Le récit est très long (plus de trois heures), sans doute un peu trop, d'un intérêt inégal (les histoires de couples assez ennuyeuses), et globalement peut-être un trop militant pour faire adhérer le spectateur lambda aux idées de son auteur (comme d'ailleurs le Ali de Michael Mann). Spike Lee a sans doute fait mieux par la suite, sur un plan artistique (avec ses multiples portraits de New-York).

Reste que ce sujet est intéressant. L'histoire de cet individu qui s'empare de la cause des noirs au milieu des années soixante, aux Etats-Unis, sort en effet de l'ordinaire. Malcolm X est une illustration à découvrir des ressorts qui font adhérer à des idées extrémistes un individu qui ne l'est pas au départ, et qui se retrouve ensuite prisonnier de son statut, pour son malheur personnel, mais aussi pour celui de la cause qu'il défend. Car on peut penser –contrairement à ce qu'exprime ici Spike Lee – que ce ne sont pas les idées extrémistes (ou pseudo-extrémistes) professées par ce pasteur finalement pas si méchant que ça (plutôt maladroit visiblement) qui ont le plus permis de résoudre le problème de ségrégation raciale dans son pays, mais plutôt des mesures pragmatiques concernant le système éducatif (tels les fameux « quotas »).

Mais il est vrai que nous sommes en 2008 et que Malcom X est réalisé en 1992, dans un contexte politique différent (fin de l'apartheid en Afrique du sud en particulier) qui sonne comme une revanche pour les noirs.