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Forum : Pain, amour, ainsi soit-il

Sujet : Aimable et limité


De Arca1943, le 30 novembre 2008 à 18:00
Note du film : 3/6

Moi, j'apprécie les deux époques – la comédie plus souriante des années 50 et la comédie plus sombre des années 50-60-70. Mais plus important, je vous signale que ce film est déjà disponible sur DVD en France, dans un beau coffret triple qui n'a qu'un seul défaut : celui de ne pas contenir le quatrième et dernier épisode, Pain, amour et Andalousie (très, très peu connu il est vrai !)


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De Impétueux, le 17 mai 2009 à 16:31
Note du film : 3/6

Et, comme à la fin du message que j'ai déposé sur Pain, amour et jalousie j'écrivais Me reste à découvrir Pain, amour, ainsi soit-il, qui est de Risi et non de Comencini ; mais je crains d'être pareillement déçu…, ma déception, trop certaine pour être vive, n'a pas dépassé les limites d'un aimable ennui…

On a beau faire et changer le réalisateur ou la principale actrice, Loren en place de Lollobrigida, ça demeure aimable, mais limité. Je sais bien ! l'ami Arca, connaisseur, s'il en est, du cinéma italien, écrit sur le fil du précédent film de la série que ce qui a porté le cinéma de la péninsule à des sommets d'humanité et de grincements dans les années postérieures, ce n'est pas la logique des auteurs, mais la transformation des genres et qu'en d'autres termes passer de Risi à Comencini n'est pas très significatif ; il a raison, sûrement…

Il était tout de même temps qu'on passe à un autre cinéma. D'ailleurs, déjà, dans Le signe de Vénus, lors de la même année 1955, Risi ouvrait une voie qui deviendrait évidente en 1958, avec Le pigeon de Monicelli et toutes les merveilles tendres et amères des années qui ont suivi…

Pain, amour, ainsi soit-il n'est pas déplaisant du tout, bénéficie de la photogénie de Sorrente (et par surcroît, au contraire des deux premiers opus, de la couleur), offre une scène de mambo torride avec une Sophia Loren bien agréable à regarder, même pour ceux, dont je suis, qui lui préfèrent sa rivale Gina Lollobrigida… Mais enfin, ça n'est pas toujours de bon goût (le bain forcé de Vittorio De Sica dans les eaux sales qui laissent de bien vilaines taches brunâtres sur son bel uniforme blanc), les dialogues sont pleins de ces sous-entendus graveleux qui, personnellement, m'exaspèrent (lors de l'examen truqué que fait passer Antonio Carotenuto (De Sica, donc) au jeune candidat à la Garde métropolitaine Nicolino (Antonio Cifariello), la question posée par l'examinateur Sur la plage, tu vois un bikini, que fais-tu ? et devant le silence du candidat Eh bien… tu dresses…. Silence piteux encore… Tu dresses un procès-verbal ! ; c'est tout de même nunuche, non ?).

Enfin ! Le meilleur côté de la trilogie (qui est une tétralogie, je sais ! mais le quatrième tome, Pain, amour et Andalousie n'a pas été édité), le meilleur côté, un peu méchant et qui, si l'on est indulgent, annonce l'essor de la comédie italienne, c'est, finalement, la morale assez vacharde et le sort réservé à Carotenuto qui, si séduisant qu'il est, se heurte, dans les trois films à un bec et ne parvient pas, ou à peine, à triompher de la vertu d'Annarella (Marisa Merlini) ou de la jeunesse de la Bersagliera (Gina Lollobrigida) ou de la Veuve Sofia (Sophia Loren)… Et toc !


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De Arca1943, le 17 mai 2009 à 22:29
Note du film : 3/6

« Il était tout de même temps qu'on passe à un autre cinéma. D'ailleurs, déjà, dans Le signe de Vénus, lors de la même année 1955, Risi ouvrait une voie qui deviendrait évidente en 1958, avec Le pigeon de Monicelli et toutes les merveilles tendres et amères des années qui ont suivi… »

Ce fut une lente et progressive transformation de l'âge de bronze à l'âge d'or. Mon cerveau est trop petit pour tenir ensemble tous les facteurs qui aboutissent, pour ainsi dire, au Pigeon et à ce que ses scénaristes Age et Scarpelli appellent "le second souffle" du cinéma comique italien d'après-guerre. Mais bon, abordons aujourd'hui une des choses à savoir – même si vous le savez déjà – c'est que dans les années 50 régnait sur le cinéma italien une des pires censures au monde. C'est l'époque où Il Divo se mêlait de culture, imaginez, et faisait campagne pour faire interdire Umberto D, et faisait adopter au Parlement sa répugnante loi interdisant l'exportation des films néoréalistes. (Je ne sais pas comment elle était formulée, ni comment on définissait le néoréalisme dans le texte législatif). Et précisons aussi qu'il s'agisssait d'un reflux, de toute évidence : d'après tout ce que j'ai pu comprendre, entre 1945 et 1949 on pouvait en dire plus dans un film qu'entre 1950 et 1955. Jetez par exemple un oeil sur le résumé de È primavera (1946), qui semble être passé sous les fourches caudines sans trop de dommage, et ensuite sur la section « anecdote » de la fiche de Totò et Carolina (1954) : Totò y incarne un carabinier (ou enfin, un policier) et le film a été sévèrement charcuté pour offense aux forces de l'ordre (et plusieurs autres gravissimes péchés). Et au fait il importe de souligner, pour donner une idée de l'atmosphère qui régnait, que le petit message au sujet des braves carabiniers qui défile au début du premier volet des Pain, amour est là d'abord et avant tout pour amadouer la censure, car rire des forces de l'ordre dans un film était très, très risqué. Le film aurait pu être bloqué pendant des mois, se retrouver avec des coupes sombres et des répliques modifiées au doublage. Les lourdes blagues à doublesens dont vous parlez doivent être comprises dans ce contexte. Non qu'elles en soient plus fines pour autant, bien sûr. Mais c'est déjà un miracle qu'elles aient passé !

Bon, c'est juste l'intro que je viens d'écrire. Mais aujourd'hui – soit dit sans jeu de mots – je ne vais pas vous faire un roman.

Toutes ces considérations ne rendent pas ce film meilleur, et je vous trouve du mérite de l'avoir vu jusqu'au bout ! Moi qui aime autant Sophia Loren que Gina Lollobrigida, j'ai eu beaucoup de mal à voir la première se substituer à la seconde. C'est très artificiel à mes yeux. On sent la commande, ça m'empêche un peu d'entrer dans le jeu du film. Et l'apport de la couleur ne me dit rien, pour moi c'était un monde en noir et blanc, comme celui des Don Camillo. Parvenu à cette troisième mouture, ma foi, je reste comme vous dubitatif, même si je trouve le visionnement assez agréable et que je m'amuse quand même. Pour faire de la comédie à l'italienne, il fallait d'abord avoir, comme on dit, du métier, beaucoup de métier acquis dans la comédie ordinaire (pour ainsi dire) et il fallait bien que monsieur Risi passe par des films de commande comme celui-là.

Mais je reviendrai sous peu sur le sujet (comment ? vous n'êtes pas surpris ?) car il faut par ailleurs signaler, sur la voie menant à l'âge d'or de la comédie satirique, d'autres étapes parfois surprenantes. Ainsi ne ratez surtout pas La Spiaggia, une des belles réussites de son réalisateur Lattuada et un film qui annonce en quelque sorte les célèbres scènes de plage de Dino Risi


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