Le sujet prête au mélodrame lacrymal, au téléfilm pour après-midi pluvieux, et a déjà été traité dans des films comme Aussi profond que l'océan. C'est pourquoi The girl in the park est une aussi bonne surprise. Très soigneusement filmé et photographié, le film confronte de vrais caractères, ne sombre jamais dans l'excès et le sensationnel, et démontre qu'une usurpation peut être plus complexe qu'une banale escroquerie. Le personnage de Sigourney Weaver – en très grande forme – ne demande qu'à être trompée, grugée, entraînée dans l'illusion : tout plutôt que le néant et l'absence. La jeune parasite ne fait que profiter de sa détresse. Les sentiments viendront ensuite… En cela, l'épilogue est d'une grande maturité, et d'une logique implacable.

Tout dans ce film surprend, car toutes les situations évitent le cliché, le mélo "grand public", pour traiter de façon adulte et subtile, une situation en équilibre instable, à l'extrême bord de la folie (embarrassante fête de fiançailles). Le casting est irréprochable, certaines séquences dirigées avec maestria, et c'est avec Snow cake, un des meilleurs rôles récents de Weaver, grande comédienne à qui on est reconnaissant d'avoir gardé ses rides et son vrai visage, contrairement à tant de ses contemporaines. La séquence où elle rôde autour des fillettes, dans le parc où a disparu la sienne, seize ans plus tôt, suscite un véritable malaise. Du grand art, vraiment…

Rien ou pas grand-chose à ajouter à l'excellente description de Jarriq. Un film très habilement conçu, qui au départ semble nous placer en terrain connu alors qu'il suit en fait un sentier qui lui est propre. Sigourney Weaver sonne très juste dans la peau de ce personnage tourmenté et Kate Bosworth lui donne finement la réplique dans celui de la jeune profiteuse qui n'en demandait pas tant. Je crains toujours que ce genre d'étude de caractères manque de spectateurs, et donc à ceux-là je dis : vous ne savez pas ce que vous manquez.