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Forum : Jusqu'à ce que mort s'ensuive

Sujet : Mélodrame splendide


De Kurwenal, le 1er juillet 2004 à 15:51
Note du film : 5/6

Pour une édition en Dvd de ce beau film dont le titre français "Jusqu'à ce que mort s'ensuive" n'était pas hors de propos.

Mélodrame splendide de la période anglaise de Marc Allégret qui mérite une redécouverte. Si on est prêt à accepter les conventions du genre – et elles sont superbement mises en valeur – c'est une fresque captivante que la "furie" du titre original marque de son empreinte. Vu une seule fois mais souvenir intense.


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De Impétueux, le 11 avril 2014 à 17:12
Note du film : 4/6

Après avoir vu Blanche Fury, je ne suis pas loin de réévaluer (à la hausse, évidemment) le cinéma de Marc Allégret que je n'avais pas en grande estime jusque là, malgré Entrée des artistes et Félicie Nanteuil, mais à cause d’œuvrettes qui ont pu avoir du succès, comme Zou-zou , Lac aux dames ou Gribouille, vraiment trop mal fichues et conçues, bien qu'elles ne soient pas, ici et là, dépourvues d'un certain charme.

Mais tout cela était du cinéma parfaitement hexagonal, si j'ose dire, en tout cas dépourvu de tout souffle et de tout lyrisme. Et voilà que je découvre cet étrange film tourné dans un très beau Technicolor, en Angleterre, qui peut s'apparenter à Ambre, Rebecca ou même – j'y reviendrai – à Autant en emporte le vent. On change donc de dimension et d'allure.

L'histoire ne dit pas pourquoi et comment Marc Allégret s'est retrouvé aux commandes d'une réalisation aussi importante, avec d'aussi beaux moyens et d'une adaptation d'un mélodrame sombre, tragique, impressionnant, noirâtre. D'autant que le cinéma britannique connaissait, à la fin des années 40 et pour quelque temps encore, une sorte d'âge d'or, marquant sa singularité par rapport aux films étasuniens. C'est l'époque de Brève rencontre, de De grandes espérances, du Troisième homme, de Noblesse oblige ; l'époque des adaptations shakespeariennes de Laurence Olivier, du duo Powell/Pressburger. C'est l'époque de la Rank Organisation, qui a précisément été à l'origine de Blanche Fury. (À ce propos, j'ai été particulièrement et nostalgiquement heureux de revoir le sonneur de gong de ce producteur, moins célèbre que le lion de la Metro-Goldwyn-Mayer ou la montagne de la Paramount, mais beaucoup plus impressionnant).

Toujours est-il, donc, que j'ai regardé avec volupté l'histoire tragique et vénéneuse des amours de Blanche Fury (Valerie Hobson) et de Philip Thorn (Stewart Granger), sur fond de verts herbages anglais, de bois noirs, de ciels tourmentés, et d'immenses salles sombres d'un château massif, trapu, confortable et secret. D'abord retrouver Stewart Granger, qui fut une des grandes admirations de mon enfance a été un grand bonheur. Blanche Fury est un des premiers films où il tient le premier rang. Il y a eu ensuite des films superbes, de Scaramouche aux Contrebandiers de Moonfleet en passant par La perle noire, puis plus rien, ou presque. Et c'est absurde, parce que Granger était non seulement beau comme tout, avait une voix magnifique et une prestance sans égale, mais il était aussi un remarquable acteur.

Stewart Granger interprète dans Blanche Fury un révolté, Philip Thorn, fils illégitime du dernier des Fury, dont l'immense et riche domaine de Clare est revenu, après sa mort à Simon Fuller (Walter Fitzgerald) issu d'une branche familiale voisine (il a, par reconnaissance, repris le nom de Fury) ; par amour du domaine et parce qu'il compte faire rétablir ses droits. Arrive au domaine Blanche Fuller (Valerie Hobson), qui est pauvre et qui est engagée par son oncle Simon pour être la gouvernante de la jeune Lavinia (Susanne Gibbs), mais qui va se débrouiller pour être épousée par son cousin Laurence (Michael Gough), le fils de Simon et le père de Lavinia. Mais, comme on est dans un beau mélodrame, Blanche et Philip vont être saisis d'une passion dévorante…

Le titre français, Jusqu'à ce que mort s'ensuive, en dit déjà trop. Je regrette aussi un peu que la fin du film soit emphatique et presque grandiloquente, bien qu'elle soit surprenante et tragique. Le reste est extrêmement réussi, admirablement éclairé et coloré. Le drame rode partout, dans la violence voleuse et incendiaire des gitans tout autant que dans les machinations des amants. Et dans une sorte de signe fatidique qui pèse sur tous les personnages.

J'ai écrit qu'il y avait un peu de Autant en emporte le vent dans Blanche Fury : de fait, de la même façon que Scarlett O'Hara (Vivien Leigh) aime sa terre de Tara d'un amour si violent qu'elle en perdra Rhett Butler (Clark Gable), de même Philip Thorn perdra Blanche par passion pour Clare (Je pensais que notre amour était infini, jusqu'à ce que je comprenne que votre amour pour Clare était plus fort que nous deux). Et il ne manque pas même à la ressemblance la mort d'un enfant d'une chute de cheval (qu'on trouve aussi dans Barry Lyndon ; où vont-ils chercher tout ça !!).

L'édition (Éléphant films) est d'une grande qualité formelle (VOST seulement) ; le film est présenté par Jean-Pierre Dionnet dont l'intervention manque un peu de profondeur, mais est extrêmement bien documentée.


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