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Forum : Main basse sur la ville

Sujet : D'une actualité brûlante - surtout ici


De cpr59, le 31 octobre 2004 à 20:10

Par les temps qui courent (politique, tourisme, Italie…… un film qui n'aura pas perdu de son actualite)

Difficile de comprendre la disparition de tant de catalogues des films merveilleux de Rosi!


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De Arca1943, le 1er novembre 2004 à 19:45
Note du film : 6/6

Il est évident que, si l'on fait le bilan, époque pour époque, du nombre de films italiens des années 50-60-70 disponibles sur DVD, comparé au nombre de films américains ou français, c'est une sacrée anomalie. À plus forte raison encore si on se concentre sur sa période la plus intense de toutes – disons grosso modo 1960-1975, pendant laquelle fut réalisé ce film comme de nombreux autres grands ou grandissimes. Incroyable, tout ce qui manque, même dans le plus essentiel, le plus évident.

C'est aussi un mystère à élucider : Où sont tous ces films? Qui en détient les droits? Tant que je ne le sais pas, je ne peux pas mettre sur pied le cambriolage nocturne de mes rêves, organisé « sc-sc-sc-scientifiquement », pour mettre enfin la main sur ces damnés films !

Encore aujourd'hui, Main basse sur la ville reste le modèle par excellence du film politique. Intense, dynamique, monté à la manière d'un thriller, capable de faire toucher du doigt, avec une clarté peu courante, toute la complexité de ce noeud de vipères immobilier et de la situation politique au parlement municipal (m'étant documenté depuis, je peux identifier le « laurismo », mouvement monarchiste-populiste d'Achille Lauro, alors au pouvoir à Naples, et l'opposition divisée entre démocrates-chrétiens et communistes). Et puis Rod Steiger y est sensationnel. Et puis il n'y a pas de satané happy end : la corruption triomphe dans un finale de choc que je ne suis pas près d'oublier. Et puis la ligne de contrebasse dans le jazz légèrement dissonnant de Piero Piccioni me hantera toujours.

Un classique indispensable, à la facture étonnamment moderne, sans fioritures et sans bavures.

Bref un must absolu!

Et comme je ne recule devant aucun moyen ni aucune rhétorique pour mettre la main sur les DVD de mes films préférés, disons-le tout net : tous ceux qui ne signent PAS la pétition pour Main basse sur la ville sont complices – oui, complices, même ceux qui comme moi n'étaient pas encore nés – de la corruption immobilière à Naples et dans tout le Mezzogiorno au tournant des années soixante! Là!

Arca1943


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De Arca1943, le 22 février 2005 à 03:55
Note du film : 6/6

Voilà ! 500 visiteurs pour la fiche de Main basse sur la ville. C'est forcément pur amour du cinéma : s'il y a une chose inimaginable de nos jours, comparé à Naples en 1962, c'est bien la corruption immobilière…


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De moumouju, le 5 juin 2005 à 04:20
Note du film : 6/6

C'est le seul film authentique, vrai, lucide que j'ai jamais vu sur l'urbanisme, la pression foncière bref la politique de la ville en matière immobilière!votez pour lui, il en vaut la peine..


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De moumouju, le 12 juin 2005 à 06:21
Note du film : 6/6

j'ai déjà voté, mais je tiens à vous remercier pour votre message; je partage votre interrogation: mais où sont donc tous ces films? pourquoi ont-ils sombré dans l'oubli? je ne crois pas au hasard: cela signifie quelque chose!! on nous assomme de films sans finesse, sans esprit critique, dénué de repères historiques, mais englués d'effets spéciaux, de scénari boiteux, enfoncés dans un imaginaire fantastique stérile,

néfastes pour l'esprit et somme toute ennuyeux,oui, cela signifie que la culture cinématographique est en danger et qu'il ne faut pas rester complice en se taisant,vous avez raison!


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De vincentp, le 26 octobre 2005 à 12:48
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Le générique d'ouverture donne le ton : la ville -réelle- de Naples a été construite selon des normes architecturales plus que suspectes…

Quelle en est l'origine ? La cupidité humaine, certes, génératrice de corruption, mais aussi plus globalement les contraintes économiques, politiques et sociales inhérentes à une région pauvre et qui nécessitent de traiter dans l'urgence la misère sociale.

Ce traitement de choc est mis en oeuvre avec le soutien tacite des institutions locales (religieuses et militaires) et du pouvoir politique central de l'Italie, chacune de ces composantes de la société y retrouvant son compte.

