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Sujet : Avis


De azurlys, le 15 juillet 2009 à 15:14

L'AFFAIRE DU COLLIER (2001)

Je trouve avec surprise mention de ce film – que j'ai revu hier en DVD – persuadé qu'il n'était pas sorti en salles pour une raison ou une autre. J'ignorais qu'il datait déjà de 2001.

J'en avait découvert l'existence un peu par hasard, en téléphonant au Château de Vaux-le-Vicomte, où je devais glaner quelque information aujourd'hui oubliée, et j'y ai appris que l'on y tournait ce film. J'ai d'abord cru à un téléfilm, mais la personne qui a bien voulu me répondre m'a confirmé qu'il s'agissait d'un film.

Intéressé par cette Affaire du Collier, qui fut l'une des clés de la Révolution, je guêtais les "sorties" en salles, sans y voir poindre ce qui m'avait été annoncé à Vaux. J'ai finis par penser que ce film, sans intérêt commercial, n'avait tenté aucun distributeur, et qu'il ne verrait pas le jour sur le territoire français. Dès que j'ai trouvé le disque – le hasard fait parfois bien les choses – je me suis précipité dessus. Plusieurs années s'étaient écoulées depuis le contact téléphonique avec Vaux, et la seule diffusion DVD, comme il arrive de plus en plus souvent, ne faisait pas le moindre doute pour moi.

Et soudain je découvre le chapître que vous lui consacrez. Bien sûr, pas d'avis dans un forum vide. Je voulais donc y mettre mon grain de sel, et commencer par une question : le film aurait-il eu une carrière uniquement en province ? Carrière éventuellement écourtée en raison d'un bide, qui eût dissuadé de le sortir à Paris. N'oublions pas qu'un bide – je pense à la version toute récente de l'Auberge Rouge qui s'est soldé en région parisienne par un échec d'exception – retire très vite les films des écrans. Quelqu'un a-t-il un avis sur la sortie du film en France (Paris ? Province ?). Et qui l'aurait vu ?

Je ne vais pas trop m'étendre sur cette oeuvre à vrai dire un peu déroutante. Assez soignée plastiquement, costumes élégants, personnages adaptés, certes, au public américain (si le film est américain…) mais dans l'ensemble conformes à ce que l'on sait d'eux. On reste un peu sur sa faim, et si l'on ne connait pas l'affaire en question avant de plonger dans le film, il n'est pas sûr de s'y retrouver. L'ensemble paraît un peu confus.

La séquence d'ouverture m'a semblé un peu étrange : toute jeune, Jeanne de St.Rémy de Valois (elle était descendante d'un bâtard d'Henri II) est témoin des exactions de la police royale qui vient incendier les meubles que l'on passe par les fenêtres, et détruit en partie le manoir familial au prétexte que le père de l'héroïne était ouvert aux idées nouvelles, séduit par la philosophie des Lumières – quelque fussent les cotés sombres de leurs origines – et avait engagé une lutte contre la puissance monarchique.

A la fin du film, une voix off souligne que le désir de vengeance de Jeanne, qui avait épousée entre temps un gendarme joueur et passablement alcoolique (c'est moi qui le souligne, le film s'abstient de mentionner cette réalité historique) le Chevalier de La Motte, et entre en contact avec la reine, parvient à s'approcher d'elle, et saisit l'occasion d'une vengeance dès que les circonstances l'y conduisent, contre celle qui l'avait ignorée, et avait refusé de l'aider. En s'interposant entre le cardinal de Rohan et la reine, elle concevait elle-même ce qui deviendra l'Affaire du Collier. Jeanne de La Motte devenait ainsi la cheville ouvrière de ce qui fera basculer la monarchie ! Sans y voir de très près, cette version est fantaisiste, ce qui n'aurait rien d'anormal – c'est la loi du genre – si l'ensemble n'était pas présenté comme une sorte de réalité historique. La voix off de la fin souligne avec affirmation la responsabilité de Jeanne de La Motte dans la Révolution ! Ce n'est pas entièrement inexact, mais la version officielle de l'Affaire du Collier est toujours présentée comme un fait-divers qui aurait précédé la Révolution de quatre ans, et en aurait précipité les évènements. Mais on laisse prudemment dans la coulisse les vrais auteurs de cette imposture qui a rejaillit sur Marie-Antoinette, pourtant étrangère au drame.

