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Sujet : Droit au coeur ?


De Raziel, le 11 juillet 2004 à 20:56

un film émouvant, particulier, qui va droit au coeur! on ne se remet pas facilement d'une séance d'Arizona Dream avec un Johnny Depp très persuasif!


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De urspoller, le 6 avril 2008 à 12:47

Je partage ton avis, j'ai du mal aussi à accrocher au style désordonné du cinéaste. Cet hourvari permanent est aux antipodes d'un réalisateur comme John Ford !


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De Impétueux, le 6 mai 2008 à 18:18
Note du film : 2/6

Ah oui, Urspoller, je partage cent fois l'avis de Monella ; quoi qu'on pense de Kusturica – à qui, j'en conviens très volontiers, on puisse ne pas être sensible -, quoi qu'on pense d'Arizona dream – qui n'est pas, et de très loin !, son meilleur film, ainsi que le dit Vincentp -, on a du mal à vous suivre.

Qu'il y ait, dans le cinéma actuel, ce que vous dénoncez justement sous la formule d'ersatz engendrés par une sous-culture standardisée, nous en sommes bien d'accord. Mais que vous rangiez dans ce tiroir des films réalisés en serbo-croate, avec une outrance torrentueuse par un Slave du Sud nostalgique de la Youigoslavie, me laisse assez sidéré…


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De silverfox, le 6 mai 2008 à 18:57

Kusturica est quand meme un personnage ambigu (voir ses interviews) car il est un indecrottable nationaliste (meme dans ces films : La vie est un miracle) et oppose de fait a la scission de la grande Yougoslavie mais il nous serine les oreilles avec des notions de liberte quand il evoque les tsiganes, peuple symbole selon lui de la liberte. Mais, lorsqu'il participe à des manifestations serbes contre l'indépendance du Kosovo au cours de cette annee civile, j'aimerai qu'on me dise ou est la liberte dans cette demarche.

Kusturica est comme nos bo-bo parisiens qui achetent du cafe au commerce equitable pour se donner bonne conscience et agir pour le quart-monde par ce biais, alors qu'ils ne cessent de se regarder le nombril.

La liberte de Kusturica n'est pas celle que j'ai defendu quand a 18 ans j'ai participe a la liberation de Paris avec mes camarades. A 85 ans, je ne suis plus ce que j'ai ete mais comme dirait l'autre j'ai toujours ete droit dans mes bottes sans pour autant delivrer des messages de paix et d'amitie d'un cote alors que de l'autre j'agissais autrement.

Kusturica est un cineaste de qualite (du point de vue esthetique et poetique) mais un homme peu recommandable. L'etendard ne se galvaude pas. Car la frontiere entre le cinema et la politique est tenue chez Kusturica, donc permettez-moi de vous mettre tous dos a dos et de preferer Renoir.

Pour le debat sur la culture actuelle, je prefere l'occulter car maintenant que vous connaissez mon age, j'ai peur de passer pour un vieux debrit ignare et nostalgique de ses jeunes annees.


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De Impétueux, le 6 mai 2008 à 22:30
Note du film : 2/6

Nous avons ici, dix mille fois, ici et là, tenu le débat sur les hommes et les œuvres ; libre à vous, silverfox de ne pas apprécier les points de vue de Kusturica, mais la seule cause qui vaille, sur un site de cinéma est de se poser la question de la qualité artistique de l'œuvre. On peut détester de toutes ses forces les idéologies antagonistes et parallèles qui sous-tendent les films de Eisenstein et de Leni Riefenstahl, par exemple (pour aller assez loin dans ces domaines) et admirer profondément leur talent.

Pour ma part, inconditionnel gaulliste et tout autant inconditionnel de la cause serbe, je vois en Kusturica non pas, comme vous l'indiquez, un thuriféraire du terroir slave cher à Tito ou aux Oustachis, mais un nostalgique d'un pays où six peuples différents vivaient en (relative) intelligence ; par rapport à ce qui s'est passé ensuite (voir La vie est un miracle), ce n'était pas une ambition médiocre.