Ce film est-il aussi pessimiste que vous le dites, Arca1943 ? Pas sûr. Les pratiques locales reposent certes sur une forte corruption, mais celle-ci est digérée, institutionnalisée, et aboutit au final à un embryon de progrès économique et social. Il régne de plus une certaine complicité entre les différentes formations politiques, les escarmouches étant de façade. On peut supposer par ailleurs que si l'opposition de gauche au conseil municipal prenait le pouvoir, elle serait confrontée aux mêmes difficultés et succomberait, elle aussi, à la corruption.

Au final, un excellent descriptif des règles qui régissent une micro-société à un moment donné, qui demeure d'actualité, et qui est donc à découvrir ou à redécouvrir par le biais du dvd.


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De Arca1943, le 30 octobre 2009 à 04:33
Note du film : 6/6

En pleine campagne électorale municipale – qui a lieu demain le 1er novembre dans toute la province de Québec – les révélations se sont précipitées sur les liens entre entrepreneurs en construction, firmes de génie-conseil, édiles municipaux, syndicats de la construction et crime organisé. Et ce particulièrement ici, à Montréal, ma belle ville à moi.

Beaucoup, dont moi, croyaient que ces relations incestueuses avaient été nettoyées pour de bon dans les années 70 par la Commission d'enquête sur le crime organisé, qui avait donné un sacré coup de torchon, démantelé maintes combines et gabegies, et contribué particulièrement à faire tomber de son trône le redoutable André "Dédé" Desjardins, véritable bandit qui présidait alors le syndicat FTQ-Construction.

Mais au cours des derniers mois, nos journalistes – notamment les excellents Marie-Maude Denis et Alain Gravel, de Radio-Canada – ont mis en lumière, d'une part, que la FTQ-Construction est à nouveau infiltrée par le crime organisé (et évidemment certains se demandent si elle avait jamais cessé de l'être) et d'autre part, que les appels d'offres publics de la Ville de Montréal, depuis des années, sont systématiquement truqués par un groupe d'entrepreneurs qui se partagent les contrats et empêchent les autres de soumissionner en usant de pressions, menaces et gros bras. Il semble admis désormais que la Ville aurait payé ses travaux 25% trop cher en moyenne parce que le principe du plus bas soumissionnaire était saboté par ce système d'attribution parallèle.

Les révélations se sont succédé à un rythme effrené depuis le début de la campagne électorale. Quelques mois avant la campagne, le directeur du conseil exécutif (c'est à dire le no 2 des élus municipaux) a dû démissionner pour ses liens douteux avec un gros entrepreneur en construction qui a sa main partout. Et depuis, le numéro 2 de l'opposition au conseil de ville a lui aussi dû démissionner – en pleine campagne électorale ! – pour avoir accepté un financement illégal de ce même entrepreneur.

Parmi les détails "qui en disent long", il en est deux chers à mon coeur. D'abord, c'est que cet entrepreneur qui est le plus gros de tous, celui dont le nom revient le plus souvent dans les "affaires" qui nous pleuvent dessus depuis quelques mois à la stupéfaction grandissante, celui qui a décroché le plus de contrats de la Ville, qui est le grand ami à la fois des chefs syndicaux et des édiles municipaux, est aussi un monsieur d'une extrême discrétion qui a toujours fui les caméras. Même les intrépides Alain Gravel et Marie-Maude Denis n'ont pu dénicher de cet entrepreneur multimillionnaire qu'une photo prise à la sauvette voilà des années, et franchement plutôt floue. Le visage de Tony Accurso reste inconnu.

L'autre détail cher à mon coeur, c'est que les entrepreneurs, hauts fonctionnaires municipaux et ex-cadres syndicaux qui acceptent de se confier aux journalistes de Radio-Canada refusent pour la plupart de le faire à visage découvert. Ils parlent derrière une vitre, ou dans le noir, et leur voix est modifiée par un appareil. Eeeeh, me dis-je. S'ils ont si peur, c'est qu'ils savent à qui ils ont affaire.

Il faut se rendre à l'évidence : la Mafia a fait main basse sur ma ville.


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De vincentp, le 30 octobre 2009 à 09:33
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Un grand merci pour ces Révélations qui sonnent de ce côté-ci de l'Atlantique comme un tonnerre de Brest ! Soyez prudent, tout de même (que deviendrait ce forum sans vous si "Dédé la muerte" ou "Tony Camonte" vous font la peau ?). Assurez vos arrières avec Le garde du corps mis gracieusement à votre disposition, voire avec l'appui de votre double mystérieux, alias Sandokan du forum de dvdtoile.

