Oscillant sans cesse entre "grotesque et sublime", la dernière icône de l'âge d'or hollywoodien s'est éteinte. Depuis toujours, l'acteur a eu ses adorateurs (Pacino disait qu'il était "Dieu" !) et ses détracteurs (ironisant sur ses marmonnements), mais il a su garder son aura jusqu'au bout. Bien sûr, on préfèrera repenser à Stanley Kowalski et à son magnifique western "One-eyed jacks" qu'à ses dernières apparitions (le pathétique "Free money", heureusement inédit en France), à son génie dans "Le parrain", qu'à certaines de ses interviews… Mais l'influence de Brando est encore sensible aujourd'hui (Brad Pitt, Johnny Depp à sa façon) et il suffit de voir ceux qui se sont essayé au rôle de Kowalski dans des remakes télé (Treat Williams, Alec Baldwin) pour se rendre compte de tout ce qu'avait apporté Brando à ce personnage de brute épaisse.

Parmi les oeuvres moins souvent citées, mais où l'acteur fut au sommet : le major gay de "Reflets dans un oeil d'or", le larbin malsain dans "Le corrupteur", le shérif honnête de "The chase" et son auto-pastiche unique dans l'histoire du cinéma dans "Premiers pas dans la mafia" où il jouait un mafieux "ressemblant énormément au Parrain". Il devait jouer son propre rôle dans un film en préparation… C'est un peu ce qu'il avait fait pendant toute sa carrière.

C'est vrai que ses films récents ne sont pas vraiment passionnants, mais je garde quand même un très bon souvenir de sa lègereté (osons le mot), son humour et son romantisme dans Don Juan DeMarco. Superbe film au demeurant.

Le film Un tramway nommé désir est mon préféré…C'était le plus grand acteur de tout les temps…

"Don Juan de Marco" est effectivement une exception dans sa fin de carrière. D'abord parce que le film est original et réussi, mais surtout parce que Brando y a réellement le premier rôle. Ce n'est pas un "caméo" surpayé ou une "guest appearence" filmée en deux jours, non : c'est avec Johnny Depp, le protagoniste du film. Et il s'y montre drôle, détendu, sympathique. Il était aussi très bien dans "The score", même si on l'y voit moins longtemps. Ce sont ses apparitions dans "La formule", "Superman", "Missouri Breaks" ou "The brave", qui sont déprimantes.

Pour revenir à "One-eyed jacks", sorti dans une édition médiocre en zone 2, il serait temps de l'éditer de façon décente, car tout le génie de Brando s'y trouve à l'état brut. Ses face à face avec Karl Malden sont éblouissants.