Mais bon sang, que reproche-t-on à ce genre de film ? C'était drôle et gai, ce qui n'est pas forcément toujours évident, (voyez Mes chers amis….), enlevé, sans autre prétention que de nous amuser !
Aujourd'hui, qui peut prétendre nous offrir de telles récréations ? La dernière fois que l'on m'a promis une tranche de détente, c'était pour Incognito. Pauvre de nous… Et les derniers films en date censés nous dérider les zygomatiques, Le baltringue, avec Lagaf', le siffleur, avec Lhermitte ou encore Safari avec Kad Mérad ne sont même pas dignes d'être projetés dans les MJC !
Alors je ne vous dis pas que L'animal est le film le plus drôle qu'il m'ait été donné de voir. Mais que c'était agréable ! Un scénario qui donne à Belmondo la possibilité de s'offrir un double rôle et de jongler ainsi tout du long, entre cet acteur de charme, entouré de jolies filles, mais lâche comme pas un devant une cascade et ce cascadeur qui vit sur les ardoises qu'il laisse ça et là, et qui va trouver la chance de sa vie en doublant ce faux Don Juan. Il est charmant, Jean-Paul. Je sais, je l'ai déjà dit et j'aime à le répéter. Et c'est peut-être le seul et unique film ou Maccione est drôle ! (Aie ! Pas sur la tête !!) Si ! si ! Je vous promets…"- Lé Briquette ! Ou il l'est, lé briquette ?-"
Ça virevolte, ça saute dans tous les coins ! Ça sourit, ça aime, ça danse, c'est tendre. Des gags originaux (les visites de l'inspecteur de la sécurité sociale sont vraiment très réussies !) à tout bout de champs. Et, Messieurs, je vous signale la présence d'une Raquel Welch au summum de sa beauté ! Avec des fringues dessinées uniquement à vous rendre fous !
Cascadeuse elle aussi, elle n'aura de cesse que de passer la bague au doigt de notre Bébel. Et il ne cessera de la perdre entre deux boulots à deux balles qui retarderont leur union. Et puis Belmondo reprend la cascade que Roland Toutain fut le premier (je crois) à réaliser. Il faut quand même signaler l'exploit. Et puis quoi ? Pourquoi bouderions nous notre plaisir ? C'est le reflet d'une époque révolue… Insouciante, légère, colorée, ou les barbares de tous poils n'avaient pas encore envahi nos rues et notre culture. Où on pouvait évoquer "les folles", ce qui est le cas dans ce film, sans être accusé d'ostracisme envers les homosexuels.Cette photo ne rappelle-t-elle pas, ce temps, cette liberté enfuie ? Un grand vent qui ne reviendra plus… Moi, j'aime !
L'animal est resté très sympa.
On y croise un Claude Chabrol colérique, dans son propre rôle au début du film, ainsi que Johnny Halliday et Jane Birkin.
Julien Guiomar joue un producteur de film qui s'appelle Fechner, étrangement le même nom que le producteur de L'animal, Christian Fechner.
Belmondo singulièrement coiffé, nous fait beaucoup de pirouettes et joue deux rôles à la fois. Il est d'ailleurs assez rigolo en homo sortit tout droit de La cage aux folles…
Aldo Maccione est assez amusant en réalisateur Italien de série z, qui de manière mouvementé tente de draguer Raquel Welch.
Le couple Belmondo/Raquel Welch ne vaut bien évidemment pas le duo Belmondo/Dorléac de L'homme de Rio, mais on se surprend à penser que L'animal est un divertissement qui aurait très bien pu être réalisé par Philippe De Broca.
C'est frais, drôle, rythmé et enjoué et l'on y passe un agréable moment.
Mais que demande le peuple ?
Certes, le générique disco accompagné de la musique de Vladimir Cosma est sympa. Certes Raquel Welch est resplendissante même si sa voix est doublée. Certes les cascades sont restées spectaculaires. Certes Aldo Maccione est plus sobre qu'à l'accoutumée. Certes le scénario contenait des idées intéressantes telles le double rôle de Belmondo ou la peinture de tous ces sans-grades du cinéma. Certes quelques rares scènes comme ce qui se passe dans le château évoquent les réussites de De Broca.
Mais il en résulte un film d'une grande platitude, plombée par un scénario inconsistant, et un humour extrêmement lourd et répétitif. Les effets comiques tombent le plus souvent à plat, notamment l'incarnation douteuse par Bébel de la star homosexuelle maniérée. Cela aurait pu donner une comédie à l'italienne féroce mais il en résulte un produit commercial inabouti, peu aidé en outre par une mise en scène sans éclat et une photo plate et parfois datée (on a connu Claude Renoir plus inspiré).Revoir L'animal est bénéfique: il prouve que la médiocrité de la comédie française à succès ne date pas d'hier.
Toujours est-il qu'il y a beaucoup de scènes pénibles et languissantes. Belmondo fait ce qu'il peut, virevolte et cascade, réussit même un réel exploit en se débattant avec un avion, mais ne parvient pas à sauver L'animal de la médiocrité.
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