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Sujet : Götterdämmerung


De Impétueux, le 27 août 2008 à 11:32
Note du film : 6/6

Il y a toujours quelque chose de fascinant dans les engloutissements, dans les naufrages qui révèlent non pas les caractères exacts (on n'est que rarement confronté à ces moments extrêmes !) mais bien une de leurs facettes les plus dissimulées : courage ou lâcheté, aveuglement ou lucidité, détermination ou sens aigu de l'à quoi bon ?

On imagine assez que c'est un peu ce qui se passe, aussi bien à Constantinople en 1453 qu'à Fontainebleau en 1814 (ou, si l'on veut sur le Titanic qui coule) : une juxtaposition d'attitudes erratiques, ni forcément cohérentes, ni fatalement absurdes : certains demeurent fidèles jusqu'au bout à ce qu'ils furent toujours, d'autres se révèlent, dans l'héroïsme ou l'abjection…

J'ai trouvé que La chute était un film absolument formidable en ceci qu'au milieu des images terrifiantes d'un Berlin en flammes qui brûle comme frappé d'une malédiction divine justifiée, d'un peuple qui voit littéralement l'orage d'acier se déclencher et les hordes vengeresses l'encercler, tout l'entourage du Führer est présenté sans complaisance, mais naturellement, non plus, sans le lourd regard moral rétrospectif qui aurait abouti à diaboliser – donc à déshumaniser – les protagonistes. Tout l'art du réalisateur a consisté non pas à rendre les personnages sympathiques (le sont ceux qui le sont !) mais à les rendre profondément humains, jusque, pour certains à leur folie criminelle : Hitler (étonnante composition de Bruno Ganz) est tour à tour prostré et hystérique, Eva Braun, gentille, idiote et fidèle, Goebbels glacial, sa femme Magda fanatique et désespérée, les généraux butés.

La force du film est de ne rappeler que dans les cartons du générique final ce que fut le national-socialisme et les monstruosités répandues par lui à la surface de la Terre ; car ce que nous savons de cette abominable période historique ne disparait évidemment pas du récit des derniers jours de la vie du Bunker : notre connaissance est toujours là, sous-jacente, et l'évocation même de ces noms, Hitler, Goebbels, Goering, Himmler ne nous permettrait pas de ressentir la moindre empathie pour ces criminels traqués.

Mais – et c'est là que le film est fort – nous est montrée l'Humanité fondamentale de tout ce groupe : il est toujours très facile, en qualifiant quelqu'un de monstre de l'exclure ainsi de notre famille humaine et de le tenir au loin, avec des pincettes, comme s'il était un extra-terrestre ! Que nenni ! C'est bien l'Homme qui produit l'horreur, et la même Magda Goebbels, modèle d'amour maternel, est cette même fanatique qui proclame, non sans grandeur Notre merveilleuse idée est réduite à néant. Avec elle disparaît tout ce que j'ai connu de beau, d'admirable, de noble et de bon dans ma vie !. On peut aimer les animaux et détester les Juifs, on peut être un excellent père de famille et envoyer brûler les Tziganes, on peut être gai, spirituel et généreux avec ses voisins et semer la mort dans l'Europe entière…

Dans Berlin qui brûle, défendu par les gamins de la Hitlerjugend, les débris de la Wehrmacht et quelques centaines de volontaires étrangers (Français, Lettons, Norvégiens), l'Apocalypse se poursuit. Dans une telle guerre, il n'y a pas de civils a déclaré Hitler ; il y a toujours, en tout cas, cette forme sidérante de fidélité du peuple allemand, qui a tant frappé le Général de Gaulle qui, à quatre ou cinq reprises dans ses Mémoires de guerre insiste sur ce que, jusqu'au bout, le Führer et ses complices ont gardé l'adhésion de la population…

La chute est un film terrifiant et admirable ; chaque image est tendue et brutale. On sent la mort roder. La mort et la honte. Ainsi que dit Traudl Junge, secrétaire choisie par Hitler : C'est comme un rêve dont on voudrait se réveiller, mais on n'y arrive pas.


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De vincentp, le 20 mars 2010 à 23:01
Note du film : 6/6

Evocation minutieuse, très bien documentée, des derniers instants de Hitler et du pouvoir nazi. La chute relate le point de vue actuel des allemands et en cela est intéressant. Il montre comment chacun essaie dans ces instants particuliers de sauver sa peau, ou de sauver la face (selon son adhésion à l'idéologie nazi). Il y a les dogmatiques, les pragmatiques… Le peuple allemand est lui privé de repères. Son soutien à Hitler s'explique selon La chute par la crainte nourrie à l'égard des russes (comme celle des japonais face aux américains, dans le Pacifique, à la même époque).

