Forum - Vaquero - Ava et les les mystères du Vaquero
Accueil
Forum : Vaquero

Sujet : Ava et les les mystères du Vaquero


De DelaNuit, le 4 septembre 2008 à 20:46
Note du film : 5/6

Curieux film que ce western dont le titre français exact devrait être « Chevauche, Vaquero ! » et dont le personnage principal, Rio, interprété par Robert Taylor, me laisse perplexe.

Ce cow-boy ténébreux peu loquace d'une belle prestance, se tient éloigné des femmes, tout entier dévoué à son frère de lait (mais pas de sang) Esqueda (Anthony Quinn), bandit haut en couleur, ennemi acharné des fermiers qui envahissent la prairie pour y planter des clôtures à bétail.

Et puis le grand ennemi d'Esqueda, le fermier Cameron (Howard Keel, le grand ténor de la MGM qui finit sa carrière dans Dallas…), sauve la vie de Rio, lui tend la main au sens propre et figuré, lui offrant à la fois son amitié et une place dans son ranch… et Rio accepte.

Or, il est si fermé, exprime si peu de chose que l'on s'interroge alors sur les motivations d'une telle trahison à l'égard d'Esqueda, auquel il était à présent totalement dévoué. Reconnaissance ? Désir de se racheter une conduite ? Amitié virile pour Cameron ? Ou admiration ? Ou plus ?… A moins que la présence dans le ranch de la divine Ava Gardner, femme du fermier, ne soit une raison suffisante… !

Et effectivement, Rio et Ava deviennent bons copains, même complices, et se découvrent une sensibilité en commun. Car Ava n'a rien d'une femme de fermier. Comme d'habitude éprise d'absolu, alliant sensualité et spiritualité, elle regarde ce pays comme Pandora admirait la mer, et fixe la plaine immense en murmurant : « Ce pays me rappelle l'océan… Sauvage, secret… et solitaire aussi, comme tout ce qui est éternel… »

Hélàs son époux est quant à lui un indécrottable éleveur. Insensible à cette poésie sauvage, il répond, tout content de lui : « Et bientôt, nous allons installer partout des clôtures ! »

Oui vraiment, Ava se rend compte que sa sensibilité la pousse davantage vers Rio. N'est-ce pas pour elle, d'ailleurs, que celui-ci a renié son copain bandit ? Pourtant, lorsqu'elle lui avoue son amour, la réaction de Rio n'est pas de l'étreindre mais de la gifler et de s'enfuir…

Non décidément, les motivations et les sentiments de ce garçon ne paraissent pas très claires… Et elles ne le seront jamais car Rio préfère régler ses problèmes à coups de revolver, et emportera ses secrets dans la tombe après un dernier règlement de compte sanglant. N'est-il pas toujours plus facile d'affronter par la violence des ennemis physiques que par l'introspection ses démons intérieurs ?… Le champ est donc libre pour toutes les interprétations. Les scénaristes ont du bien s'amuser !

Penser qu'Ava, la même année, se trouvait au centre d'un triangle amoureux ambigu comparable dans Les chevaliers de la table ronde, entre Lancelot et Arthur… Ici, point de hénin ou de robe de cour : on voit la belle tenir un pistolet à la main et viser Anthony Quinn !

La musique de Bronislau Kaper change des mélodies de western habituelles en installant un climat d'esprit très mexicain.

Un western mineur sans doute, mais une belle distribution et un propos plus étrange qu'il y paraît… Il vient de sortir en DVD chez Warner. 9 € et quelques en prix vert à la Fnac.


Répondre

De PM Jarriq, le 6 juin 2009 à 18:15
Note du film : 4/6

Ce sont en effet les personnages qui font tout l'intérêt de Vaquero, car le film manque de lustre, les décors sont pauvrets, et les péripéties relèvent du cliché. Mais Rio est un personnage compliqué, même si tout s'explique, si on considère que sa relation avec Esqueda relève de "l'inavouable", surtout en 1953. "Nous avons dormi dans le même lit", avoue tout de même Rio au prêtre. Quand ils étaient enfants, bien sûr, mais… La dernière chevauchée d'Esqueda est le fruit d'un amour fou, insensé : il entraîne tous ses hommes à la mort, détruit à moitié une ville, dans le fol espoir de revoir celui qui l'a abandonné. Quinn, qui joue Esqueda, aura d'ailleurs ce même genre de relation avec Henry Fonda dans Warlock.

Impassible, rigide, le masque figé, la démarche d'automate, Robert Taylor est en fait un "objet de désir" pour tous les protagonistes. Et la gifle qu'il balance à Ava Gardner, pour choquante qu'elle soit ''(il est fou???)'', renforce la bizarrerie du personnage. Le dialogue tente de résumer son comportement par son amour pour cette femme, mais on sent bien que c'est beaucoup plus tortueux que cela.

Vaquero, sans être un grand film, contient des zones d'ombre passionnantes, des personnages à facettes, et Quinn est stupéfiant, dans un numéro de haute-voltige : crasseux, hirsute, riant comme un débile mental, pris de brusques changements d'humeur, il compose un bandido magnifique. Sa trahison finale est à la mesure du personnage : imprévisible. Taylor et Gardner font honnêtement leur travail, mais sont éclipsés, quant à Keel, il est tellement insignifiant, qu'on se souvient à peine qu'il tient un des rôles centraux.


Répondre

Installez Firefox
Accueil - Version bas débit

Page générée en 0.0025 s. - 5 requêtes effectuées

Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter