Sortons Le Brigand bien-aimé de sa grotte ! Le bonus du dvd, conté par Bertrand Tavernier relate combien ce film de Nicholas Ray fut tronçonné par les producteurs, qui, comme c'est souvent le cas, freinent les ardeurs créatrices des metteurs en scène employés par les studios (ici la Fox). Les coupes concernèrent, nous explique-t-on, notamment le lien entre les différentes séquences concernant plusieurs époques.

C'est dommage, car Le Brigand bien-aimé contient des séquences magnifiques, qui comptent sans doute parmi les plus belles que l'on peut trouver dans ce genre cinématographique qu'est le western. Ainsi, les séquences de l'attaque de la banque, de la poursuite du début, de l'attaque du train… Ces scènes en mouvement, remarquablement filmées, intègrent de façon optimum les éléments naturels (formes, couleurs, lumière) dans la dramaturgie. Ainsi, les personnages en fuite se fondent dans une nature luxuriante correspondant à leurs sentiments échevelés. Le saut à cheval de la falaise est l'écho de la chute sociale de ces personnages. L'attaque de la banque -qui préfigure étonnamment celle de La horde sauvage- exprime quant à elle, en quelques images, de manière magnifique, la variété quasi-infinie des combinaisons qui peuvent s'opérer entre l'ordre et le désordre -un des piliers thématiques central du genre- et qui façonnent la vie en collectivité.

Outre Robert Wagner, le personnage de Jesse James – dont les exploits furent très très enjolivés par les romans "pulp" de l'époque – a eu le visage de Audie Murphy, Tyrone Power, Robert Duvall, James Keach, Rob Lowe, et tout récemment Brad Pitt.

Seuls Duvall et Keach n'avaient pas un physique de jeune premier et aucun ne ressemble à la photo du vrai Jesse.

Lequel Wagner (aujourd'hui âgé de 78 ans) a beaucoup tourné, pour le cinéma et la télévision. Une carrière fertile, mais il n'a pas acquis le statut de grande vedette auquel il pouvait prétendre quand il incarne ce Jesse James en 1957. La carrière de Jeffrey Hunter fut quant à elle brève (l'acteur est mort à l'âge de 43 ans) et relativement décevante au vu des qualités qu'il montre dans ce film ou dans La prisonnière du désert.

Le Jesse James fanatique et buté composé par Robert Duvall est sans doute son portrait le plus plausible, hélas The Great Northfield, Minnesota Raid est un film qui ne tient pratiquement plus la route aujourd'hui.

Pour reprendre la célèbre citation "Il n'a jamais existé, le bon vieux temps", il faut bien reconnaître que le portrait qu'a dressé Brad Pitt de Jesse James, sorte d'abruti imprévisible et nocif, ne doit pas être bien loin non plus de la réalité.

Ce qui n'empêche pas d'ailleurs de lui préférer les visions plus proprettes et héroïques offertes par Tyrone Power et Henry Fonda, suivant une autre citation "Quand la légende est plus belle que la réalité, on imprime la légende".

Visuellement c'est une œuvre très réussie. La photo, les décors, les costumes et les cadrages sont d'une grande beauté. Les scènes d'action ont beaucoup de force. Le hold-up d'ouverture et l'attaque du train sont assez mémorables. Tout comme les derniers plans.

On retrouve une mélancolie tenace et la tendresse de Nicholas Ray pour les personnages de rebelles. Pour la petite histoire, le réalisateur voulait Elvis Presley pour le rôle-titre.

C'est un grand film malade, comme une grande partie de la filmographie de ce réalisateur.

De très belles images, de mémoire, liées à des mouvements rapides de groupe (chute dans la rivière,…). Grand film malade ? Pas sûr ! Le problème, assez classique, est lié aux producteurs, qui ont souvent peur de sortir de schémas habituels.