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Forum : La 317e section

Sujet : La guerre en vérité


De 6e BPC, le 20 juin 2004 à 15:28

Film extraordinairement bien réalisé, avec une exactitude rare au cinéma au niveau des uniformes. A visionner de toute urgence si ce n'est pas déjà fait !!


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De jb, le 15 octobre 2004 à 12:31

Gloire et honneurs à l'armée !


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De L'Alsacienne, le 10 janvier 2007 à 13:11

Ce film a son style celui d'une chronique lue par une voix martiale: c'est donc une chronique militaire ayant une vocation documentaire.Il veut dire les choses en restant à distance, il va servir de matrice à tous les autres films.On trouve même dans Apocalypse Now- version longue- une allusion à ce film, lorsque chez les colons français on retrouve le jeu de mot avec l'oeuf et le jaune qui domine tout. Hommage de Coppola au cinéaste!


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De jipi, le 25 octobre 2007 à 09:26

« La France est notre mère qui nous nourrit avec des pommes de terre et des fayots pourris ».

Les yeux de Pierre Shoendoerffer par l'intermédiaire de la caméra à hauteur d'homme de Raoul Coutard scrute un noir et blanc crépusculaire noyé sous les eaux. Un enfer vert sans couleurs potentiel d'une dernière demeure dévoile un ennemi lointain presque invisible réglant ses tirs de mortiers pendant qu'un Saint Cyrien et un baroudeur s'opposent mollement en débattant de stratégie.

Les Rombiers managés à la dure ont des visages identiques que ceux que l'on combat à distance. Ils creusent les tombes de leurs congénères et de leurs maîtres. Soumis par une complète absence de conscience de soi, ils s'activent sous des ordres plus éducatifs que destructifs.

Un visage presque adolescent se met spontanément à l'écoute d'anecdotes guerrières reformatées entre deux angoisses de disparaître. Il est possible néanmoins dans ce contexte ou la lumière du jour peut s'éteindre à chaque instant de pouvoir sourire en devisant une bouteille de vin à la main.

Les tensions entre différentes manières de faire sont atténuées par l'élaboration naturelle d'une affection protectrice mutuelle. Les hommes continuent d'entretenir des procédures morales dans un cauchemar éveillé omniprésent.

Quand l'un deux sait que son tour est venu de s'en aller ce n'est plus la peur du « Viet » qui le paralyse mais une faune animale encore plus dangereuse.

« La 317eme section évite une fiction outrancière napalmisée pour ne montrer que l'implacable réalité de faits d'armes filmés en temps réel, un flash historique reconstitué à l'authentique ou personnages et comédiens fusionnent dans des situations extrêmement exposées tout en restant d'une sobriété exemplaire. Ce que l'on voit c'est la guerre, la vrai, le spectateur n'est plus témoin, il est incorporé dans les progressions, les transports de blessés, les rivières à traverser, les pauses, les contacts radios et les morceaux de bravoures finaux.

Par un contexte thématique incontournable le contenu de la 317eme section se rapproche du titre d'un film tourné par un célèbre cinéaste mexicain.

« La mort en ce jardin »


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De Impétueux, le 29 juillet 2009 à 18:44
Note du film : 6/6

Comme les choses sont bizarres et les clivages moins simples qu'on ne croit !

La 317e section, qui peut passer pour un film exaltant, schématiquement, des valeurs de droite (courage physique, vertu du sacrifice, dépassement de soi, sens de la discipline et de la hiérarchie) a été coproduit par Georges de Beauregard et photographié par Raoul Coutard, l'un et l'autre figures emblématiques, chacun dans sa partie, de ce que fut la Nouvelle vague, qu'on se figure habituellement comme de gauche. Mais rien n'est simple…

C'est évidemment le meilleur film qui se puisse sur la guerre lointaine de l'Indochine, cette nouvelle guerre perdue par la France, après la déroute de 40 et l'illusion de 45, guerre incomprise et mal supportée par des métropolitains qui songeaient avant tout à profiter de la prospérité retrouvée, à l'aube des Trente glorieuses, guerre menée au bout du monde par quelques officiers idéalistes et quelques soldats de fortune courageux jusqu'à la folie et amoureux d'un étrange pays…

Le meilleur film sur la guerre d'Indochine, davantage que Dien Bien Phu, du même Pierre Schœndœrffer, extrêmement fascinant, mais trop entrecoupé de lyrisme amer.