Ah ! Au fait : on voit mal ce que vous voulez dire en accolant Tito et Oustachis ; les Oustachis d'Ante Pavelic furent les collaborateurs des Nazis, Tito leur exact opposant ; et c'est en écrasant à la fois les Oustachis croates et les Tchetniks royalistes serbes qu'il parvint à préserver cette fragile unité


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De Torgnole, le 6 mai 2008 à 22:58

Siverfox, j'ai du mal à croire que vous ayez 85 ans, mais admettons, moi qui suis un jeune con, je suis un grand admirateur de Kusturica et à l'inverse d'Impétueux, même si je rejoins sans hésiter son clan des pro-Emir, je n'arrive pas à comprendre comment on peut être insensible au cinéma de Kusturica. C'est vivant, ça grouille, c'est bourré d'humour, de poésie, d'émotion, de musique, c'est rythmé, fluide, ingénieux, jamais ennuyeux. Mais tous ces adjectifs sont bien fades et ne veulent rien dire comparé à l'univers indescriptible de Mossieur Kusturica. Et comment pouvez vous juger quelqu'un en deux phrases sur sa vie et ses actions, là c'est moi qui vous trouve vulgaire et vous collez parfaitement à l'image de vieux con que vous voulez bien vous donner à défaut d'avoir la sagesse requise à l'âge que vous prétendez avoir. Quand aux autres qui affirment sans honte qu'ils n'arrivent pas à tenir devant un film de ce réalisateur génial, je les plains de rester béat devant Hitchcock et concors, enfermés dans leurs analyses froides d'étudiant qui ont oublié que certaines oeuvres n'ont pas besoin de "lectures" pour être appréciées. Et que les films peuvent parfois être vu comme de simples divertissements et appréciés sur l'instant présent.


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De monella, le 7 mai 2008 à 12:40

"Et que les films peuvent parfois être vu comme de simples divertissements et appréciés sur l'instant présent." Je suis tout a fait d'accord avec vous sur ce point Torgnole, toujours est il que les films de Kusturica donnent doublement tort aux vieux cons (ehe) puisque par exemple underground est bien plus qu'un simple divertissement, et fascine étudiants en cinéma et philosophes de tous poils. Ensuite Silverfox c'est mal connaitre Kusturica que de le comparer aux bobos parisiens, (mais on en mets bien des choses sur le dos de ces bobos la!!) puisqu'il n'est pas du genre a se donner bonne conscience, loin s'en faut. Et je ne vois pas ce que le fait d'avoir libéré Paris avec vos camarades vient faire la dedans, c'est une autre Histoire, vous êtes un héros, oui, surement, Kusturica n'en est pas un, d'ailleur, il n'y a pas de Héros dans ses films et c'est pour ca que je les aime.

Sinon je vais donner raison a Alakazam, à propos de "in the deathcar" j'adore l'originale de Bijelo Dugme mais la reprise de Iggy Pop est tout simplement géniale.


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De Torgnole, le 7 mai 2008 à 15:28

"underground est bien plus qu'un simple divertissement, et fascine étudiants en cinéma et philosophes de tous poils"

Et bien tant mieux, vous avez parfaitement raison Monella, c'est évident qu' "Underground" est une oeuvre d'une rare densité qui allie avec brio divertissement et reflexion. A croire que quand un film est amusant, c'est pour certains un gage de nullité et de manque de richesse intellectuelle. Comme si un film devait être froid, chiant ou daté de plus de 50 ans pour rentrer dans la catégorie: film intelligent, voire dans la catégorie "chef d'oeuvre". C'est con mais c'est parfois l'impression que j'ai quand je vois certains commentaires.


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De droudrou, le 7 mai 2008 à 21:22

Pas du tout ! Dans les films récents, il y en a une quantité incroyable qui touchent à toutes sortes de sujets et que je me pose la question de savoir, d'une part, comment faire pour les voir tous (je rappelle que j'habite loin de toute grande ville universitaire où les ouvertures sont nécessaires) et, d'autre part, comment faire parce qu'il va falloir faire un choix dans les investissements en dvd ! – Il y a longtemps que je n'avais vu une telle quantité de films de qualités qui se rapportent à l'histoire de notre civilisation et tous les problèmes qu'elle engendre !

Et ce que j'écris là est sincère ! Et très loin de tous les états d'âme auxquels certains nous obligent et qui commencent sérieusement à (censuré) tout un chacun !