Malgré plus de deux siècles écoulés, il est encore difficile de parler de ces questions qui, comme quelques autres plus proches de nous, font étalage d'une vérité institutionnelle et aboutissent ainsi à un dogme auquel personne, sous quelque prétexte que ce soit, ne doit toucher. Sans entrer plus avant, on peut toutefois dire qu'à l'inverse de la dite version présentée comme un fait-divers, Jeanne de La Motte, authentique aventurière, a cru berner le cardinal, présenté généralement comme un sot, alors qu'il semble bien que ce fut l'inverse, qu'il ait été circonvenu par Cagliostro (dans le film, Christopher Walken), et que l'un et l'autre aient joyeusement manipulée la comtesse de La Motte. Au reste, Rétaux de Villette, amant de Jeanne, a déclaré au procès que les nombreuses lettres que Jeanne présentait au cardinal comme ayant été écrites par la reine, était de sa main, mais "sans avoir masqué son écriture". Le cardinal de Rohan qui cousinait avec les Bourbons, homme de cour, Grand Aumonnier de France, pouvait-il ignorer l'aspect de l'écriture de la reine ? Comment aurait-il également pensé que la reine qui le détestait se serait prêtée à cette rencontre extravagante dans le parc, au Bosquet de Vénus (depuis, le Bosquet de le Reine, en bas des Cent Marches) à la nuit tombée, à la lueur d'une lanterne sourde ? Enfin, la jeune prostituée qui tint le rôle de la reine dans le bosquet, Nicole Leguay, modiste – en principe – de son état, mais dont les revenus s'arrondissaient copieusement auprès des messieurs qui savaient aprécier ses talents et sa vague ressemblance avec Marie-Antoinette, oeuvrait le soir au Palais-Royal sous le nom de "Baronne d'Oliva". Or, Oliva est l'anagramme de Valois… Le procès a souligné ce point, depuis souvent oublié dans l'ombre. Il semble bien qu'il faille y pervevoir une imposture de taille, qui camouflait, et camoufle toujours un complôt.

Quant au film, version 2001, je serais heureux de connaitre vos avis…

  

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De Impétueux, le 15 juillet 2009 à 17:49

Vous consacrez, Azurlys, une belle énergie à revenir sur des points d'histoire dont les Étasuniens se fichent éperdument, pensant, dans l'étonnement que tout le monde ne soit pas en admiration absolue devant leur propre régime, que notre malheureux pays était, avant 1789, sous la coupe d'une tyrannie sanguinaire et obscurantiste.

Alors, si, de surcroît, un épisode anecdotique de l'Histoire, comme cette affaire du collier, ou ma prétendue énigme du masque de fer, leur tombe sous la dent, c'est le délire le plus complet…

Ce qui a d'autant moins d'importance que ce genre de films ne connaît pas de carrière ou que, s'il est regardé, il est vu par des spectateurs complètement déstructurés quui ne savent pas trop si Louis XIV était le père de Napoléon Bonaparte, ou le contraire…


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De vincentp, le 15 juillet 2009 à 17:55

Sur les combines douteuses liées aux courtisans, il y a le brillantissime La Prise de pouvoir par Louis XIV  : les turpitudes de Fouquet, le surintendant des finances, et propriétaire du chateau de Vaux le vicomte y sont détaillées.

Mais Azurlys, ma connaissance de la royauté s'arrête à ce film et à une visite du chateau de Versailles (ou presque). On vous fait confiance au sujet de l"affaire du collier".

On peut remarquer que ce sujet des fastes de la cour royale française fascine les américains des Etats-Unis, lesquels ne possèdent pas de mythologie propre.


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De vincentp, le 15 juillet 2009 à 18:19

Ce qui intéresse les américains, c'est le faste : les costumes, les paillettes, les comportements exhubérants. Pas l'Histoire en tant que telle. On le voit bien avec le film de Sofia Coppola Marie Antoinette.


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De Impétueux, le 15 juillet 2009 à 18:45

Mais, Vincentp, La Prise de pouvoir par Louis XIV, c'est le film d'un européen civilisé, sensible et instruit, le grand Roberto Rossellini, qui a adapté l'ouvrage d'un grand historien de la période, Philippe Erlanger ; je n'ai pas vu ce film austère et lumineux depuis son passage à la télévision, en 1966, et pourtant je me souviens fort bien de la façon dont la tragédie et la solitude du Pouvoir, la conscience de la mission à lui dévolue envahissaient le Grand Roi…

Et n'est-ce pas ce film-là qui s'achève sur le souverain méditant La Rochefoucauld, Le soleil, ni la mort ne se peuvent regarder fixement ?


