourire complice du type à qui on ne la fait plus et qui sait apprécier des scénarios foutraques. C'est bien pour ça qu'il y a quelques temps je me suis projeté Elle cause plus… elle flingue trouvé pour trois francs six sous. Et ça ne s'est pas mieux passé…


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De Arca1943, le 20 mai 2013 à 04:29

Tout ce que vous dites là est vrai, Impétueux, vous êtes la voix de la Raison. Et pourtant, et pourtant… si jamais ces canards sauvages ou encore celui que j'ai toujours convoité Gabin dans Le drapeau noir flotte sur la marmite venait à passer à ma portée – je dis bien passer : je ne ferai pas moi-même de démarches en ce sens – s'il passait à ma portée, j'ai beau me douter fort qu'il s'agit de pochades foutraques (comme le Gruyère qui tue etc), je sais déjà que la voix de la Raison, en ce qui concerne, sera hélas réduite à un filet de voix presque inaudible et que je ne pourrai m'empêcher d'y jeter un coup d’œil !


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De Impétueux, le 20 mai 2013 à 10:07
Note du film : 2/6

Eh bien, ami Arca, je vais, sans grand peine vous faire l'aveu qu'hier soir, au lieu de regarder une émission sérieuse ou prétendue telle (du type Les coulisses des cohabitations politiques), en zapettant, je suis arrivé sur ce film d'Audiard et… je l'ai regardé jusqu'au bout, avec un œil amusé et sympathique.

Il faut dire que le bougre savait capter l'attention (de l’œil, précisément) puisque la première séquence présente la gracieuse anatomie de Mlle Marlène Jobert en pur état de complète innocence et que la charmante enfant n'est par la suite pas avare de révélations similaires sur ses charmes…

Mais Gilou40 n'a pas tort du tout dans son commentaire : on n'en refait plus, des comme ça ! Et voir Bernard Blier, André Pousse, Françoise Rosay dans un gigantesque foutoir souvent drôle, ça vaut la peine.

J'étais tout prêt de relever ma note jusqu'à la moyenne (et, qui sait ?, un peu davantage) mais le dernier tiers du film ne tient plus la route du tout… Sur une heure, ça aurait été une farce brillante…


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