Et pour vous rassurer, sachez que cette semaine, en France, on apprend :

  • que monsieur Chirac (présumé innocent) est envoyé devant le tribunal correctionnel pour une histoire d'emplois fictifs
  • que des personnalités comme monsieur Pasqua (il a fait appel) sont condamnés à des peines de prison pour une affaire politico-financière liée à des ventes d'armes

Et il y a eu la désignation avortée d'une élève de deuxième année de droit âgé de 23 ans, à la tête de l'EPAD de la Defense, le plus grand centre d'affaires européen.

La réussite sociale, tant louée par les médias, par l'opinion, passe forcément par des combines; il ne faut pas être naïf : la progression sociale liée au travail pur rencontre rapidement ses limites… Il faut savoir s'en accomoder. C'est le prix à payer pour vivre dans une société démocratique. Ma réaction, vis à vis de votre affaire immobilière -suscitant votre message d'homme de "gauche"-, serait donc bien différente de la vôtre.

J'exigerais, à votre place, un nettoyage minimum à Montréal (à la Sidney Lumet), pour calmer les appétis les plus aiguisés, et pas une opération "salle blanche" !

Et faites gaffe à vous !


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De Arca1943, le 30 octobre 2009 à 16:47
Note du film : 6/6

« La réussite sociale (…) passe forcément par des combines. (…) Ma réaction, vis à vis de votre affaire immobilière – suscitant votre message d'homme de "gauche" – serait donc bien différente de la vôtre. »

Il me semble que c'est plutôt votre réaction, cher VincentP, qui est à "gauche" de la mienne. Auriez-vous oublié que je suis un Libéral ? Je ne crois pas du tout que la « réussite sociale passe forcément par des combines ». Pas plus, bien sûr, que je ne crois que le syndicalisme mène forcément à pactiser avec les Hell's Angels, comme c'est le cas ici.

Par ailleurs, j'ai laissé mon message sur la fiche de ce puissant film de Francesco Rosi pour souligner que 45 ans plus tard, il n'a absolument rien perdu de son à-propos. Les enjeux sont les mêmes et les méthodes aussi. En me préparant à aller voter, je me repasserai en boucle la bande sonore de Piccioni et sa légendaire ligne de contrebasse…


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De vincentp, le 30 octobre 2009 à 18:13
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Il existe des libéraux de gauche et de droite ; ce terme peut être interprêté de façon très différente. Et je crois que les arguments liés à votre cri du coeur anti-maffia, contre les turpitudes, vous positionne à gauche, comme plusieurs autres intervenants de ce forum, que je ne nommerais pas.


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De Arca1943, le 30 octobre 2009 à 19:21
Note du film : 6/6

« …je crois que les arguments liés à votre cri du coeur anti-mafia, contre les turpitudes, vous positionnent à gauche… »

Allons VincentP, seriez-vous un brin factieux ? Rien, au contraire, n'est moins relié aux idéologies politiques que la lutte contre la mafia. Les deux juges italiens assassinés en 1992, Falcone et Borsellino, étaient de bords opposés : l'un de droite et l'autre de gauche (je ne me souviens pas lequel est lequel, vu que je suis au bureau je n'ai pas mes précieuses petites fiches).


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De vincentp, le 30 octobre 2009 à 21:02
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Certes, certes, mais votre indignation clamée haut et fort dans ces colonnes ne se réfère pas à la doctrine papale (vous n'êtes donc pas démocrate chrétien), n'est pas motivée par une dénonciation des entraves liées à la mécanique des marchés (vous n'êtes donc pas un libéral de droite) : votre cri du coeur s'apparente à un "j'accuse" de Emile Zola. Vous êtes dans la droite ligne de Francesco Rosi, et de la thématique déployée dans Main basse sur la ville : des intérêts privés capturent à leur profit l'intérêt général.

Arca, vous êtes un homme de gauche qui s'ignore, alors que Alholg et Pm Jarriq assument ouvertement cette orientation, face à un compagnon de longue route du gaullisme comme Impétueux. Et moi, bien sûr j'arbitre tout cela !

Tout ceci pour inviter le lecteur de ce fil à (re)découvrir Main basse sur la ville que je présenterais comme suit : pas de spectaculaire, mais sur la durée, le sérieux du propos, l'argumentation solide, l'ancrage des faits sur le terrain, près d'une réalité tangible, frappe notre imagination. Rosi filme la ville ordinaire, celle que nous cotoyons, ses ruelles sales, ses immeubles dégradés, ses projets urbanistiques ambitieux, ses citoyens ordinaires, ses décideurs politiques empêtrés dans des contradictions. Le cinéaste montre également la lisière entre la ville et la campagne, et le développement anarchique qui s'opère à cet endroit. La séquence introductive, à mon sens (représentant ses immeubles vétustes construits selon une logique financière) est magnifique.