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De Arca1943, le 15 juillet 2009 à 19:31

« Ce qui intéresse les américains, c'est le faste : les costumes, les paillettes, les comportements exhubérants. Pas l'Histoire en tant que telle. »

Je comprends qu'on puisse avoir cette impression, mais beaucoup d'Américains sont férus d'histoire… américaine, avec un admirable souci du détail (boutons de guêtres, dates de télégrammes, etc). Pour le monde extérieur en revanche, les plus simplettes âneries touristiques sont de rigueur. Un Casanova qu'on jurerait filmé à Las Vegas, une Geisha ou un Chocolat qui sonnent faux de bout en bout, une Mandoline du capitaine Corelli qu'on jurerait destiné à un cercle de vieilles dames texanes qui rêvent de soi-disant latin lovers (où latin est d'ailleurs tenu pour une race, conception qui tend justement à substituer la nature à l'histoire, mais bon, c'est un autre dossier et je dois retourner à mes drinks et à ma piscine)…


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De vincentp, le 15 juillet 2009 à 20:00

Bien sûr, les "américains" représentent une grande diversité de personnes, et l'on sait très bien que parmi eux il y a d'authentiques amateurs d'Histoire, rejouant par exemple les guerres coloniales de leur pays. Sans parler des intellectuels renommés dans cette dsicipline.

Rossellini : immense. Vous avez raison, Impétueux, et je le place parmi les plus grands réalisateurs européens, peut-être même en pole position. Son cinéma est une source de plaisir et aussi d'apprentissage inépuisable.

Dites, Arca, votre drink et votre piscine… Vous n'avez pas à votre disposition la culture que l'on peut rencontrer à Paris (inégalable sur ce plan-là, sans doute) mais vous vous rattrapez sur un autre plan… Nous, on crève de chaud dans des transports en commun, bondés et surchauffés. Il y a des progrès à faire de ce côté-là.


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De Arca1943, le 15 juillet 2009 à 20:40

« Vous n'avez pas à votre disposition la culture que l'on peut rencontrer à Paris… »

Ah, cré bon yeu, c'étions donc ben vrai c'que vous nous racontez-là, m'sieur Vincent !


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De vincentp, le 15 juillet 2009 à 23:20

Malheureux québecquois !


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De Arca1943, le 16 juillet 2009 à 02:31

Psst ! On dit « Québécois ». Mais chut, ne dites à personne que je vous l'ai dit. D'ailleurs, sauf Fretyl qui fait des heures supplémentaires, ils sont tous en vacances.


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De vincentp, le 16 juillet 2009 à 16:03

Je m'adresse aux habitants de la ville de Québec, qui s'appellent bien des québecquois. En effet, je parle d'une capitale à une autre capitale historique, et hélas pas à votre piscine.


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De Arca1943, le 16 juillet 2009 à 18:17

« Je m'adresse aux habitants de la ville de Québec, qui s'appellent bien des québecquois. »

Hélas, cette graphie a cessé d'être en usage quelque part au début du XXème siècle. Vous êtes né trop tard dans un monde trop antique, faut croire. On appelle « Québécois » aussi bien les habitants du Québec en général que ceux de la ville de Québec en particulier.


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De vincentp, le 16 juillet 2009 à 23:27

Sans doute mieux vaut-il parler de "canadien français"… Car je suis un adepte du professeur Linteau, lequel nous explique ceci : « Le projet de la Révolution tranquille, c'est de sortir les Canadiens français du Québec de leur sous-développement et de leur situation d'infériorité », explique Paul-André Linteau, professeur au département d'histoire de l'UQAM et auteur de l'Histoire du Québec contemporain. — (Le Devoir, 29-30 octobre 2005)

Mais voici qui nous éloigne de notre fil conducteur, le collier d'Azurlys volé par l'ignoble Gerstäcker -du forum de dvdtoile-, alias Olrik (en photo ci-dessous). En médaillon, c'est moi -avec la casquette- et mon acolyte, Impétueux. Nous menons l'enquête. N'ayez crainte, Azurlys, bientôt vous récupérerez votre collier.


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De azurlys, le 17 juillet 2009 à 13:22

L'AFFAIRE DU COLLIER (2001)

Merci à tous les intervenants ! Cela dit j'ai lu et relu vos messages, tous pertinents, mais qui laissent entendre que personne n'a eu connaissance – c'est ce que j'ai comprendre, du moins – ni du film en question, ni du DVD, trouvé en ce qui me concerne en solde (un collier d'un million six cents mille livres, en solde ! Voilà de la nouveauté).

