Forum - Dernier recours - De la pure testostérone non-coupée....
Accueil
Forum : Dernier recours

Sujet : De la pure testostérone non-coupée....


De Steve Mcqueen, le 8 mars 2011 à 19:46
Note du film : 5/6

Dans le rôle du tueur, Bruce Willis, samouraï insomniaque, marmonne dix lignes de dialogues en voix off, tout en abattant huit macchabées à la seconde. C'est drôle une seconde, mais sur toute la durée d'un film, on peut se poser la question…

…Seulement voilà, l'homme derrière la caméra s'appelle Walter Hill, et il est loin d'être manchot : l'histoire n'a strictement aucun intérêt, Willis s'en donne à coeur joie dans le registre je-suis-un-dur-un-vrai-de-vrai-mais-j'ai-quand-même-des-sentiments, Christopher Walken est comme d'habitude irréprochable en méchant grimaçant, la misogynie est un peu génante (en gros, toutes des putains ou des femmes soumises)…

Mais la reconstitution d'époque est impressionnante de véracité (le moindre bouton de manchette semble sorti d'une photographie d'époque, les décors sont très fouillés), les seconds rôles sont des grandes gueules du ciné américain (aaaah R.D Call…quelle trogne !) et le maestro Walter Hill ferait passer Sam Peckinpah et John Woo pour de mauvais élèves, tant sa mise en scène est ample et majestueuse, tant les mouvements de caméra sont soignés, tant les gunfights sont éblouissants de brio.

Ca flingue dans tous les sens, ça crie, ça hurle et ça ne laisse pas de place aux bon sentiments…et ça fait un bien fou après une journée de cours ! Un film à déconseiller aux âmes sensibles, aux amateurs de Marguerite Duras, et aux petites filles qui chaussent du 36.

Un film à conseiller à Impétueux entre deux Jean Gabin, à Gilou après une journée de travail, à Arca entre deux Corbucci, et à Alholg entre deux chroniques pertinentes .

PS : la musique folk-blues de Ry Cooder est à tomber par terre, belle et puissante…


Répondre

De gilou40, le 8 mars 2011 à 21:22

Otez moi d'un doute, ami Macqueen: Ce film ne se déroulerait'il pas dans une couleur jaunâtre tout du long ? Ou orangée ? Je vous dis celà parce que, voyant la posture de Willis sur l'affiche et lisant votre compte rendu, il me semble bien avoir déjà vu ça…Non pas après une journée de travail carGilou travaille la nuit (le plus souvent) mais je sais que je connais ce truc là ..Et tant que vous y êtes, ô grand Maitre du septiéme art, daignez vous rabaisser vers la Gilou et lui dire : C'est quoi un Gunfight ?


Répondre

De gilou40, le 8 mars 2011 à 21:57

Non, non, non ! Je ne confonds pas avec Color of Night. J'adore ce film que je connais très bien. Mais je confonds avec quoi, alors ?…Pourtant, willis, les années 30/40, les vieilles bagnoles, ça me cause ça..


Répondre

De Arca1943, le 9 mars 2011 à 00:31

« "C'est quoi un Gunfight ?" Tout simplement un combat aux pistolets/revolvers ! »

Connu en français sous le nom de fusillade.


Répondre

De Steve Mcqueen, le 9 mars 2011 à 06:52
Note du film : 5/6

Ce film ne se déroulerait'il pas dans une couleur jaunâtre tout du long ? Ou orangée ?

Vous avez parfaitement raison Gilou : il me semble bien que Walter Hill a utilisé des filtres, car l'image est en effet orangée et jaunâtre de la première à la dernière seconde du métrage. Il s'en dégage une impression d'irréalité, et rarement le désert aura été aussi bien filmé, avec une sensation de chaleur accablante, Hill rendant tangibles le sang, la sueur et la poudre.

Le film est un décalque de Pour une poignée de dollars au temps de la Prohibition, certaines scènes sont quasiment identiques mais le tout passe très bien grâce à la mise en scène inspirée de Hill.


Répondre

De gilou40, le 9 mars 2011 à 14:27

Ah ! Merci Steeve….