Sans doute un des plus beaux films jamais consacrés à la ville contemporaine, que javais découvert lors d'une après-midi studieuse au forum des images, dans le cadre d'un cycle sur le thème de l'architecture urbaine. Etaient également projetés cette après-midi -mémorable- trois autres chefs d'oeuvre sur ce sujet : Chien enragé, Le rebelle, et un cout métrage de Pasolini (le cinéaste qui a peut-être le mieux illustré le thème via Accatone et Mamma Roma).


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De La lectrice, le 31 octobre 2009 à 17:40
Note du film : 6/6

A quelle droite appartenez vous exactement Impétueux ?

Je vous demande ca, parce que j'ai lu de votre part, à plusieurs reprises que vos opinions, allaient dans le sens de celles de Frétyl.

Ne croyez surtout pas que mon message soit une provocation. Et si vous me trouvez trop indiscrète, ne vous voyez pas obligé de répondre.


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De Impétueux, le 31 octobre 2009 à 19:14
Note du film : 5/6

Quand Frétyl déconne et provoque, je ne vais sûrement pas dans son sens ; mais, depuis son apparition sur ce forum, il y a quelques années, à l'époque où la plupart de ses textes frisaient le carton rouge, il a fait des progrès notables, presque même aussi en orthographe…

Dès lors, qu'il ait pour le Front national des yeux doux ne me dérange pas plus que ça ; je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas à la fois aimer Le Pen et le cinéma. Souvenez-vous (ou apprenez) que ce qui fut, à son époque, une Histoire du cinéma modèle fut signée par Robert Brasillach et son beau-frère Maurice Bardèche (si ces noms ne vous sont pas familiers, reportez-vous à votre Wikipédia habituel).

Et me demander de quelle droite je suis est un peu vain et absolument sans aucun intérêt pour le forum. Que voulez-vous dire, d'ailleurs par là ? Pour qui je vote ? Voilà qui dépend de la circonstance, de l'humeur, de mon plaisir du contrepied ; (après avoir voté Chevènement au 1er tour de 2002, je n'ai sûrement pas voté Chirac au second…)

On n'est pas de droite ou de gauche par rapport à ces babioles électorales ; j'ai donné un bout de la réponse dans mon message précédent…


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De La lectrice, le 31 octobre 2009 à 20:31
Note du film : 6/6

Que vous ou Frétyl vous votiez Le Pen ne me dérange pas une seconde, croyez le bien.

Mon mari et moi sommes d'ailleurs des fidèles du Front National même si nous avons , eu le tort, de ne pas nous être déplacé, au cour des dernières élections. Erreur qui sera réparé, je vous l'assure aux prochaines régionales.

Par contre je ne comprend pas votre admiration pour les collaborateurs Brasillach et Bardéche ?


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De Impétueux, le 31 octobre 2009 à 21:42
Note du film : 5/6

On va arrêter là, parce que ce n'est ni le lieu, ni le moment, ni l'esprit du site…

Où avez-vous vu que je vote pour le Front National ?

Où avez-vous lu que mon admiration pour l'Histoire du cinéma des deux auteurs que j'ai cités valait admiration pour leur action politique ?

J'aurais dû refuser d'entrer dans ce débat idiot, qui n'apporte rien à personne.


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De droudrou, le 31 octobre 2009 à 21:52

Car c'est un bon camarade !
Oui c'est un bon camarade !
Car c'est un bon camarade !
Nous l'apprécions tous !
On dirait les Joyeuses commères de Windsor ! (Otto Nicolaï)
http://musique.fnac.com/a369517/Otto-Nicolai-Les-Joyeuses-commeres-de-Windsor-CD-album?Mn=-1&Ra=-29&To=0&Nu=6&Fr=0


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De vincentp, le 31 octobre 2009 à 22:37
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Je m'interroge -mais sans réponse- sur le sérieux du message de "la lectrice". On touche là aux limites des messages publiés par des contributeurs anonymes. Mais il vaut mieux effectivement en rester là !


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De Arca1943, le 31 octobre 2009 à 23:18
Note du film : 6/6

Oui, restons-en là, VincentP. Mais vous pouvez vous estimer chanceux ! Car index levé et projecteur de diapositives sous le bras, je vous mitonnais une conférence de derrière les fagots intitulée : Libéralisme, une philosophie de la liberté où j'essayais de prouver que vous êtes un homme de centre-droite qui s'ignore. Alors, vous y avez échappé… pour cette fois !