A vrai dire, s'il est exact que le cinéma américain, ou mieux étatsunien ne comprends pas grand chose à notre histoire, et la malmène volontiers quand cela se présente, il arrive que cela devienne un style… Je ne suis pas à la veille d'oublier un "Masque de Fer", tourné par James Whale, en 1938 ou 39, où l'on voyait Fouquet s'entendre à merveille avec Colbert, alors qu'il est notoriété publique que ce fils d'un drapier de Reims haïssait cordialement ce flambeur de Fouquet, et qu'il a été pour beaucoup dans sa chute. Sur l'écran se mêlaient avec un certain goût – mais pas un goût certain – les meubles Louis XV (!) et un canapé Napoléon III !! Il est certain que ce délire et cette sorte de "n'importe quoi" atteint une sorte de panache, ouvre sur l'hilarité et finit par être croustillant de drôlerie.

Mais pour être honnête, il s'agissait d'une des premières versions de ce sujet, invariablement tiré du "Vicomte de Bragelone", troisième opus des "Trois Mousquetaires", et qui fera l'objet de multiples adaptations, toutes basées – sauf une, à ma connaissance – sur l'affaire du frère jumeau du roi, trouvaille suggérée par Voltaire dans "Le Siècle de Louis XIV", ou le mot de "jumeau", je crois bien, figure en toutes lettres (à vérifier, tout de même). Notre grand Alexandre Dumas en a fait cette histoire fantaisiste, reprises de nombreuses fois au cinéma sans aucune vérification historique à la clé. La seule version qui s'écarte ce cette histoire classique du jumeau est la version jouée par Léonardo Di Caprio (je n'ai pas le souvenir du réalisateur), ou figurait Depardieu en Portos. Là, c'était d'Artagnan – sur le retour à l'époque où se situe l'action – qui était le papa du "frère" du roi, et qui après avoir honorée la reine Anne d'Autriche de ses… sentiments, lui aurait laissé ce présent sous la forme d'un bambin semi-royal, si l'on peut s'exprimer ainsi.

Je ne crois pas en revanche, comme Impétueux (Bonjour !), que le Masque de Fer soit une prétendue énigme. Elle reste bien réelle, même si les travaux successifs de Iung (les forteresses), de Maurice Duvivier (en 1932) qui a débusqué Eustache Dauger, et la version moins connue de M.M.MAST (sic) pseudo qui cache un ancien éditeur, et offre une très intéressant variation sur le sujet, mais dont on ne fait pas cas dans les milieux informés, aboutissent peu ou prou à une version qui tient debout. Cela dit, rien n'est établi, et l'énigme demeure.

J'abrège, et à bientôt.


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De Impétueux, le 17 juillet 2009 à 18:54

Sur le Masque de fer, notre amie Wikipédia m'apprend que pas moins de dix personnages sont énumérés comme pouvant être le fameux prisonnier. Cela va des interprétations les plus farfelues (D'Artagnan ou même Molière (!) aux plus étayées ; j'étais pour ma part persuadé que les historiens s'étaient mis d'accord sur le diplomate italien Mattioli, mais je vois qu'il y a d'autres possibilités…

Ces grandes énigmes de l'Histoire (du type Bête du Gévaudan ou Affaire du Courrier de Lyon) me laissent, à dire vrai, un peu indifférent, leur seule qualité étant de donner du sel et du poivre aux romans des grands feuilletonistes, comme Dumas ; parce que, de toute façon, on ne saura jamais…


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De Azurlys, le 18 juillet 2009 à 12:47

LE COLLIER DE LA REINE (2001)

Obligé de m'éclipser rapidement, j'ai planté là hier Histoire, cinéma et autre Masque de fer. Merci à Impétueux de sa réponse.

Il est vrai que le Masque de Fer, pour des raisons que je ne suis pas parvenu à éclaicir, doit une très large partie de sa gloire posthume à Voltaire qui lui a fait une sorte de promotion qui tient encore la route. Il est vrai aussi que les investigations d'historiens sont des démarches relativement récentes, surtout depuis la fin du XIXem siècle. Avant, on en restait aux lettres, aux poulets de toutes sortes, aux mémoires, d'où la prolifération des candidats à être le Masque. Voltaire, toujours lui, dans "Le Siècle de Louis XIV", a eu cette idée de génie de décrire le personnage comme portant (je cite) "…un masque dont la mentonnière était actionnée par des ressorts d'acier" ! La légende d'un masque "de fer" était lancée, et dure toujours ! Aujourd'hui on sait qu'il portait un masque de velours noir, et seulement quand quiconque était susceptible de voir son visage, dans ses déplacements de prisons en prisons, notamment. Le poids sémantique de cette phrase de Voltaire a fait le reste, et le mythe de ce prisonnier couvert de métal, reste bien présent.