A croiser avec la formidable série documentaire de la BBC consacré aux complots internes fomentés pour renverser Hitler (docu découvert par hasard dans un hôtel qui recevait la chaine Planète). Formidable, car ce sujet des complots sert de prétexte à un décryptage millimétré des rouages du III° reich, et montre l'état psychologique à l'intérieur de l'armée, et des différentes unités soutenant Hitler. J'y ai appris énormément de choses. Ce documentaire laisse supposer que les alliés savaient à peu près dès 1943 que l'Allemagne ne pouvait gagner la guerre, et que à partir de 1944, un Hitler illuminé à la tête du III° Reich, était le meilleur moyen pour terrasser l'ennemi.

Avec le recul que l'on peut avoir aujourd'hui, on ne peut que constater l'aveuglement idéologique d'Hitler, refusant constamment de reconnaître la réalité des faits, se racontant et racontant aux autres des inepties invraisemblables. La guerre qu'il a menée ne pouvait être gagnée, et cela dès le départ : trop d'ennemis à combattre, trop d'étendues géographiques à occuper…

La leçon de cette histoire : comment une dictature peut se maintenir un instant en l'état, et sa chute inévitable. Puis son jugement définitif par l'Histoire.


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De fretyl, le 23 février 2011 à 22:49
Note du film : 6/6

C'est bien parce-que La chute est un des seuls films à ne pas diaboliser Hitler qu'il est réussi. On sait que les sentiments extrémistes ne sont que rarement visible à œil nu. Que le refoulement de la haine profonde ne transparait que très rarement dans les comportements de ceux qui les transportes.
Le Hitler que l'on voit dans La chute est admirable de patience avec sa secrétaire, d'attention avec ses amis. Voila donc dés les premières images le dictateur le plus haï de tout les temps, le plus impardonnable, présenté sous un angle presque banal, sortit de sa caricature et humanisé.
C'est bien évidemment le point d'intérêt culminant du film. Hitler se montrait tendre avec sa chienne, gentil et amadoué avec les enfants, et pourtant provoquait délibérément la mort de millions de personnes sans le moindre regret.
La chute est plus qu'un film sur la seconde guerre mondiale, plus qu'un film sur un dictateur, c'est un film sur la maladie, sur la schizophrénie. Que peut-il donc se passer lorsqu'un malade mental, dont la place serait l'hôpital psychiatrique atteint les commandes d'un pouvoir mondial ?
La reconstitution de Berlin 1945 apparait comme un cauchemars éveillé, comme la conséquence de la folie d'un homme que rien, ni même lui, n'est capable d'arrêter.
Que personne n'ait pu voir que Hitler était dangereux, ni les millions de gens qui se massèrent derrière lui dans les années 30, ni même une partie de son entourage en dis long.
La chute vaut autant que le meilleur livre d'histoire ou que le meilleur documentaire sur cette époque. La chute nous en dis bien plus que le mauvais Hitler : la naissance du Mal qui lui montrait le dictateur sous un angle presque satanique.

Il y'a bien évidemment quelque chose de fascinant à voir la folie d'un dictateur porté à son paroxysme, rester à coté de ça presque humain et bonhomme. Le film atteint son but ; nous délivrer les facettes conventionnelles, d'un homme dont la monstruosité à transformer pour les siècles à venir comme le symbole de ce qu'il y'a de plus mal.

Les Dix Derniers Jours d'Hitler avec Alec Guinness n'avait pas réussi à pousser aussi loin les mystères et les ombres de cette histoire.


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De gilou40, le 24 février 2011 à 00:29

J'ai entendu un jour, dans un documentaire, qu'un mèdecin nazi célèbre (je ne sais plus lequel) allait soigner le soir, gratuitement, des malades atteints de je ne sais quelle maladie grave et ce, après avoir fait des expérimentations sur les déportés pendant la journée. On a beau être équilibré, on se sent déstabilisé…
D'autre part, j'ai une vieille VHS dans laquelle on raconte la vie d'Eva Braun. On y voit Hitler dans son nid d'aigle à Berchtesgaden, avec ses neveux, presque encore bébés. Il les cajole, les embrasse. Et on entend le commentateur dire, avec un air navré, cette idiotie monumentale :"- Quand on pense que ses neveux devaient l'appeler "Tonton" Adolf…-" . Là, c'est le ""journaliste"" qui m'a paru terrifiant. De connerie.

Je n'ai pas vu le film.


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De fretyl, le 24 février 2011 à 12:01
Note du film : 6/6

J'avoue ne pas croire systématiquement certaines rumeurs qui courent parfois sur le Fürher. J'entendais la dernière fois qu'Hitler aurait peut-être fait parti avant la guerre d'une secte et que son action politique relevait du satanisme.
Certains historiens ont dit que si Hitler était aussi tendre avec les enfants dans les pellicules du Berghof, c'est parce-qu'il avait des tendances pédophiles, de la même manière que sa relation avec un de ses confidents cachait une homosexualité latente. On a dit aussi qu'il avait été scatologique, paranoïaque, incestueux…

Je veux bien qu'Hitler soit pour jamais le plus grand assassin de tout les temps, mais on a pas besoin d'en rajouter autant pour nous le faire détester.


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