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De droudrou, le 7 mai 2008 à 21:51

Freddie : tu n'oublieras pas que la vie est une succession de générations ! ce qui veut dire que, non seulement, nous sommes mortels chacun notre tour et que nous laissons une place derrière nous ! – Alors, tu arrêtes vite fait ton mauvais cinéma ! -


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De jolem, le 7 mai 2008 à 21:55

En tout cas, je remercie chaleureusement le brave nasique qui a censuré mon message qui devait menacer sérieusement la morale de ce site. Voilà; lorsqu'on apporte de la contradiction, on est effacé comme une rature avec une gomme. Une marque de grand courage que voilà. Et dire que ces messieurs se targuent d'avoir reçu une bonne éducation. Vous êtes Petit, Tout Petit, étriqués comme un obèse vêtu d'un calbut taille 36.


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De Impétueux, le 7 mai 2008 à 23:24
Note du film : 2/6

Mon Dieu, Jolem que c'est bête et parcellaire d'écrire Ce site regorge de vieux imbus de leur savoir qui se rengorgeNT de leurs écrits ennuyeux et pompeux comme leurs films des années 50 !

Comme si l'admiration que l'on peut avoir pour les films, l'amour qu'on peut avoir du cinéma ne devait être que datée ! Comme si l'on devait être de son temps, en écartant tous les autres, alors qu'on devrait être de tous les temps !

Comme si on ne pouvait pas, dans un même goût, célébrer Eisenstein et Lucas Belvaux, Julien Duvivier et Gaspar Noë ! Pourquoi ne pas essayer de voir, au milieu des évidentes évolutions de l'image, du son, des mœurs et des langages, l'évidence de la constance de la nature humaine !

Il est tout aussi évident que notre âge, notre formation, notre histoire personnelle nous poussent à donner un regard un peu plus acéré envers tel genre, telle époque, tel style, tel réalisateur ; mais s'enfermer dans son époque, se confiner à sa propre modernité, c'est avoir l'assurance qu'on ne deviendra jamais un vieux con – comme je m'honore de l'être, du haut de mes soixante ans, mais qu'on restera toute sa vie un petit con .

Etes-vous candidat à ce titre-là, vous qui semblez considérer qu'au delà de quatre ou cinq mots, au meilleur desquels vous classez bite et chier, on n'est qu'une vieillerie méprisable ?

Ce n'est pas mépriser les autres, c'est être simplement exigeant pour tous, que de souhaiter une expression claire et une orthographe correcte, un vocabulaire dense et une syntaxe autre que basique…

D'ailleurs, je suis sûr que vous en êtes capable, quand vous ne jouez pas aux Besancenot cinéphage…

Ah ! Une précision stylistique : on n'écrit pas Autant pour moi, qui n'est pas du français, mais Au temps pour moi, qui est une expression d'équitation passée dans le langage commun ; reportez vous à quelque dictionnaire des difficultés de la langue que vous souhaiterez…


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De monella, le 7 mai 2008 à 23:43

"Je kiffe grave" ou "c'est de la daube" "? Merci Freddie pour cette délicate analyse de la réthorique de ma génération. je ne crois pas que Jolem voulait dire qu'il ne faut plus rien analyser mais plutot critiquer "l'ultracélébralisation" de certains membres et leur mépris face à des films aux ambitions disons plus modestes ou simplement divertissants ou tout simplement récents, dans le cas de certains extrémistes (rares, HEUREUSEMENT!)…

On y peut rien on est jeunes, fougueux, on aime les émotions directes et primitives, alors on préfère Kusturica à Godard et Caravage a De Vinci…

Et vous avez raison Impétueux, un cinéphile engoncé dans son époque n'est pas un cinéphile. Alors sachons aimer a la fois Pierre Fresnay et Johnny Depp (qui sont beaucoup plus séduisants qu'Anouk Aimée).


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De Torgnole, le 8 mai 2008 à 12:03

Surtout que je suis sur que Freddy D, de moins en moins frais d'idées, n'est pas plus vieux que Jolem ou moi. C'est un Djeun refoulé qui joue à l'adulte et qui s'invente des goûts prestigieux. Pour preuve, ses critiques merdiques. Arf! Humour Freddy! fait risette à tonton!