Je crois bien qu'il existe un film muet sur le sujet dans lequel le héros meure de manière affreuse, étouffé par sa barbe, qui continuait de pousser, bien évidemment, sous le masque de métal !

Il est vrai que l'on voyait sous ce masque des personnages très divers, le duc de Vermandois, l'un des enfants de Louis XIV et de Louis de La Vallières, condamné à la prison pour avoir giflé le dauphin… en somme, son demi-frère ! On a évoqué aussi le fils de la Reine Christine de Suède (!), le duc de Beaufort, et même, comme vous l'avez souligné, Molière… Toute cela semble fantaisiste et même joliment farfelu, mais ne reposait que sur les on-dit, les lettres et les discours rapportés par les mémorialistes du temps, dont trois étoiles de hautes lignée que constituaient Saint-Simon, la Princesse Palatine, épouse du duc d'Orléans, et de la célèbrissime Mme de Sévigné.

Cependant, fin XIXem siècle, un officier en retraite, Iung, à composé un ouvrage déterminant sur les différentes forteresses où fut enfermé le personnage. On s'y retrouvait mieux, et dès les années trente, Maurice Duvivier (en 1932) démontrait que le Masque venait obligatoirement de la forteresse de Pignerol (Pinnorello, en Italien), possession de la France dans le Piémont. On y jetait les prisonniers politiques. Il découvrait aussi le personnage d'Eustache Dauger, mélé de près à la "débauche de Roissy" – probablement le baptème d'un porc (!), suivi d'une partie fine, pendant le Carême (!) au cours de laquelle il aurait été trop bavard. En 1669, il était arrêté et envoyé à Pignerol. En 1680, il s'y trouvaient sept prisonniers, dont Fouquet, Eustache Dauger et Matthioli, envoyé du duc de Mantoue qui avait commis la faute, et l'erreur surtout, de s'être gaussé de l'autorité de Louis XIV, que le roi fit arrêter en territoire de Venise, et jeter dans un cul de basse-fosse à Pignerol.

L'affaire tourne, pour l'essentiel autour de ces trois personnages. Au bout de nombreuses années, le geolier, M. de Saint-Mars, est nommé à la forteresse de l'Ile Ste. Marguerite, au large de Cannes, "en la mer de Provence", écrivit le roi. Après la mort de Fouquet (1680), il reste deux candidats à Ste. Marguerite, Matthioli et Dauger. Un courrier explicite de Barbezieux, fils de Louvois, en charge de l'affaire, laisse entendre que Matthioli meurt en prison à Ste. Marguerite. Aucune certitude cependant, mais de très fortes présomptions conduisent à cette déduction. En 1697, Saint-Mars nommé à la Bastille amène avec lui "son ancien prisonnier" (Journal de Du Junca, lieutenant de la forteresse parisienne). Le personnage y meurt en Novembre 1703.

On est quasiment sûr que le Masque était Eustache Dauger. Toutes les autres versions ne tiennent pas. Mais on se trouve une autre énigme. Pourquoi Dauger ? L'auteur à l'étrange pseudo, M.M.MAST, (en fait l'ex-éditeur Pierre Segers) publié chez Tchou, dans les années soixante dix, et immédiatement après chez Taillandier, ouvrait sur une possibilité surprenante, très plausible, mais qui fait froncer les sourcils ou hausser les épaules des esprits éclairés. Je vous en retoucherai un mot.

Impétueux à raison lorsqu'il dit que certaines énigmes nourissent les esprit, développent des mythes, et que certaines resteront à jamais fermées. Mais il reste des exceptions. Même l'affaire plus récente du coeur de Louis XVII placé officiellement à Saint-Denis, ne fait pas l'unanimité : seul l'ADN de la lignée autrichienne, par sa mère Marie-Antoinette, a été retrouvé, pas celui des Bourbons. A l'époque, ou peu après, l'ex-comte de Provence, devenu Louis XVIII, refusera de recevoir Naundorf, l'un des candidats à la survivance – on en connait quarante trois principaux – au prétexte qu'il le considérait comme le (je cite) "le fils de Fersen". De plus, il y a confusion possible avec le coeur du premier dauphin, mort à sept ou huit ans en Juin 1789, un mois avant la prise de la Bastille. On connait les frais entrainés par l'autopsie, pris sur la cassette des "Menus plaisirs" (sic) et payé par Louis XVI, et qui démontre que le coeur de l'enfant a été prélevé et séparé. Pourquoi alors les services culturels de la Mairie de Paris – sauf erreur – au moment où avait lieu ce tranfert à la Basilique des rois, ont fait ouvrir le tombeau de Louis XVII appuyé contre le mur de l'église Ste. Marguerite – étrange rencontre ! -, pour en disperser les restes (les photos existent et l'on peut sans doute en trouver traces sur internet) ? Fallait-il effacer les reste de l'enfant mort au Temple, de manière à évacuer toutes possibilités de contrôle ADN ? Convenait-il d'ouvrir officieusement et avec discrétion le chemin à la branche cadette des Bourbons, aujourd'hui, comme autrefois, toujours prétendante au trône ?

