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Forum : Le Cirque du docteur Lao

Sujet : Forains mystérieux

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De DelaNuit, le 9 décembre 2009 à 10:18
Note du film : 5/6

A l'heure où Terry Gilliam présente sur les écrans son nouveau délire, L'imaginarium du docteur Parnassus, salué par les critiques, je songe à ce petit film oublié de George Pal, qui pourrait bien faire partie de ses sources d'inspiration.

George Pal est ce réalisateur qui fit les beaux jours du cinéma fantastique des années 50-60 avec La machine à explorer le temps, Atlantis terre engloutie, La guerre des mondes, Les aventures de Tom Pouce, Le monde merveilleux des frères Grimm … Des films aux images aujourd'hui datées, mais tellement pleins de fantaisie et d'idées qu'on ne peut que les trouver sympathiques, si on ne craint pas le « kitsch ».

Dans Le cirque du docteur Lao, dont le nom original est « Les 7 visages du docteur Lao », on voit un vieux sage asiatique aux pouvoirs magiques (le docteur en question, alias Tony Randall grimé en chinois) traverser l'ouest américain dans sa roulotte de forain, et s'arrêter dans de petites villes chères aux amateurs de westerns pour y installer son cirque ambulant.

Et là, dans ces baraques foraines de fortune, les gens du coin croient trouver des mystères venus de contrées ou d'époques lointaines… mais c'est pour mieux se trouver face à face avec leur vraie personnalité cachée, leur côté obscur…

Car derrière les tentures les attendent les six pensionnaires ambigus du cirque : un vieux magicien à priori peu performant qui se prétend rien de moins que Merlin l'enchanteur, un philosophe grec fatigué répondant au nom d'Apollonius de Tyane (il a existé, c'était un de ces sages faiseurs de miracles qui arpentait le monde antique au début de notre ère mais dont l'aura fut éclipsée par un de ses confrères, originaire de Galilée…), une Gorgone à la chevelure hérissée de serpents et au dangereux regard, une créature des cavernes (alias un Morlock de La machine à explorer le temps réemployé !), un faune aux cornes et jambes de bouc joueur de flûte de Pan, qui pourrait bien être le dieu Pan lui même), et un serpent-dragon à visage humain, doué de paroles.

Tous ces personnages (l'un après l'autre interprétés par Tony Randall !) apparaissent à première vue miteux et décevants, mais leurs pouvoirs et leur sagesse se révéleront à qui saura voir et écouter. Telle l'institutrice timide (Barbara Eden) soudain émue et émoustillée par la danse lascive du satyre qu'elle croyait inoffensif, soudain prête à libérer ses désirs corsetés. Telle femme vaine et superficielle préfère en revanche ne rien retenir des avertissements du sage Apollonius, qui lui renvoie une image d'elle même qu'elle ne veut pas voir.

Quant à l'homme d'affaire véreux qui compte racheter la totalité de la ville à ses habitants car lui seul sait que du pétrole dort dans son sol, il a la surprise de trouver un visage semblable au sien sur le serpent à langue bifide…

Dans cette sympathique production sans prétentions, George Pal fait de nombreuses allusions à ses films antérieurs, réutilisant ici un costume, là des images, au service d'une fable philosophique à portée de tous. Voilà un film qui mériterait à mon avis une édition dvd.

D'autant que son sujet est proche de L'imaginarium du docteur Parnassus, actuellement sur les écrans, qui propose avec des effets spéciaux et un symbolisme plus élaborés et plus complexes une même réflexion sur ces baladins venus nous proposer, sous couvert d'un exotisme de pacotille, une rencontre existentielle avec le miroir, une invitation à la connaissance de soi, à la conscience de nos actions et de leurs conséquences…

Encore une fois, les légendes et la Mythologie, sous couvert d'histoires colorées que certains croient enfantines, nous invitent à une réflexion de fond sur soi et le monde qui nous entoure.


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