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De Gilou40, le 13 septembre 2010 à 23:06

Il faut quand même que je me décide à écrire ce qui suit. Quitte à me faire traiter de conne , de flaque d'eau, ou de débile. J'ai regardé hier au soir Main basse sur la ville. Avant, je suis venu sur ce site, ou sévissent quelques contributeurs que je qualifie de censés et je me suis inquiétée de savoir ce qui m'attendait. Les chefs-d'œuvre foisonnant, je me suis installée devant ma télé sans appréhension .

Et bien non, décidément non, le cinéma italien ne me ""parle"" pas. Et donc, je ne ""l'entends pas"". Et voilà bien des années que ça dure ! J'ai vu Le pigeon de Mario Monicelli, Le fanfaron de Risi, La dolce vita de Federico Fellini, Les enfants nous regardent de Vittorio De Sica et d'autres que j'oublie. Jamais je n'ai accroché à ce cinéma là ! Deux films ont trouvé grâce à mes yeux : Le fou de guerre et La strada.

Je ne comprends pas… Il y a pourtant un scénario, des protagonistes. Mais cette façon de présenter et de filmer les choses, ça me déroute ! Peut être faut-il bien connaitre l'Italie pour apprécier pleinement son cinéma. Je ne la connais pas. Ce ne sont pas les trois séjours très courts que j'ai fais là-bas qui peuvent me faire prétendre connaitre ce Pays. J'ai aimé ce pays, cette population. J'ai surtout apprécié l'extraordinaire appétit de vivre de ces gens là ! En revenant en France, il m'a semblé retombé dans un immense chaudron de déprime…Mais je suis "fermée" à leur cinéma. J'ai toujours l'impression de voir du Godard exalté. Je ne trouve pas ce cinéma mauvais. Je ne l'"entends" pas ! Je le comprends, mais il m'ennuie par sa façon d'être. Quand je vois un film italien, c'est comme quand je regarde La quatrième dimension. On dirait que rien n'est réel, qu'on a l'impression de rêver.

La strada, c'est précis, concis. C'est comme si je voyais un film français, mais avec des acteurs italiens. Pareil pour Le fou de guerre. Mais pour le reste, non. Je ressens le cinéma italien comme les mathématiques. On dirait toujours de grandes équations à déchiffrer, à démonter. Je n'y arrive pas…

Si quelqu'un peut me dire quelque chose..


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De vincentp, le 14 septembre 2010 à 09:40
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Le Cheik blanc ou I vitelloni devraient plus vous convenir que les films politiques de Rosi.


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De Impétueux, le 14 septembre 2010 à 16:02
Note du film : 5/6

Si Gilou40 n'a pas accroché au Pigeon ou au Fanfaron, je crains que son cas ne soit désespéré et qu'il serait vain de lui conseiller quoi que ce soit des chefs-d'œuvre du cinéma italien, que ce soit Sciuscia, Le voleur de bicyclette, Mes chers amis, L'argent de la vieille, Affreux, sales et méchants,Parfum de femme ou Nous nous sommes tant aimés.

Désespéré, qu'on vous dit….

Cela étant, comme le dit sagement et en substance AlHolg, il y a plusieurs demeures dans la Maison du Père…


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De Arca1943, le 14 septembre 2010 à 18:59
Note du film : 6/6

C'est un très beau cas. Il est vrai que si ni Le Pigeon, ni Le Fanfaron n'ont trouvé grâce aux yeux de notre amie, il serait sans doute hasardeux de rempiler avec une autre comédie à l'italienne. Pourtant, je donnerais au moins une chance à Nous nous sommes tant aimés, qui sait. Mais voyons les choses du bon côté : si à mes yeux, Le Fou de guerre semble assez poussif aux entournures, Gilou40 l'a à la bonne. Voilà au moins un film italien qu'elle aime plus que moi…

Autrement, je tenterais le coup avec des échantillons aussi disparates que possible. D'abord, la suggestion de AlHolg, Été violent, très beau film d'amour sur fond de Seconde Guerre mondiale. Ensuite, pourquoi pas un beau mélodrame comme L'Incompris, suivi de Cinéma Paradiso ; ensuite, histoire de faire contraste, un western de choc, Le Grand silence ; puis pourquoi pas une comédie fantaisiste de Nichetti, soit Le Voleur de savonnettes ou L'Amour avec des gants (Volere volare) ? C'est du burlesque, aux antipodes de la comédie à l'italienne, alors nous avons peut-être une chance…

Ensuite, hum, voyons voir, si la patiente survit… peut-être aller vers le salé pour ne pas dire le salace avec, hum, Sexe fou ? Ou Malicia ? Ou Ma femme est un violon ? (Mais pas les trois, juste un !). Gilou40 n'aime pas non plus le captivant Main basse sur la ville, alors j'élimine a priori (la mort dans l'âme) les grands thrillers politico-policiers, même (snif !) Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon et La Scorta. Et évidemment, j'hésite à lui recommander le magnifique, le bouleversant Nos meilleures années, vu que ça dure quand même pas loin de six heures, alors si elle n'aime pas, c'est long longtemps !

