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Sujet : Noir et blanc...


De gilou40, le 8 mars 2011 à 17:52
Note du film : 5/6

Au même titre que Mississippi burning (Merci à JIPI, je n'avais pas vu le film ), Dans la chaleur de la nuit, ou encore Devine qui vient dîner ? , La chaine repose sur le racisme qui fut ancré au plus profond d'une Amérique rétrograde, craintive de voir perdre ses valeurs . Certaine que le monde appartenait à la race blanche, et elle le croit encore, cette Amérique là se croyait dans le vrai en exibant de façon préremptoire sa supériorité sur le Noir, accusé de tous les satanismes possibles imaginables. La haine palpable et imbécile de l'autre, uniquement parce qu'il est noir, donc de race inférieure est içi amplifiée de façon dramatique par l'impossibilitée de le fuir, ou de l'abattre. Une satanée chaine semble unir les deux prisonniers Tony Curtis et Sidney Poitier(magnifiques tous deux) comme une alliance maudite. Tuer l'autre serait alors se condamner à être immobilisé par un poids mort. Ils leurs faut accepter "l'ennemi" et sa différence. Cotôyer le dégôut, respirer l'intolérable. Nous sommes en Amérique, la grande Amérique, en 1958…

Le camion qui les conduit en prison ayant un accident, ils s'enfuiront forcément ensemble. Se succèdent alors à un rhytme soutenu des scènes plus ou moins impressionnantes mais magnifiées par un très beau noir et blanc. Au fur et à mesure de l'avancée du film, La chaine qui attisait la rancoeur des deux hommes, va devenir comme la grille d'un confessionnal. Par force, et peut-être, nous l'espérons tout le long du film, par raison, les âmes vont s'apaiser devant l'adversité commune . Les "couleurs" s'estompent…Pour faire place sinon à une acceptation de l'autre, du moins à un renoncement de la haine. Très judicieusement, Stanley Kramer fait s'ouvrir très méticuleusement le coeur de ces désormais "compagnons d'infortune". Fatigués par l'action qui les oblige à agir enchainés, ils prendront des temps de pause propices, s'en qu'ils le veuillent, à la réflexion et la découverte de l'autre. Il fera également et intelligemment ralentir la course des deux shérifs Théodore Bikel et Claude Akins dont le visage m'est si familier. Sa filmographie ne me "parlant" pas, je pense que j'ai du le voir à plusieurs reprises dans différentes séries TV genre Les envahisseurs, La quatrième dimension ou autre Mission impossible.

Après bien des surprises tant dans le registre aventure que dans l'Humain, le film se terminera de la plus belle façon qui soit. N'en disons rien pour ne pas gâcher le plaisir de ceux qui, bienheureux, découvriront cette oeuvre qui m'a personnellement laissé profondément émue. Le racisme est le sentiment le plus immonde et le plus bête qui soit. D'autres avant moi l'ont proclamé qui l'ont payé de leurs vies. Nous ne sommes, hélas, pas près d'en sortir…


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De Tamatoa, le 28 septembre 2014 à 16:43
Note du film : 4/6

Je serais moins enthousiaste que vous, Gilou 40. Avant de visionner ce film, je suis venu voir ce qu'en pensaient les copains. Et après vous avoir lu, je m'attendais à une œuvre très dense. Mais j'ai été déçu. Entendons nous bien : Ce film reste quand même un très grand moment de cinéma. La photo est sublime, le duo Tony Curtis/Sidney Poitier fonctionne bien même si j'ai la certitude que Sammy Davis, Jr. pressenti au départ pour le rôle de Cullen aurait fait mille fois mieux. Et le tout est assez prenant pour qu'on ne lâche rien en route. Mais j'ai trouvé que l'ensemble manquait de densité. De force. Le racisme raconté ne tolère aucune facilité. Et le film en comporte pas mal. Le lynchage évité par la tolérance d'un seul homme n'est pas le reflet exact de ce qui se passait vraiment à cette époque de ségrégation. Pour cela, mieux vaut nous en remettre, et vous avez raison de le souligner, à Mississippi burning, inamovible pamphlet contre le racisme. Dans la chaine, bien sûr que c'est l’Amérique de la ségrégation qui est à l’écran . Ainsi que la bêtise crade de la police et de ses vices. Mais le racisme y est abordé comme un détail. Une anecdote.

Un noir et un blanc sont attachés à une même Chaine et donc obligés de cheminer ensemble. Le racisme devient un inconvénient, pas plus. Deux blancs ensemble qui se détesteraient auraient donné le même résultat. Et si quelques scènes sont fort réussies, comme la chute dans le puits d'argile par exemple, c'est surtout un film d'aventures qui nous est donné à voir plus qu'un film traitant du racisme. Les bons et grands sentiments arrivent trop vite entre les deux hommes. Et la honte de cette Amérique là est un peu trop vite enterrée à mon goût. Cotôyer le dégoût, respirer l'intolérable.. Non, on ne le sent pas vraiment. Le film manquant trop de violence. Et ce ne sont pas les quelques coups que les deux prisonniers échangent maladroitement qui vont dire le contraire. Ces hommes deviennent juste, comme vous le dites, des "compagnons d'infortune". J 'ai en mémoire une série télé qui était diffusée il y a fort longtemps : Les bannis. Don Murray et Otis Young nous en donnaient pour notre argent dans le genre raciste. Je pense que la chaine ne nous en donne guère plus. C'est dommage pour un long métrage. D'ailleurs, je pense que pour ces fugitifs là, leur cavale pouvait durer moults épisodes télé..

Reste que Stanley Kramer nous offre quand même une œuvre assez remarquable. Même si je déplore également que les passages des décors naturels de la Californie à ceux des Universal Studios soient un peu trop flagrants…


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