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Sujet : Ça sort de nulle part


De bastien, le 6 juillet 2004 à 10:39

Il est des films qui sortent un peu de nulle part, et dont l'analyse va au delà nottemment de celles se rapportant, à l'auteur ou les esthétiques d'un genre, d'un studio… "Ravenous" fait partie de ces OVNIS, mais dans le sens ou ce n'est pas seulement un film qui ne ressemble pas au tout venant de la production habituelle, mais aussi en une réussite remarquable. Malgré son échec en salle (marketting catastrophique comme le montre l'affiche ci-dessus), l'oeuvre a atteint depuis le statut de mini film culte, et se dirige vraisemblablement à celle de classique dans les années à venir.

A l'origine du film il y a le scénario d'un nouveau venu, Ted Griffin, qui s'inspire d'un fait divers de la conquête de l'Ouest. S'il faut chercher un auteur principal au film, Griffin serait sans doute celui qui peut le plus légitimemement revendiquer sa paternité, tant il est resté le point central du projet. Acheté en 1996, la filliale "Fox 2000" de la Fox va s'agripper pour monter ce projet qui ne respecte aucun critère des scénarios tout venant. Le budget sera ceci dis petit: 12 millions de dollars. Et oblige pour des raisons de couts de production une délocalisation dans les paysages de pays de l'Est, (République Tchèque, pologne, Slovaquie) pour figurer la frontière entre la Californie et la Sierra Nevada. Nul doute que ces décors confèrent une touche particulière et étrange supplémentaire.

"Ravenous" a d'abord commençé avec le réalisateur Milcho Manchevski à son bord, ("Before the Rain") avant que ce dernier soit remercié pour "divergences artistiques"… Antonia Bird est alors appelé à la rescousse par son ami Robert Carlyle qui a déjà travaillé plusieurs fois avec elle ("Face", "Prêtre"). Réalisatrice anglaise qui a beaucoup travaillé à la télévision et s'est attelé à plusieurs genres différents, Bird a connu un gros échec en 1995 avec "Mad Love" son premier film américain. Ici elle doit reprendre en main une production qui a tout planifiée avant son arrivé: casting, équipe technique, lieux et période de tournages. Même si le scénario renvoit à son attachement pour les personnages aux dehors de la société, on peut dire que le film est tout sauf l'oeuvre suivis dés le début par un metteur en scène/auteur. Mais Antonia Bird à surtout une mentalité d'artisan et semble s'accomoder très bien à ce défis. Elle va choisir de chambouler la chronologie du script en adoptant au départ une construction en flash back pour caractériser le personnage de Guy pearce, mettant fin à l'aspect complètelent linéaire du départ.

La réalisation de Bird donne vraiment de l'empleur à ce petit budget, que ce soit dans la mise en valeur des décors montagneux, se référant aux westerns classiques et modernes (Mann et Peckinpah), ou en donnant du mouvement à l'ensemble via de nombreuses scéquences à la steadycam, les moments forts du film visuellement s'avérant être la découverte de la grotte anthropophage, une étonnante chute dans le vide, et son climax féroce. "Vorace" fait partie de ces films ou tout le travail de l'équipe se rejoint vraiment communément alors qu'elle vient de plusieurs horizons au départ: mise en scène, photo, montage, musique. Sur ce dernier point, les compositions envoutantes de Damon Albarn de Blur (déjà acteur dans "Face" de Bird) sont l'un des grands atouts associé aux arrangements et la direction de Michael Nyman. Celà fait partie des mariages et rencontres insolites du film.

"Vorace" n'est pas vraiment définissable à un seul terme et c'est l'une de ses principales qualités. C'est un western, un film d'horreur, un conte fantastique, une fable sur la lâcheté et le courage ou encore une oeuvre satirique sur la conquête de l'Ouest ou le cannibalisme est une sorte de métaphore de la construction des Etats-Unis. Antonia Bird par son origine anglaise a sans doute accentué quelque peu l'aspect macabre et ironique… Guy Pearce en couard est un héros difficile à apprécier, et ce dernier a un rôle difficile, passant d'un type transparent ayant très peu de lignes de dialogue à quelque chose de très expressif. Il ne s'en sort sans doute pas toujours au mieux. En face, Robert Carlyle se "régale" et l'on sent la réalisatrice très intéressé à mettre sa composition en valeur. Mais il ne sombre jamais dans le simple cabotinage, nous offrant simplement une prestation à double facette totalement jubilatoire. Jeffrey Jones incarne lui cette espèce de double physique des pêre de l'amérique dont il reprendra les traits dans "Sleepy Hollow", et on peut dire que ça lui va à ravir.