Pour en clore ici avec le thème des films historiques, la version de l'Affaire du Collier bousculée dans la version de 2OOI appuie trop sur les responsabilités de Jeanne de La Motte, mais pour le reste on retrouve le même mutisme qui écarte les influences occultes autour de cette histoire, aussi bien dans "L'affaire du Collier de la Reine" de Marcel l'Herbier en 1947 (qui était plus inventif avant la guerre) et même, je l'avais ici souligné, dans le fameux "Si Versailles m'était Conté", de notre cher Sacha, où l'on s'en tient à la version "fait-divers". Le thème a été, je crois, plusieurs fois porté au cinéma, mais sorti de ces deux exemples, j'en ignore les auteurs et les développements.

Merci de me lire, ou de m'avoir lu, si vous êtes parvenu jusque là. C'est méritoire !


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De Azurlys, le 2 novembre 2009 à 14:56

LE MASQUE DE FER (multiples films, muets, puis parlants, J.Whall, R.Pottier, etc…)

                 et les centaines d'ouvrages historiques)

Lors d'une intervention sur le Masque de Fer, sujet bateau par excellence, mais on peut aimer la navigation, à la fin du paragraphe 7, j'avais mentionné une version de près de trente ans, très astucieuse au demeurant, mais qui fait l'objet d'une sorte de rejet général par les historiens. Elle porte sur la couverture la mention d'un pseudo étrange, M.M. MAST (?). le titre est le même qu'en haut de la présente intervention, et est souligné par une formule passe-partout "une solution révolutionnaire".

Edité initalement aux Editions TCHOU, il fut réédité immédiatement dans la collection Histoire, chez Tallandier, et répertorié sous ce seul titre avec l'étrange nom d'auteur de "Meme MAST", à la Grande Bibliothèque de France. Devant l'intérêt (enfin, c'est moi qui le dis…) de ce récit, j'ai voulu connaitre l'identité réelle de l'auteur. Monsieur TCHOU a bien voulu me répondre sans répondre "que c'était un financier (!), dont je n'ai plus le nom en tête. Dommage, car j'avais trouvé la version très astucieuse". Même son de cloche à la Société des Gens de Lettres, dont le Président est Didier Decoin, fils d'Henri. Là, personne ne connaissait, ni le nom de l'auteur, ni les ayant droits ! Finalement, mais longtemps après, j'ai cru comprendre qu'il s'agissait de l'ex-éditeur Pierre Seguers.

Sa version ? Une fois admis que ce ne pouvait être Mathiolli, mort à l'Ile Ste Marguerite, selon toute logique, si l'on analyse les lettres de Le Tellier, fils, et marquis de Louvois, le prisonnier masqué arriva à la Bastille en 1697, et qui y mourut en novembre 1703, était obligatoirement L'étrange et insaisissable Eustache Dauger, arrêté en 1669 en territoire de Dunkerque, et expédié à Pignerol, en Piémont, où l'on jetait les prisonniers politiques. L'auteur démontrait – le dis bien, démontrait – que Louis XIII n'était pas au Louvre à l'époque de la conception du futur Louis XIV. Fervent épistolier, le roi écrivait de nombreuses lettres chaque jour, et à cette période, tous les courriers, adressés pour l'essentiel à Richelieu, sont indiqués de provenance hors Paris. C'était également l'époque où la reine Anne d'Autriche, continuait d'informer l'Espagne de la diplomatie française, et se montrait beaucoup Espagnole que Française. Trop Espagnole, pour que le roi et Richelieu ne s'en affectent pas. Le bruit d'une répudiation se répandait… La seule chose qui pouvait écarter cette menace était une maternité qui eût donné un dauphin, espérait-on, à la France.