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De jolem, le 8 mai 2008 à 18:22

vous qui semblez considérer qu'au delà de quatre ou cinq mots, au meilleur desquels vous classez bite et chier, on n'est qu'une vieillerie méprisable ?

Impétueux, vous travaillez du cigare. Ai-je une fois utiliser les mots que vous me prêtez ? Je ne nie pas avoir osé quelques provocations pour mettre un coup de pied dans cette fourmilière qui a tendance a se scléroser.

Je ne vois pas non plus ce qui vous a poussé à me comparer à un Besancenot cinéphage ? Vous ai-je affublé du doux sobriquet de Berlusconi en robe de bure ? Pourtant, ça vous irez pas mal, en rapport aux idées, aux provocations et au caractère emporté.

Et puis, s'il vous plait d'éradiquer les post qui vous éreintent sans que la direction ne réagisse, c'est que ce site est aux mains de shériffs aux idées courtes peu portés sur la contradiction… Un peu comme à l'époque de Vichy.

Je lance à ce sujet un appel à la rédaction du site pour nommer un nouveau modérateur qui ferait le pendant des modérateurs-censureurs actuels. Je pense (eh oui, ça m'arrive) qu'une jeune monella aurait le profil requis.


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De Arca1943, le 8 mai 2008 à 20:03

« Je trouve comme lui que certains ( il n'y a pas que vous ) utilisent un peu trop leur savoir par rapport à d'autres. »

Phénomène connu aussi sous le nom de nivellement par le bas. On ne va tout de même pas se mettre à promouvoir l'ignorance, non ?


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De Freddie D., le 8 mai 2008 à 20:15

Il y a peut-être d'autres sites plus abordables, pour ça…

Il n'est vraiment pas question de conflits de générations, mais de tolérance. Si certains messages passent au-dessus de la tête de certains, qu'ils ne s'en occupent pas et se concentrent sur ceux qui leur parlent ! On ne peut pas s'entendre avec tout le monde. Pourquoi s'invectiver, se mépriser, se balancer des sarcasmes idiots ? J'attends impatiemment q'un message de nos juvéniles camarades me fasse gamberger, me fasse sourire, me donne envie de voir un film, de me refaire une opinion… Hélas, on en est bien loin, en ce moment. Et je ne crois pas que ce que j'écris là, Droudrou, soit du "mauvais cinéma".


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De Impétueux, le 9 mai 2008 à 13:43
Note du film : 2/6

Jolem, vous n'avez pas utilisé bite et chier dans vos messages ? Y compris dans la partie censurée (non pas de mon fait, au demeurant, je crois) ? Vous n'avez pas écrit cela ? Je vous en donne acte, bien volontiers.

Mais j'admets moins facilement ce ton totalement empreint d'une sorte de haine de l'âge, qui n'est vraiment opportune ni sur le fond, ni sur la forme.

Sauf à considérer que tout le cinéma est né avec vous, vos propres goûts et votre propre vision du monde,mais que vous le vouliez ou non, de toute façon, des milliers de films de tous les temps et de tous les pays sont là, trésors superbes et – pour la plupart, à vous lire – ignorés de vous. C'est votre affaire.

Cela dit, comme le dit très opportunément Freddie D, si, dans le désordre, pour tel et tel film, le genre considéré, le noir et blanc, la date de sortie, le style du réalisateur, la forme du récit, la technique vous déplaisent, pourquoi allez-vous y mettre votre nez ?

Si les nanards des Années Cinquante, dont je fais mon miel, vous paraissent atterrants (je ne suis pas loin, souvent, d'avoir le même avis, mais c'est une autre histoire), n'allez pas me lire ! Si le cinéma italien vous débecte, n'ouvrez aucun message d'Arca ; si les savantes interventions de vulgarisation technique d'Azurlys vous paraissent trop longues, sautez-les. Demeurez bien confiné dans votre ressenti de l'immédiat, sans jamais relier les films entre eux, sans jamais établir de rapports entre différents réalisateurs, sans, comme y excellait Gaulhenrix, analyser une séquence significative, sans réfléchir jamais à quoi que ce soit ; là encore, c'est votre affaire… Après tout, je laisse bien des tas d'amis de DVD Toile commenter les films japonais, qui ne m'intéressent pas.