"-Vous devez confondre avec Color of Night-" qui m'dit le Boss…Coluche:"-je me maaaaaaaare !'"


Répondre

De Arca1943, le 9 mars 2011 à 15:54

Le film est un décalque de Pour une poignée de dollars

C'est-à-dire un décalque de l'inégalable Yôjinbô, mais sans Mifune et Nakadai


Répondre

De Steve Mcqueen, le 10 mars 2011 à 09:44
Note du film : 5/6

Et je pense que Alholg, qui nous fournit (comme à l'accoutumée) de précieux renseignements sur la signification du terme anglais gunfight ne me contredira pas si je dis que le maître incontesté du gunfight est bien sûr John Woo : inspiré des comédies musicales de Jacques Demy, il livre des chorégraphies magnifiques : sa figure de style récurrente est celle du duel à deux pistolets, dans lequel les deux antagonistes se tiennent en joue mutuellement…Il joue magistralement sur le suspense, dilatant le temps à l'extrême, exacerbant les sentiments virils, composant des symphonies de sang et de poudre magistrales. C'est bien simple, on a l'impression d'assister à un ballet, avec des mouvements de caméra amples et majestueux et du sang pourpre qui colore l'écran.

Woo s'inspire aussi énormément de Melville : frontière ténue entre le Bien et le Mal, flic et truand dont l'antagonisme se mue en admiration réciproque, dénouement tragique (moral chez Woo et désespéré chez Melville)… Woo se réclame aussi de Peckinpah, sauf que chez ce dernier la violence est inutile (le dernier baroud d'honneur de La Horde Sauvage, la bataille finale de Croix de Fer) soulignant la fin d'un monde en mutation, tandis que chez Woo elle est rédemptrice, permettant à ceux qui ont fauté de trouver un rachat dans la mort…

A visionner en boucle : The Killer du même Woo , somptueux jeux entre l'amour et la mort, porté par un Chow Yun Fat plus charismatique que jamais, avec des envolées lyriques magistrales et ponctué de gunfights parmi les plus beaux jamais tournés…


Répondre

De Arca1943, le 10 mars 2011 à 14:14

« …et ponctué de gunfights parmi les plus beaux jamais tournés. »

Absolument en désaccord avec ce point de vue : d'après moi, il s'agit des fusillades parmi les plus belles jamais tournées !

Ça me rappelle une des chroniques de Fruttero et Lucentini dans la Stampa (reprises dans Le Retour du crétin) où un dur conflit de travail à Gênes avec le syndicat des débardeurs – communiste ! – avait été débloqué parce que dans la convention, on ne parlait plus de chefs d'équipe mais de team leaders

L'anglais se serait-il substitué au latinorum des curés et des avocats ?


Répondre

De gilou40, le 10 mars 2011 à 16:09

… je dis que le maître incontesté du gunfight est bien sûr John Woo. ( Steeve )

John Woo, ce n'est pas ce réalisateur qui balance des colombes ou des tourterelles dans beaucoup de ses films ?


Répondre

De Steve Mcqueen, le 10 mars 2011 à 19:47
Note du film : 5/6

Oui Gilou, John Woo utilise l'envol de colombes comme figure de style récurrente, parfois à outrance (comme dans le pourtant magistral Volte Face, dans lequel le duo Cage/Travolta fait des merveilles selon moi).

But Arca is right : l'english a envahi nos contrées, et même si c'est vachement fun et cool, c'est quand même un peu destroy d'utiliser le terme gunfight à toutes les sauces (sorry Arca).

Bon je vais faire un petit break…pardon, une petite sieste.


Répondre

De Arca1943, le 11 mars 2011 à 13:55

« But Arca is right : l'english a envahi nos contrées… »''

Ce n'est pas une question d'invasion. C'est même en tant que bilingue que ça me tombe sur les nerfs. Aussi, signalons que l'inverse existe aussi du côté anglophone. Je parle moins du Québec, où les deux "lingua franca" se côtoient (notamment à Montréal) et donc s'empruntent des termes de façon naturelle, spontanée, normale. Mais il existe aux États-Unis une sorte de snobisme d'utiliser des termes français alors que le mot anglais existe.