Ted Griffin a depuis signé les scénarios de "Un Bon Plan" (Barker), "Ocean's Eleven" (Soderbergh) et "Les Associés" (Scott). Bird est elle revenu à la télévision, et on attend son retour sur grand écran franchement impatiemment si elle est capable de s'attacher à un nouveau projet différent et étonnant.


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De Gaulhenrix, le 2 février 2008 à 13:07

Cette analyse de Vorace par Bastien est si pertinente qu'elle mérite bien une actualisation. Et relisons notamment ce point de vue si juste : "Vorace n'est pas vraiment définissable à un seul terme et c'est l'une de ses principales qualités. C'est un western, un film d'horreur, un conte fantastique, une fable sur la lâcheté et le courage ou encore une oeuvre satirique sur la conquête de l'Ouest ou le cannibalisme est une sorte de métaphore de la construction des Etats-Unis." (Bastien)


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De Impétueux, le 21 février 2009 à 19:22
Note du film : 5/6

Je me demande encore comment ce film d'une réalisatrice inconnue, dont j'ignorais le nom des acteurs et qui porte, en français, un titre peu significatif, est arrivé jusqu'à moi, mais le Destin a bien fait les choses !

Je me suis retrouvé captivé, fasciné, stupéfié par une aventure d'une grande originalité, menée dans les tons gris ternes d'un hiver qui n'en finit pas, dans une contrée à la fois hideuse et impressionnante et je ne suis pas surpris, après avoir consulté quelques avis souvent pertinents sur des sites spécialisés dans le cinéma d'horreur, que Vorace puisse apparaître comme un film-culte.

C'est que toutes les histoires d'anthropophagie ne sont pas de la même veine et on est bien loin, dans Vorace de la violence primitive, de la sauvagerie barbare de mon cher Cannibal holocaust ! L'histoire se rapproche à beaucoup de points de vue, des mythes vampiriques (la force exceptionnelle conférée par la chair humaine, la sorte de prosélytisme qui pousse le monstre à accroître le nombre des adeptes), mais aussi de la nocivité puissante de l'ennui (Un roi sans divertissement) qui finit, dans des solitudes glacées qui ne valent jamais rien à l'homme, par en révéler complètement la nature.

Dans le poste perdu qui n'est jamais éclairé par le moindre rayon de soleil, où cohabitent des officiers et soldats tous plus cinglés les uns que les autres (délire mystique, alcoolisme, adulation du corps et de sa force), où la nature, comme dans Délivrance est indifférente toujours, hostile souvent, se joue le jeu infernal de la terreur et de la séduction, de la terreur et de la tentation, métaphore de la désespérance… Pourquoi, lorsque l'on est abandonné de tous et loin de tout, ne pas céder à l'évidence de la férocité, à la fascination du sang ? Le sang est le plus beau théâtre écrit Giono, qui ajoute, dans Deux cavaliers de l'orage, Il faudrait avoir un homme qui saigne et le montrer dans les foires. (…) On voit des choses extraordinaires dans le sang. Tu n'as qu'à faire une source de sang, tu verras qu'ils viendront tous.

La musique de Vorace est, en soi, une raison de voir le film : maladroite, enfantine et obsédante, elle ponctue la désolation des paysages et des âmes avec une telle évidence qu'elle fait entrer d'emblée dans l'horrible évidence que le Monstre est partout…


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De Arca1943, le 22 février 2009 à 00:21

Je n'éprouve pas un intérêt extraordinaire pour le cannibalisme – l'Homme étant selon moi trop filandreux – mais cette description si engageante de Ravenous m'incite à y jeter un oeil !


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De louloulupus, le 7 mars 2009 à 17:19
Note du film : 5/6

On découvre dans Vorace un Robert Carslyle diablement inquiétant après les Full Monties.Impétueux décrit remarquablement bien le film, inutile d'ajouter autre chose. Sauf peut-être que c' est si réussi qu'il flanque la chair de poule bien mieux qu'un film d'horreur. Impression de malaise garantie!


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