Ah ! Berlusconi, moi, sûrement pas ! Je suis trop colbertiste (au cas probable où vous l'ignoreriez, ce mot désigne la politique économique suivie par Colbert, contrôleur général des Finances de Louis XIV -1638/1643/1715) et gaulliste pour être libéral !

Mais vous, Besancenot, ça ne me surprendrait pas. Vraiment pas.


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De Impétueux, le 16 octobre 2011 à 12:50
Note du film : 2/6

Le fil de discussion initial de ce film étant composé de 32 messages, dont une très grande majorité n'a absolument rien à voir avec le sujet (y compris nombre de mes propres interventions), je crois préférable d'ouvrir une nouvelle fenêtre qui, je l'espère, et si elle donne lieu à conversations, ne sera pas trop dénuée de rapports avec Arizona dream.

J'ai trop souvent, ici, défendu, flamberge au vent et étendard déployé, le cinéma de Kusturica pour ne pas m'arroger le droit de dire tout le mal que je pense de cet étrange machin qui me semble très extérieur à l'œuvre du réalisateur, bien qu'on puisse juger qu'il en présente, superficiellement, toutes les apparences, et même tous les tics (par exemple la constance de la présence d'animaux, ici poissons, chiens de traîneaux, porcelet, tortues), que le jeu des acteurs soit, comme de coutume, survitaminé, que la musique soit de Goran Bregovic et qu'on y trouve, ici et là, ces images étranges et magnifiques qui fascinent tant dans d'autres réalisations (ici les limousines présentées sur des sortes de pilotis, l'embrasement final de l'arbre devant qui ondoie le poisson volant, par exemple).

Après avoir reçu, au festival de Cannes, la Palme d'or pour Papa est en voyage d'affaires et le prix de la mise en scène pour Le temps des gitans, Kusturica est sollicité pour tourner un film aux États-Unis. Je suppose que ce genre d'apparente aubaine ne se refuse pas souvent, surtout si la distribution comporte des vedettes de première magnitude, comme Faye Dunaway et Johnny Depp ou une momie célèbre, comme Jerry Lewis.

Le premier malheur est que le film, conçu en 90-91 se tourne aux pires moments du conflit dans les territoires de l'ex-Yougoslavie, : la Bosnie-Herzégovine proclame unilatéralement son indépendance en octobre 91 et cette autoproclamation est bizarrement reconnue par les États-Unis et l'Europe en avril 92. Dès lors la guerre civile éclate, les massacres commencent, les déplacements de population prennent de l'ampleur. On peut comprendre que les déchirements d'un pays si singulier, mais à qui Kusturica était fondamentalement attaché, les craintes pour les siens, l'écroulement des illusions d'un destin collectif aient profondément perturbé le cinéaste.

Mais tout autant, précisément, on peut se demander si la transposition des merveilleuses folies balkaniques dans un Arizona sans histoire ancestrale, avec des acteurs imbibés jusqu'au fond d'eux-mêmes du rêve américain était une bonne idée. Un réalisateur aussi empreint et marqué par son appartenance territoriale, par la civilisation de son peuple que Kusturica peut-il, sans risque pour sa propre cohérence, tourner quelque chose qui atteigne la même dimension universelle que les films de son enracinement ? Allez faire tourner à Pagnol, à Guitry des films qui ne soient pas empreints de l'esprit de Provence pour l'un, de l'esprit de Paris, pour l'autre…. Et je gagerai volontiers que les films les plus importants de Renoir ne sont pas ceux de sa période étasunienne…

C'est là un débat que nous avons eu, de temps en temps et qui est, de ma part, davantage une position stable qu'une certitude, mais dont j'attends encore les contre-arguments… Toujours est-il que ne suis pas entré du tout dans Arizona dream, n'ai trouvé aucune pertinence, aucune cohérence, aucun intérêt aux trépignements des protagonistes d'un film qui dure bien trop longtemps sans jamais qu'on n'y trouve les miraculeuses parcelles d'émotion si présentes dans Underground, Chat noir, chat blanc ou La vie est un miracle.


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