C'est quand le mot existe tout à fait dans l'autre langue que ça m'énerve, car alors l'emprunt sonne faux. Étant soupe-au-lait à mes heures, je me souviens d'avoir perdu patience avec une dame du Vermont qui s'obstinait à dire "the chaise" par ci et "the chaise" par là au lieu de dire "the chair" comme tout le monde parce que ça faisait chic. Et là, je réponds : "the chaise…? Oh I get it: you mean the chair ! " Je remarque ça aussi à l'occasion dans les doublages ou sous-titrages français de films US : par exemple le mot pancakes est conservé dans la traduction française, alors que ça veut juste dire des crêpes, et voilà. Je soupçonne qu'en gardant le mot anglais dans le texte, ça permet d'imaginer une Amérique fantasmée à l'européenne où les gens bouffent des trucs étranges et inconnus. Alors qu'ils bouffent des crêpes, tout simplement !


Répondre

De gilou40, le 11 mars 2011 à 14:36

Et tous ces Français qui s'évertuent à dire "T'challenge" ! Alors que Challenge est un mot typiquement Français à la base… Mais une question m'obsède, cher Arca : Elles sont bonnes les crêpes au Canada ?


Répondre

De Arca1943, le 11 mars 2011 à 14:57

L'important est moins la crêpe que ce qu'on met dessus. Or, disons-le en toute objectivité et sans le moindre chauvinisme : une crêpe au sirop d'érable, c'est imbattable ! Le nirvana absolu !


Répondre

De Arca1943, le 11 mars 2011 à 21:22

Roulées ? Je ne suis pas un safre (glouton) ! Dé-li-ca-te-ment, par petites bouchées trempées dans le sirop d'érable… (sirop qui se vend ici à un prix des plus raisonnables, pas comme nos exportations au prix du caviar !)


Répondre

De Steve Mcqueen, le 14 mars 2011 à 03:43
Note du film : 5/6

Pour ma part Alholg, je trouve que The Warriors est difficilement visionnable aujourd'hui car il a pris un terrible coup de vieux : les costumes, les coiffures, les poses viriles me semblent complètement dépassées…

Mon Walter Hill préféré reste Sans Retour, modèle du survival (désolé Arca, ancore un terme anglo-saxon…) : interprétation éblouissante de Keith Carradine (charismatique et félin) et de Powers Boothe (massif et inquiétant), remarquable utilisation du décor des marais de Louisiane… La tension monte en crescendo, le suspense est à couper au couteau, la violence à la Peckinpah est sèche et sans concession. Presque un chef d'oeuvre selon moi.


Répondre

De Arca1943, le 14 mars 2011 à 12:51

« Survival (désolé Arca, ancore un terme anglo-saxon…) ».

I'm afraid you don't get it, Stevie boy. It's not that I mind the use of English words in French – nor of French words in English, for that matter. It is more a question of using foreign words for nothing when the appropriate signification already exists in one's language. I already gave the example of the Vermont snub using "chaise" instead of "chair" in a completely useless, vain use of French terms. While "restaurant" or "entrepreneur" have been adopted in English because there was no English word for them, "chaise" is of no use but showing off. My picturesque French cousins don't seem to realize how ridiculous they sound when they use, say, "challenge" while "défi" fits just fine, or "gunfight" while "fusillade" fits just fine.

On the other hand, this new example you give with "survival" does not fall in the "doublon inutile" category : for there IS no French term to describe this peculiar type of movie narrative : so let's call it "un survival", why not ! The same thing can be said of, say, "courtroom drama" : the expression "film de prétoire" doesn't really do the job since it has – I think – a subtle pejorative nuance about it.

Now do I get myself clear ?


Répondre

De Arca1943, le 14 mars 2011 à 17:57

Ah certes, si on n'empruntait pas toujours à la même langue, ce serait déjà mieux. Mais parlant de frontières, tiens, j'ai justement sous les yeux cette remarque de Simone Weil dans L'Enracinement (1943) : «Pour qu'il y ait échange, il faut que chacun garde son génie propre.»


Répondre

Installez Firefox
Accueil - Version bas débit

Page générée en 0.0044 s. - 5 requêtes effectuées

Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter