C'est une déception en ce qui me concerne, et pourtant j'attendais vraiment depuis longtemps de voir la version originale de ce film, avec ses photos très belles et son réalisateur au nom fantastique à lui tout seul. Bon, j'ai sans doute eu un problème du fait que j'ai vu le film de Carpenter avant, un film que j'avais bien apprécié malgré sa mauvaise réputation… Et Big John est très fidèle à l'original, reprenant toute ses bonnes idées et en gommant certain de ses défauts.

Alors en essayant de me placer dans la peau du spectateur qui découvre le film à l'époque, il faut quand même mettre au tribut de Rilla d'avoir créer toute ces images fortes devenus plus ou moins mythiques: le village évanouit, les fameux enfants donc, et le mur de brique. Mais j'ai trouvé que le film était plus désuet que poétique. La mise en scène est fluide mais peu inspirée dans l'ensemble, et le film est sans doute trop court, presque expéditif… Carpenter a crée de superbes compositions en cinémascope avec l'idée de la ligne blanche, et il avait lui emmené des intrigues secondaires que je trouvai intéressante, comme le fait qu'un des enfants puisse être tenté de devenir humain et s'extraire du groupe.

Le film de Carpenter dans tout son ensemble est plus humain d'ailleurs, tout particulièrement en ce qui concerne les personnages. Transposé aux Etats-Unis, l'idée communautaire était plus intéressante, ici dans ce petit village anglais, on a un club de trois ou quatre personnes agées en complet veston discutant du sort des enfants, ce qui n'est guère palpitant. La différence d'âge entre Sanders et sa femme renforce le côté paternaliste un peu agaçant. Zellaby n'est pas un personnage très net et attachant… Même quand il va s'agir pour lui de racheter son erreur d'appreciation, la chose est mal emmené.

Ceci dis, tout ça me donne l'envie après "La révolte des Triffides" de découvrir John Wyndman en tant qu'écrivain.

Pas folichon ce film ou Georges Sanders commence à amorcer gentiment sa descente vers l'anonymat. Pas de vibrations ni d'effrois dans ces scènes laborieuses de récupérations momentanées d'esprits par des enfants dont l'un pense ce que pensent les autres et réciproquement.

Ca se regarde sans pression en arrosant ses fleurs ou en consultant la rubrique mondaine de son quotidien préféré.

L'idée d'inverser les rôles en donnant l'intelligence supérieure, la force, l'indépendance, la dominance à des enfants ayant droit de vie ou de mort sur des adultes effrayés aux bottes de cette progéniture hyper douée mais dangereuse au faciès presque identiques demeure une idée originale qu'une réalisation bien terne maintient dans les bas étages.

Dommage.

Par contre son impact en 1960 devait être certainement plus prenant, il faut en tenir compte.

Dans mon souvenir, le remake de Carpenter était plutôt réussi…