La 317e section commence d'ailleurs au lendemain du désastre, le 7 mai 1954, mais ne s'attarde pas un instant sur le panorama politique ou historique de la défaite. Ce qui fait la force du film, c'est sa noire dureté mais aussi l'acuité étouffante du récit, la vérité sèche et tendue des rapports humains, le courage sans ostentation de ce groupe d'hommes lancé dans la retraite au milieu de la jungle hostile, des partisans vietcongs, des populations inquiètes ou complices… Pas un iota de sentimentalisme, pas l'ombre d'un jugement : c'est l'exactitude froide du reportage, sans état d'âme et sans justifications.

Force du film qui a atteint sa cible et profondément impressionné les spectateurs, au delà des positions politiques violemment antagonistes que l'on pouvait alors avoir sur les guerres d'Asie. Car on n'imagine pas bien, aujourd'hui, combien la péninsule indochinoise a cristallisé de passions et de haines civiles : celles des dockers communistes de Marseille qui insultaient les troupes embarquées et sabotaient leur matériel ou celles des parachutistes désespérés par l'humiliation qui fourniront ensuite des troupes faciles pour les combats perdus de l'O.A.S. Et ça a continué, jusqu'en 1975, pour des combats qui n'étaient plus les nôtres, mais ceux des Américains… Singulière contrée, vraiment, dont le charme vénéneux rend fous ceux qui y touchent…

La 317e section n'a rien du baroque Apocalypse now, du sarcastique Mash, du désespérant Full metal jacket ; le film ne porte pas de réflexion sur le conflit, ne se demande pas pourquoi nous étions là-bas, ne suggère même pas qu'il n'aurait peut-être pas fallu y aller, mais que, puisque nous y étions, il fallait essayer d'y rester, parce qu'ensuite, le Cambodge des Khmers rouges, ça a été l'épouvante absolue (et d'ailleurs, parmi les coproducteurs du film, à côté de Georges de Beauregard, donc, il y a le roi Norodom Sihanouk, profond esprit politique, renversé par les Etats-Unis en 1970) ; le film ne montre qu'un groupe d'hommes qui tient debout et où, dans la pudeur absolue, se créent les plus belles fraternités qui se puissent.

Et c'est la guerre, pourtant, la guerre sauvage, la guerre révolutionnaire, la guerre loin des dentelles et des conventions civilisées : la guerre où l'on piège des cadavres, celle qui, quand on la fait, exige qu'on soit sûr d'une chose : c'est que l'objectif à atteindre justifie les pertes. C'est l'adjudant Willsdorf qui dit cela, une des figures les plus attachantes et les plus généreuses de guerrier que l'on puisse voir, un type créé pour la guerre, comme l'est le Capitaine Conan, mais avec une dimension humaine cent fois supérieure. Willsdorf, c'est Bruno Cremer, admirable de sobriété et de tenue qui touche à tout moment le spectateur, même quand il lance Viva la muerte ! ou laisse tomber Qu'est ce que ça veut dire dégueulasse ? C'est la guerre !.

Cremer trouve en Jacques Perrin, le jeune sous-lieutenant qui sort à peine de Saint-Cyr, une contre-figure étonnamment complémentaire et tout aussi attachante ; et pas de happy end : le sous-lieutenant Torrens, mortellement blessé, parce qu'il a peur d'être captivé et des bêtes sauvages se fait sauter avec la grenade que Willsdorf lui a laissée entre les mains ; la 317ème section est anéantie, et le carton de fin nous dit froidement que six ans plus tard, en Algérie, dans le djebel Amour, Willsdorf est tué.

La 317e section, c'est une épure ; sans doute pas sur la guerre, mais sûrement sur le guerrier…


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De Dantje, le 8 août 2010 à 22:50

Amoureux de l'Indochine j'ai tout particulièrement apprécié le film de P. Schoendorfer. La force des personnages rendait inutile l'engagement de gros moyens. Et comme disait Bruno Cremer: <Faut foutre le camp vite pendant qu'il est encore temps> et il a foutu le camp pour de bon. Pour moi, son meilleur role.


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