Entre alors en lice la Famille D'Auger de Cavoye. Après le naissance du dauphin, l'un des six garçons du couple devint compagnon de jeu du futur Roi-Soleil. Plus tard, jeunes hommes tous deux, le roi et le gentihomme surprenaient par leur ressemblance. Un certains nombre de tableaux du temps le démontrent aisemment. Il semble bien que la fortune de cette famille de petite mais de bonne noblesse s'accrue notablement, et se rapprocha de la reine, maintenu au Louvre, presque en "résidence surveillée". Il est aisé alors de comprendre la version de l'auteur. Pressée par les évènements et l'absence de naissance, "on" aurait prié le Chevalier de Cavoye de se rapprocher de la reine, de lui montrer son empressement, bref de la séduire. Le cadeau fut un petit dauphin. l'hérédité monarchique était sauvée ! Il est de notoriée publique que Louis XIII n'éprouvait pas d'attirance excessive pour les dames, et il est bien possible que cette défaillance ait poussé quelque personnage important proche du trône à cet expédient, faute d'une autre solution plus conforme à la tradition, et monarchique et conjugale.

Mais lors de l'affaire de Roissy, il est possible – sans certitude – que dans l'orgie pétrie d'alcool qui célèbrait le carême à sa façon, des mots, des phrases dangereuses aient été prononcées, qui causèrent la perte de l'imprudent, en révélant sa fraterie avec le roi, et les origines réelles (?) de Louis XIV.

Ce qui reste troublant est la certitude de l'absence de Louis XIII au Louvre au moment de la conception du dauphin, la ressemblance entre les deux hommes, largement soulignée par Voltaire dans "Le Siècle de Louis XIV", et même le mot de "jumeau", qui figure en toutes lettres dans l'une des deux rééditions de l'ouvrage du vivant de l'auteur, la surprenante fortune, dans tous les sens du terme, ainsi que la mission qui avait été confiée à Eustache d'Auger de Cavoye à destination de l'Angleterre. Or, il fut arrêté à Dunkerque ! D'abord confondu avec l'un des personnages de l'Affaire des poisons, Maurice Duvivier fut le premier, en 1932, a supposer qu'il s'agissait du prisonnier mort à la Bastille, mais désavoué par sa famille lors de son arrestation, et qui quitta, si l'on peut dire, son nom d'origine d'Auger de Cavoye pour l'identité d'Eustache Dauger, la mention nobiliaire de Cavoye lui ayant alors été retirée.

Résumons : dans cette version, le papa du futur Louis XIV serait un gentihomme modeste et sans fortune – elle viendra à cette occasion ! – mais dont l'ancienne et bonne noblesse ne faisait le moindre doute !

Questionné par votre serviteur au téléphone sur une radio privée, l'un des historien à la mode, Jean-Christian Petifils, salua ma question avec une condescendance ironique, mais répondit par une erreur : comment se pouvait-il, selon lui, que l'on puisse imaginer Louis XIII ayant une aventure avec une dame, lui qui les aimait si peu, et qui lui aurait donné un dauphin. Oui, mais le livre de M.M.Mast ayant été mal lu, il inversa les rôles, sans se rendre compte de sa bévue. Il venait présenter son "Masque de Fer" à lui – que je n'ai pas lu, et ne me souviens pas même de sa thèse – mais chacun sait que ce même auteur avait déjà écrit un livre sur le même sujet il y a dix ou quinze ans, dans lequel il défendait (sauf erreur improbable de ma part) ardemment la version "Fouquet", lui aussi prisonnier à Pignerol après l'affaire de Vaux-le-Vicomte, malgré ses invraisemblances. Notamment, Du Junqua, à la Bastille, écrivit sur le registre des décès (je cite) "le prisonnier paraissait à peu près cinquante ans". Né en 1615, Fouquet aurait eu presque quatre vingt neuf ans ! Outre l'absurdité de ce constat, il est bien connu que la détention de Fouquet s'était largement améliorée, que des bruits de libération avaient courus à son sujet. A sa mort – suspecte, convenons-en -, en 1680, son corps, cercueil ouvert, fut rendu à sa famille et plus spécialement à son fils, M. de Vaux !

Je souhaitais, vous l'avez vu, apporter quelques courtes lignes de précisions sur la thèse de MAST-Seguers. Et le sujet aidant…

Merci de votre patience, si vous êtes arrivé jusque là !