Impétueux a sans doute raison : le cas est désespéré…


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De sophie75, le 16 septembre 2010 à 15:19
Note du film : 4/6

Sans vouloir absolument défendre le point de vue de Gilou40, je dois avouer aussi une certaine retenue à l'encontre de ce cinéma italien politisé et cynique. Pourquoi un tel manque d'appétence ? Je ne saurais le dire. Peut-être ce cinéma est-il par trop réaliste, nous raconte-t-il pas les dérives qui ont cours à l'heure actuelle aussi bien chez nos voisins transalpins que chez nous. Il y a toujours ce climat lourd, nauséabond, malgré quelques tranches de rire.

Comme dans le voleur de bicyclette, Rosi décrit un climat social pourri, une corruption latente, une pauvreté navrante qui pousse certes le spectateur à la réflexion mais ne l'amène pas sur les fonds baptismaux de la franche rigolade. Tout rappelle le drame, l'humiliation, la vanité de la vie… Non, vraiment ce cinéma est trop austère, jamais onirique, mais brut, réaliste et rarement optimisme. La misère est le fil conducteur de nombre de ces films.

Le voleur de bicyclette évoque l'humiliation et la crise sociale; Les damnés la délation ; Le fanfaron la mélancolie… Bref que des thèmes qui vous font saliver, messieurs, mais qui me font trouver le temps long devant mon écran.

Impétueux utilise le terme de désespéré à l'endoit des choix cinéphiliques de notre amie, alors que j'utiliserai ce mot au contraire pour qualifier ce cinéma réaliste et politique italien qui critique et montre mais ne propose jamais rien de novateur comme la majorité des hommes politiques de chez nous !


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De Impétueux, le 16 septembre 2010 à 19:31
Note du film : 5/6

J'ai simplement écrit à Gilou40 que son cas était désespéré, puisqu'elle a vu sans les apprécier, quelques chefs-d'œuvre du cinéma italien ; ses choix, par ailleurs ne sont pas plus désespérés que les miens, que les vôtres, que ceux de tout le monde.

AlHolg l'écrit fort bien : persévérer (…) ou renoncer : le Septième art est assez riche et divers pour que vous y trouviez votre bonheur.

Au nom de quoi nous imposerions-nous des visions de films qui ne nous parlent pas ? Gilou40 a essayé, et avec de la variété dans ses choix ; elle n'accroche pas… nous pouvons le regretter pour elle, ou nous en ficher complètement… elle a l'honnêteté d'écrire que la comédie à l'italienne n'est pas son truc.

Certains ici, parmi les meilleurs, (Arca, notamment, je crois) n'accrochent pas à la comédie musicale ; c'est leur affaire… et on ne va pas essayer de leur dire qu'ils ont tort, que s'ils regardent ceci ou cela, ils vont être touchés par la Grâce… Il y a des amateurs de films d'horreur, de péplums, de mélodrames, de westerns… il y a des cinéastes avec qui on n'a pas la moindre connivence (je ne peux pas supporter Visconti).

S'il vous plaît, n'en tirons pas des conséquences lourdes : chacun fait ici et regarde ici ce qui lui plait…

Et vous, Sophie75, vous n'appréciez pas le ton grinçant et souvent pathétique de la comédie italienne ? Comme Frétyl, vous n'aimez pas – ou n'aimeriez sûrement pas – un truc comme Mes chers amis, sans doute ? Eh bien, que voulez-vous qu'on y fasse ? Si vous aimez les films optimistes, sans autre arrière-plan que la bonne soupe comique, il y a pléthore de films qui vous amuseront, du côté de chez Louis de Funès ; et si vous aimez la féérie, rejoignons-nous, vous et moi sur Les demoiselles de Rochefort ou Peau d'âne

Mais je vous préviens que j'aime aussi beaucoup Cannibal holocaust… (au fait, le réalisateur, Ruggero Deodato est italien…)


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De sophie75, le 17 septembre 2010 à 14:42
Note du film : 4/6

Je ne cherchais pas la polémique mais si certains cas sont désespérés, c'est votre opinion avec une once de mauvaise foi ordinaire. Mais là n'est pas le problème. J'ai mal compris vos dires et je vais de ce pas à Canossa.

