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Sujet : Crépusculaire


De vincentp, le 31 janvier 2010 à 18:01
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Noté 5/6. L'adaptation par Satyajit Ray du roman éponyme de Tagore Ce qui devait être le premier film de Ray s'avèrera être un de ses derniers (il est réalisé en 1984).

Quasi-absence d'humour, émotion moins présente qu'à l'accoutumée. Ray expose sans effet particulier (ou presque) de mise en scène, et de façon extrêmement sobre, sans lyrisme aucun, un conflit psychologique doublé d'un conflit social, ethnique, religieux et laisse le soin au spectateur de prononcer un jugement. On comprend néanmoins parmi les idées exprimées, que la fin ne justifie pas les moyens. On décèle également un certain pessimisme latent du propos ou bien une mise en garde exprimée par Tagore, via Ray : des comportements guère reluisants peuvent favoriser la réussite sociale individuelle, mais ne permettent pas la concorde sociale, ni le progrès collectif.

Le récit se déroule essentiellement dans la pénombre intérieure des pièces du palais, éclairé de façon magnifique. Une copie de qualité met en valeur le soin accordé à la lumière, et à la colorimétrie des décors. Quelques séquences mémorables : par exemple, le couple avançant lentement dans le couloir de la maison, ou les raccords subtils de l'image présentant différents visages de l'héroïne du récit, éclairant ses sentiments complexes et entremêlés -peine, regret-. Mais ce récit est placé -sans aucun doute volontairement- sous le signe de la sobriété formelle, pour donner plus de poids aux idées abordées. Ray est en fin de carrière et ne cherche visiblement pas à séduire, mais plutôt à relater, expliquer, éclairer des consciences.


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De vincentp, le 12 décembre 2016 à 10:10
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Film revu hier soir sur grand écran, pour un avis à la hausse. La maison et le monde (1984) est un film sombre, crépusculaire (dans tous les sens du terme – avec nombre de séquences nocturnes ou tournées dans la pénombre, éclairées par des bougies ou des feux de bucher), reprenant nombre d'éléments narratifs de Charulata pour les intégrer dans un drame psychologique, à visée plus politiquement engagée que dans Charulata. Depuis Charulata (1964), vingt ans se sont écoulés, le cinéaste a acquis une forme de sagesse et de sérénité liée à son âge. Sa vision du monde est devenue plus grave, plus pessimiste également, plus explicite.

Le cinéaste sait en 1984 quelles sont les valeurs morales à respecter, les moyens à mettre en œuvre pour atteindre un but légitime (l’indépendance et la pleine souveraineté de l’Inde, avec une coexistence pacifique des musulmans et des indhous). On pourrait gloser longtemps sur la richesse du propos et les qualités formelles de La maison et le monde… Laissons au spectateur le plaisir de la découverte. Il s’agit néanmoins d’un film rude, austère, long (2h20). Sans surprise, plusieurs spectateurs ont quitté la salle avant la fin du spectacle. Il ne s’agissait pourtant pas de monsieur et madame Michu !


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