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De droudrou, le 2 novembre 2009 à 22:47

moi oui ! et avec intérêt ! mais Azurlys ne me dites pas que comme Jules César Louis XIII était une grande folle qui aurait connu une même défaillance ou dont on aurait congelé la semence pour !!! Ouille ! Il est reconnu qu'Il passait beaucoup de temps au téléphone et sur Internet et intervenait régulièrement sur le site de dvdtoile!!!…


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De Impétueux, le 3 novembre 2009 à 09:25

Seghers, ami Azurlys et non Seguers ; poète et éditeur, mort il y a une vingtaine d'années…


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De droudrou, le 3 novembre 2009 à 11:31

Allez, Azurlys un bon coup de collier et un bon morceau de collier nous donne un bon ragoût (par ces temps d'automne)…


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De Azurlys, le 3 novembre 2009 à 13:13

LE COLLIER DE LA REINE + LE MASQUE DE FER (!)

Merci à Droudrou et à Impétueux de leur réponse pertinente dans les deux cas. Et d'autant plus pertinente que pour chacun d'eux elle a le mérite d'être courte ! Je suis bien infoutu de faire la même chose ! En tous cas, merci de m'avoir lu… Peut-être avez-vous été les seuls…

Rien a dire sur les vertu du collier. Un ragoût de mouton en sort brillant (évidemment) ! J'ai bien noté la réponse, et j'en ferai mon miel…

Coté Impétueux, merci pour le rectificatif. J'avais écrit, dans un message antérieur, Segers. J'ai cru bien faire en ajoutant un "u". Seghers ? Soit. Allons-y !

Je vais parler prochainement de la "Marie-Antoinette" de Sofia Coppola (ou Coppolla). Il me faut d'abord relire les messages consignés ici, et dont je crois bien qu'ils étaient assez sévères. En ce qui me concerne, j'ai revu le film (DVD) il y déjà quelques temps, mais de manière incomplête, et contre toute attente, ce fut pour moi une bonne surprise. Mais il me faut d'abord le voir à nouveau.

A bientôt, et merci de l'attention accordée à mes interventions.


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De Azurlys, le 3 novembre 2009 à 13:39

Pour DROUDROU :

Je ne compare pas Louis XIII et Jules César (dont on disait, vous le savez, "l'homme de toutes les femmes et la femme de tous les hommes"), mais il est patent que les dames n'attiraient guère ce fils d'Henri IV – à l'inverse de son père -, sans qu'il y ait eu, je pense, de réelle attirance pour le troisième sexe, et sans passage à l'acte. Cela ce manifesta sans doute de façon totalement platonique et surtout sublimé, selon Freud, et c'est manifesté sous la forme de quelques flamboyantes amitiés et des admirations profonde, (Cinq-Mars, par exemple). Toute autre comparaison entre les deux souverains, tellement éloignés dans le temps et… l'envergure, serait, bien entendu, impossible ! Louis XIII fut un monarque finalement sympathique (du moins, je crois), d'une discrêtion de violette, qui était épaulé par un premier ministre exceptionnel qui fut, sans doute, l'un des plus intelligents que la France ait compté (sur les doigts d'une seule main ?), avec Talleyrand. Il laissera dans l'Histoire un souvenir juste – et pour cause – et modeste.

Michel Audiard, qui avait assuré le dialogue des "Trois Mousquetaires" d'André Hunnebelle (1953), faisait dire au Narrateur, en voix off, (je cite) "Si Louis XIII n'a laissé dans l'Histoire qu'un souvenir très effacé, c'est sans doute qu'il lui était fort difficile d'être à la fois le fils d'Henri IV et le père de Louis XIV !". Il faut laisser à Audiard la responsabilité souriante de ce propos, mais c'est une remarque amusante, pas si éloignée de la réalité.

La même suspiçion concernait Henri III. Son entourage de "mignons", charmants ephèbes que le roi prisait fort, sont tous morts, l'épée à la main, à moins de vingt cinq ans, au service du monarque, ce qui laisse peu de place aux habituelles caricatures. Cela dit, je n'ai jamais tenue la chandelle, et ne sait exactement ce qui se passait de la ruelle à l'alcove. On peut toutefois ajouter que sa femme, Louise de Lorraine, semblait satisfaite de ses noces avec Henri III, et exprimait un amour sincère pour son époux. Qu'il y ait eu, du coté du roi, des glissades hors norme vers ses gitons, on peut le penser, mais Louise de Lorraine n'a jamais dissimulé les performances conjugales de son mari. A sa mort sous le poignard de Jacques Clément, elle se réfugia définitivement, pétrie de chagrin, à Chenonceau, pris le deuil blanc de la cour de France, se retira du monde et termina sa vie dans la charité vers les humbles, la prière et la pauvreté.

Et voilà ! Encore un message que je voulais tenir en peu de place, et vous me voyez navré de ce débordement…


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De droudrou, le 3 novembre 2009 à 18:55

Coppola, cher Azurlys ! le film de Sofia avait suscité un grand débat !


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