Comme de bien entendu, vous et d'autres clament à hue et à dia la qualité de ces chefs-d'oeuvre italiens que je consière comme des oeuvrettes parfois subtiles, parfois élégiaques mais dont le ton souvent monocorde, poussif et plaintif confine une cantilène ennuyante.
Je ne vous conteste pas le droit, dieu m'en préserve, d'aimer ces héroïdes grinçantes et subversives. Mais laissez-moi y mettre un bémol si le coeur m'en dit plutôt que de me proposer de regarder des sous-comédies avec De Funès. Et là, je sens un ton ironique poindre derrière vos propos. Puisque cette petite sotte n'aime pas ces comédies à l'italienne, ces faibles capacités intellectuelles ne la destinent qu'à zieuter des bluettes pour midinettes et des pochades à trois francs six sous.

Je n'aime pas que l'on fasse preuve d'outrecuidance comme certains ont l'habitude de faire à l'encontre des préférences de divers forumeurs. Lorsque l'on analyse différemment des films labyrinthiques, on s'entend dire que l'on "overinterprète" à notre sauce ou alors dans le cas inverse, lorsque l'envie d'approfondir ne nous effleure pas les neurones, nous voilà quasiment comparer à des péronelles tout juste bonnes à s'empiffrer de comédies à la de Funès. Souffrez messieurs de votre fatuité, oui l'intelligence n'est pas l'apanage seul de ce carré de monarques tout-puissants qui bêlent sur de nombreuses fiches de films. Oui, j'aime des sucreries américaines avec Audrey Hepburn, Cary Grant ou Doris Day, mais celà ne m'empèche pas d'apprécier des films noirs de Melville ou Dassin, des péplums, mêmes des drames ou des westerns notamment avec Gary Cooper, John Wayne ou James Stewart.


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De Arca1943, le 17 septembre 2010 à 14:46
Note du film : 6/6

Et là, je sens un ton ironique poindre derrière vos propos. Puisque cette petite sotte n'aime pas ces comédies à l'italienne, ces faibles capacités intellectuelles ne la destinent qu'à zieuter des bluettes pour midinettes…

Je crois qu'il y a un sérieux malentendu ici : en termes de status, les comédies à l'italienne sont l'équivalent – au plan du public qui les fréquente – des comédies de De Funès ou De Broca en France. Ils font rire des millions de spectateurs et défoncent le box-office. La Grande Guerre avec les comiques Sordi et Gassman fut autant un immense blockbuster que La Grande vadrouille avec les comiques Bourvil et De Funès. C'est juste que comme la culture populaire en France et en Italie ne sont pas interchangeables, ce n'est pas le même genre d'humour. Alors vous ne pouvez pas faire passer Impétueux pour un méchant intellectuel sous prétexte qu'il aime ces films-là : en fait, dans ce cas précis ce serait plutôt le contraire.

« Pourquoi fais-tu ce petit cinéma ? » demandait en 1961 le méprisant Antonioni, parangon du "grand auteur", à son collègue Dino Risi, spécialiste de la farce… Ce n'est pas parce qu'un film est étranger qu'il est "intellectuel". Vous semblez tenir absolument à mettre tout le cinéma italien dans un seul sac, ce qui ne peut évidemment pas plus tenir la route que si on tentait la même chose avec le cinéma français.


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De sophie75, le 17 septembre 2010 à 15:06
Note du film : 4/6

Où avez-vous lu dans mes propos une corrélation directe entre films italiens et cinéma d'intellectuel??? Il faut arrêter de prendre les gens pour des pécores. Je ne crois pas être plus bête qu'un bivalve parce que j'évite la masturbation intellectuelle que certains portent en étendard.

Ensuite, mon point de vue n'engage que moi et si je m'égare parfois dans des racourcis assumés ou si je titille volontiers certains pour leur mauvaise foi avouée, il faut se souvenir de l'adage qui aime bien châtie bien. Mais parfois aussi un bon coup de pied au derrière est très salutaire.


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De Arca1943, le 17 septembre 2010 à 15:30
Note du film : 6/6

Bon, je vais essayer autrement, alors. Soit la proposition suivante : les films français sont chiants. Voilà. Alors maintenant, réfutez mon point de vue.


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De sophie75, le 17 septembre 2010 à 18:14
Note du film : 4/6

Bravo à Arca1943 je n'aurais pas dit mieux. Refermons la parenthèse.

Juste pour l'anecdote, je voudrais évoquer le personnage du politicien impuissant Balsamo (Angelo D'Alessandro) dans le film, chirurgien, indigné contre le pouvoir mais qui n'hésite pas à naviguer entre deux eaux en raison de la mésalliance de son chef pour ne pas échouer dans son combat d'idée. Il fait preuve d'une "sagesse triomphante". Ce Balsamo-là n'est pas sans rappeler un autre Balsamo, de son prénom Joseph, qui est plus connu sous le patronyme du comte de Cagliostro, médecin aussi chez les frères de la Miséricorde et surtout conspirateur à ses heures contre la couronne de France et Marie-Antoinette en particulier.

