J'avais demandé, il y a quelques temps, la fiche de ce bijou que j'avais enregistré il y a fort longtemps. Le phénix des hôtes de ce site fit diligence mais hélas, entre temps, je prêtai ma cassette…La voilà revenue et c'est avec une joie sans pareille que je viens vous parler de cette histoire admirablement interprétée par des vieux de la vieille, des grands, des très bons !

Nous sommes dans les années 25/30. Un rond de cuir dans une banque, sensationnel Michel Aumont fait un "coup" en bourse par le plus grand des hasards. Monsieur Duchatel devient subitement très riche, lui qui était habitué à vivre avec parcimonie. Soudain très riche à la grande joie de son épouse, Danièle Evenou qui rêvait de très haute société, elle qui remplissait avec honte le poêle à charbon en se salissant…

Cette comédie grinçante nous raconte les extravagances d'une nouvelle riche et de la vengeance de sa propre fille qu'elle méprise. Parce que, autant notre homme est resté très simple et même un peu dépassé par les évènements, autant notre ancienne poissonnière veut à tout prix éblouir le beau monde dont elle pense faire désormais partie. Elle va donc organiser un bal… Avec des gens qu'elle ne connait pas, peu importe, avec des portraits d'ancêtres qu'elle n'a jamais eus mais qu'un peintre "qui doit bouffer" dit-il va accrocher sur ses désormais hauts murs bourgeois. Et une décoration à faire pâlir de jalousie Louis XIV et sa galerie des glaces. Il n'y aura pas moins de deux cents convives de la plus haute lignée qui franchiront le pas de sa porte…Les serviteurs de tout poil, car elle en a désormais, serviront les mets les plus fins et les plus grands vins.

Seulement, il y a un seulement… Les deux cents invitations ne partiront jamais car, confiées à la fille de la maison pour les mettre à la poste, elles finiront dans la Seine… Le bal, c'est l'histoire d'un couple de nouveaux riches, de leurs serviteurs, et d'un orchestre de nègres ''&&(- Des nègres ?! Tu as embauché des nègres pour le Bal ?? On aurait pu en parler avant, quand même !-"&&'' qui attendront longtemps des invités qui jamais ne viendront…
Je ne sais pas qui est ce Jean-Louis Benoît mais c'est admirablement bien fait ! Vraiment ! Et puis ce Michel Aumont dans un rôle taillé sur mesure chez un très grand couturier est absolument magistral. Sa femme Danièle Evenou, magnifique elle aussi, qu'il doit désormais appeler Bella devant les domestiques et non plus Fonsine qui est son vrai prénom, qu'il doit vouvoyer désormais, ce Michel Aumont, dis-je, est merveilleux de justesse. Nous croisons avec bonheur également un François Berléand, jeune serviteur qui sait à qui il a à faire et qui montre déjà (nous sommes en 1993) un talent indiscutable.

Inutile de vous dire que tout cela se terminera très mal, pour le plus grand bonheur de la fille de la maison qui détestait sa mère. Inoubliable, magistral (encore !), le dernier monologue de Michel Aumont, furieux et vexé de l'échec de cette soirée organisée par sa femme qui ne veut plus de lui, mais de son fric :

"- Mais que croyais tu donc ? Qu'il suffit de goinfrer les gens de caviar et de champagne pour leurs faire oublier d'où nous venons ? Tu crois qu'il ne savent pas à qui ils ont à faire ? Qui nous sommes réellement ?! Quand j'ai eu cette bonne fortune, je pensais que tu me regarderais un peu plus… Que tu m'aimerais comme avant, peut-être… Mais non !! Ton putain d'orgueil de Paon a prit le dessus ! Mais c'est à mourir de rire !! Toi, une femme tu monde ? Mais tu t'es regardée ? Mais tes moindres gestes sentent le poisson ! Jamais !! Jamais tu ne seras une femme du monde !! Jamaaaaaiiis !! Va te faire foutre, Fonsine !!-"

IL nous faut absolument voter pour ce petit chef-d'œuvre télévisuel, une fois n'est pas coutume. C'est trop beau ! Quel talent, tous ! Je vous jure que vous ne serez pas déçus !

Je relance mon bal ! Personne n'en veut ? Soyez sympa, votez ! C'est génial ce truc ! Remuez vous un peu les gars, ça dort içi !

Pour moi, ce titre Le Bal évoquera toujours un classique d'Ettore Scola, mais je veux bien vous accompagner quand même !

Je me souviens vaguement de ce film lors de la diffusion sur FR2. Quelques images fortes me sont restées : les enveloppes contenant les invitations jetées dans le fleuve et la maîtresse de maison (Danièle Evenou)en longue robe de soirée en train d'errer seule dans son immense demeure en attendant ses invités qui ne viendront finalement jamais. J'aurais beaucoup aimé revoir ce film. La possibilité de le revoir serait peut-être de se rendre à l'Ina.