Vu il y a longtemps et oublié, il y a dans La main gauche du Seigneur pas mal d'éléments incitant à une revision (même au second degré) : Bogart en soutane, Gene Tierney, Lee J. Cobb en… Chinois, la réalisation du très inégal Dmytryk (qui sait, on tombe peut-être dans un de ses bons jours ?). Tout cela vaut bien un coup d'oeil.

Bon sang ! Ca ne nous rajeunit pas ! Et comme je ne me souviens plus du film, même si on y retrouve Bogey… j'hésite à dire que je vote pour une réédition !

Eh bien moi je vote sans hésiter. Je n'ai jusqu'à présent vu ce film que sur une cassette vidéo passée à la moulinette du "Pan and scan" avec la moitié de l'image en moins, et j'aimerais bien le revoir en format complet, même si je ne pense pas qu'il soit tourné en Chine…

L'histoire de cet aviateur américain tombé dans l'Empire du Milieu se déguisant en prêtre pour échapper à un seigneur de la guerre qui voulait le garder à son service comme homme de main ne manque pas d'intérêt. Il se débrouille d'ailleurs plutôt bien dans le rôle et est fort apprécié dans la mission où il officie, sous le regard tendre de Gene Tierney.

Le titre lui même, "La main gauche du Seigneur" est plein de sens, et il me rappelle une parabole de la Bible au sujet d'un fermier ayant deux fils et leur demandant de labourer son champ. L'un dit oui et ne le fait pas, et l'autre dit non mais laboure le champ. La fin de la parabole disait : "Lequel croyez vous a fait la volonté de l'Eternel ?"

De même, certains vrais prêtres semblent plus attachés à imposer une vision dogmatique qu'à prôner l'amour, la fraternite et la tolérance qui devrait aller avec… Alors que d'autres, qui ne sont pas prêtres, vivent ces valeurs au quotidien. Ici, Bogart est un faux prêtre… Je le troquerais volontiers contre certains vrais… !

Fermons cette parenthèse tout à fait personnelle pour revenir au film : Oh, ce n'est pas un grand film ni un chef d'oeuvre, mais il reste agréable à regarder, notamment en raison du jeu des acteurs.

Quand à Gene Tierney, elle est bien jolie mais plutôt absente, comme souvent le regard perdu dans un ailleurs bien plus lointain que la Chine, luttant intérieurement pour ne pas flancher, tiraillée par ses démons. Il s'agit sans doute d'un de ses derniers films, avec L'Egyptien, avant une longue période faite non plus de plateaux de tournage et de starlights mais d'hopitaux psychiatriques et d'électrochocs…

Bref un film à voir à mon avis, aussi parce qu'il fait réfléchir.

Mon Dmytryk préféré, dont je voudrais tant une édition dvd, c'est L'arbre de vie…