La suite des Travaux d'Hercule.

A mon avis l'un des péplums les plus jouissifs, avec en toile de fond la guerre des fils d'Oedipe pour le contrôle de Thèbes, et pendant ce temps là, Hercule alias Steeve Reeves envoûté par la reine de Lydie alias Sylvia Lopez, rousse incendiaire surmaquillée, l'une des reines de péplum les plus caricaturales mais aussi sculpturale et fatale… promenant ses hauts talons, ses traînes de mante religieuse, son rouge à lèvre pulpeux, ses faux-cils de 3 km de grottes savamment illuminées en jardins féériques où de jolies naïades s'ébattent dans des sources vives.

Il est surprenant de voir cet épisode de la Mythologie mis en scène à Cinecitta, vu qu'il est fort peu politiquement correct : en effet, dans la Mythologie, les dieux, pour punir Hercule d'une fureur virile un peu trop exprimée, l'envoient en Lydie se mettre au service de la reine Omphale pendant un an… Arrivé sur place, le héros s'attend à ce que la reine lui confie de viriles missions… alors que celle-ci lui ordonne d'échanger avec elle ses vêtements et de filer la laine ou jouer de la lyre vêtu de robes de gaze, tandis qu'elle le domine, portant la peau de lion et la massue ! Tout cela afin qu'il apprenne l'humilité et la douceur…

Les producteurs de Cinecitta ne pouvaient utiliser un tel scénario vibrant de confusion des genres, qui aurait été mal perçu tant par les ragazzi que par le Vatican tout puissant.

La reine de Lydie devient donc dans ce film une femme fatale qui envoûte Hercule par des drogues et en fait son esclave sexuel. Mais ouf, il se libèrera et rejoindra sa légitime épouse, afin que la morale soit sauve !

Un beau moment, très kitsch mais bien charmant : Iole aux blondes boucles chantant (en post-synchronisation) la chanson du film en s'accompagnant de la lyre d'Orphée, assise aux côtés du jeune Ulysse conduisant la carriole sous laquelle sommeille Hercule :

"Con te, io vorei restare, io vorei soniare per l'eternita… Io vivo di te, e di questo ver'Amor… que ci'unira per l'eternita…" Tout un programme !

Comme l'informatique j'hésiterais entre 0 et 1.

Mais j'ai décidé de ne mettre aucune note, ceci afin de ne point polluer et briser le charme de toute l'exaltation d'un grand connaisseur…

5 ?!!… Que j'aurais aimé que tous mes profs fussent comme DelaNuit…

Ma note est très subjective ! Bien sûr, ce genre de peplum ne peut pas rivaliser avec la rigueur, les moyens des films dits "épics" de Hollywood ! Mais leurs défauts et leur kitsch assumé leur donne parfois à mes yeux un charme qui m'amuse ou m'attendrit.

Ainsi en est-il de cette Reine de Lydie, dont les excès caricaturaux et la naïveté me donnent le sourire. La musique aussi me berce par ses envolées lyriques ou ses tourbillons mystérieux. Et puis j'avoue, je suivrais bien Sylvia Lopez dans ses jardins secrets et même dans ses grottes intimes… là où trônent sur des socles ses amants statufiés, rigides pour l'éternité !

Sylvia Lopez, mannequin et actrice, est morte à 28 ans d'une leucémie, en 1959 : ce Hercule fut son avant-dernier film.

Il me semble avoir entendu dire que Sylvia Lopez avait été l'épouse du metteur en scène d'opérettes Francis Lopez. Savez-vous si c'est bien le cas ou s'il s'agit d'une légende ?

C'est exact. De son vrai nom Helga Tatiana Bernt, elle est née à Paris en 1933. Elle devient mannequin après avoir été remarquée par le grand couturier Jacques Fath. Elle prend alors le nom de Sylvia Sinclair, puis devient Sylvia Lopez après avoir épousé le célèbre compositeur d'opérettes Francis Lopez, qui la lance comme actrice. Helga Tatiana Sylvia parlait couramment six langues. Et je vous ai induit en erreur : elle n'avait pas 28 ans lors de sa mort, mais 26. Diagnostic : leucémie foudroyante. Son dernier film fut heureusement non ce péplum, mais une comédie à l'italienne : Il moralista / Le Moraliste (1959) avec Alberto Sordi.

Non, non… c'est bien exact.

Voilà ce que nous dit Wikipédia : Sylvia Sinclair connue également sous le nom de Sylvia Lopez, était une actrice française née à Paris le 10 novembre 1933. Elle meurt d'une leucémie le 20 novembre 1959 à Paris. Elle était l'épouse du compositeur Francis Lopez.

Hormis la chanson entonnée par Iole (Sylva Koscina) qui fait davantage penser aux succès de Gloria Lasso ou de la Dalida des débuts qu'à un chant antique, ou le look fifties de Sylvia Lopez, les éléments kitschs sont assez rares.

C'est une suite des travaux d'Hercule avec la même équipe mais le résultat est ici bien plus passionnant grâce á un scénario habile qui mêle plusieurs éléments disparates avec bonheur: la romance entre Hercule (ici relégué au second plan sans qu'on s'en plaigne vraiment) et la reine Omphale, comme l'indique le titre, mais aussi la rivalité entre les deux fils d'oedipe, Eteocle et Polynice.

Le point faible reste sans doute la mise en scéne de Pietro Francisci trop sage, consciencieuse et dénuée de passions mais cet aspect est contrebalancé par la photo de Mario Bava qui propose des éclairages d'intérieurs rouges et verts reconnaissables entre mille.

Le film bénificie logiquement d'un budget plus élevé et celà s'en ressent: les scènes de bataille finale sont assez impressionnantes mais trop brèves. La copie dont nous disposons n'est peut-être pas la version intégrale. La fin apparaît ainsi étrangement abrupte.

Le peplum est aujourd'hui un genre mal vu mais ce film là m'a fait passer un bien agréable moment.