Joseph Balsamo fonda en son temps la loge maçonnique "la sagesse triomphante". Le compte de Cagliostro mourut en prison non pas comme conspirateur mais comme hérétique. Eh oui c'est bien connu nombre d'hommes politiques finissent en martyrs!


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De Impétueux, le 28 mai 2020 à 20:47
Note du film : 5/6

Mystères et grandeurs du cinéma ! Comment Francesco Rosi peut-il pendant une heure et demie nous fasciner et nous retenir sur l'histoire assez banale (assez désespérante, il est vrai aussi) des manipulations, magouilles, coquineries, prévarications et autres corruptions qui ravagent une grande cité, qui la mettent en coupe réglée et qui s'éternisent et s'éterniseront. Il y a un côté intelligemment documentaire sur la façon dont les grands manipulateurs de l'opinion – je veux dire les élus du peuple – se débrouillent toujours pour rouler tout le monde et se succéder aux postes de responsabilité. D'ailleurs même si Rosi penche nettement à gauche, on peut être certain que sous les mandatures communistes qui se sont succédé à Naples (dès 1975 jusqu'à 83 puis entre 1993 et 2000) les crapuleries ne se sont pas interrompues. C'est comme ça ! Le Pouvoir corrompt, on le sait depuis toujours.

Ah, la corruption, voilà un grand mot lâché, une horreur que depuis des siècles on fustige, qu'on dénonce et qu'on vilipende. Et à quoi arrive-t-on ? Pour expliquer ma position, je vais choisir une voie assez triviale. Comme je suis plutôt un homme d'intérieur et crois au partage des tâches ménagères, voilà un boulot, celui du nettoyage, qui me revient dans la famille. Eh bien, quel que soit le soin extrême que je mets à éliminer la poussière ou les salissures, ça fait tout de même quelques décennies que je constate, à mon grand dam, que, quelques jours ou quelques semaines après que j'ai donné le meilleur de moi-même, avec mon aspirateur ou ma raclette à vitres, il faut recommencer ! Étonnant, non ?

Eh bien, la corruption, c'est comme la poussière : on a beau l'éliminer un temps, ça revient toujours. On ne change pas la Nature humaine. Voilà qui ne nous écarte que modérément du cinéma qui a l'art, comme la littérature, d'enfoncer avec constance des portes ouvertes. Et ceci n'est nullement embêtant lorsque, comme dans Main basse sur la ville, la vertueuse dénonciation est portée avec autant de talent. J'ai écrit plus avant que le récit est presque documentaire. C'est cela même : tous ceux qui ont un peu connu les subtilités des règlements d'urbanisme qui, grâce à un trait de crayon opportunément déposé, à un classement ou un déclassement de zone donnent à un territoire qui ne valait rien une valeur presque aurifère retrouveront là, au cœur de Naples (mais ça pourrait aussi se passer à Trifouillis-les-Oies avec simplement moins de zéros derrière le montant du chèque) les équilibrismes qui permettent aux différents pouvoirs de se sucrer.

Chacun prend sa gourmandise au passage. S'il ne s'agit que de spéculer sur la hausse du prix des terrains, de profiter des opportunités créées par la construction d'un lotissement (ou d'un pont, ou d'une autoroute), ça ne fait que remplir les poches des malins. Mais il y a aussi tous les trafics sur les matériaux, tous les coulages, toutes les malfaçons qui conduisent quelquefois jusqu'aux drames.

Main basse sur la ville est de ce point de vue absolument exemplaire, servi par un scénario nerveux, bien qu'il soit aride. Les ententes d'appareil, le cynisme de tous ceux qui croquent les diamants bruts de la spéculation immobilière, la certitude que le cloaque résistera à toutes les commissions d'enquête, dénonciations, indignations et – naturellement – votations, sont montrées, de façon sûrement désespérée, par le réalisateur qui filme avec grand talent, avec une caméra qui vient, au ras des visages, capturer la veulerie institutionnelle. Disons aussi qu'il est bien aidé par une distribution impeccable où se détachent le magnifique Rod Steiger, affairiste puissant et Guido Alberti, maire de la ville et complice, qui, même détrôné aux élections municipales, conserve assez de poids pour se maintenir au sommet des affaires.

Naturellement, comme dans tous les bons films italiens, la fin n'est pas heureuse. Ce vieux peuple civilisé connaît assez la musique pour savoir qu'on ne change rien à rien.


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