Impossible de faire un pas en ville sans tomber sur une des affiches de la créature dite "Brüno" dont le film sort visiblement ces jours-ci.

Mon humanisme et mon idéalisme, qui me conduisent à rêver d'une société où toutes les différences auraient leur place sans haine ni mépris (un monde sans doute impossible à atteindre !) ne peuvent qu'approuver le but affiché de son créateur, Sacha Baron, c'est à dire "dénoncer l'homophobie et l'hypocrisie sociale" en l'occurence américaine.

Et pour autant je m'interroge : est-ce vraiment lutter contre l'homophobie que donner encore une fois des gays une image caricaturale de folle ridicule ? Michel Serrault avait réussi à se montrer à la fois drôle et touchant dans le rôle de "Zaza Napoli" (!) pour La cage aux folles. Exercice difficile sur le fil du razoire, qui nécessitait tout le talent d'un grand comédien, servi par de beaux dialogues. Et puis c'était il y a plusieurs décennies, à une époque où les représentations de l'homosexualité étaient effectivement encore caricaturales.

La démarche de Sacha Baron et son Brüno me laissent perplexe : en donnant des homos une image aussi peu flatteuse, ne fait-il pas preuve lui même d'autant d'homophobie et d'hypocrisie que ceux dont il prétend se moquer ?

Et si au lieu de ce type de films, on intégrait tout simplement les homosexuels dans les histoires où ils interviennent sans chichis et sans hypocrisie ? Par exemple un Lawrence d'Arabie ouvertement attiré par les jeunes gens du désert, un Achille ouvertement amant de son "prétendu cousin" Patrocle sous les remparts de Troie (Troy), un Alexandre le grand ouvertement amant de son ami d'enfance, un Jules César ouvertement bi, et idem pour Michelange, Richard Coeur de Lion, Rimbaud, Verlaine et cie ? Sans insister, sans en faire trop, juste ne pas être hypocrite ?