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Forum : Salomon et la reine de Saba

Sujet : De Saba à Leïa, de Salomon à Indiana...


De DelaNuit, le 5 juin 2008 à 22:07
Note du film : 5/6

Nous causions, sur un autre fil, des points communs des sagas Star Wars et Indiana Jones du tandem George Lucas / Steven Spielberg, et de leur mutuelle inspiration dans la Mythologie et le cinéma hollywoodien des années 30-50.

Ce Salomon et la reine de Saba en est un exemple frappant :

L'Arche d'alliance trônant dans le temple de Jérusalem, devant laquelle s'incline le roi Yul Brynner, semble avoir pour copie conforme celle du film Les aventuriers de l'arche perdue

Quant à la tenue de cérémonie de Gina Lollobrigida dans la scène d'orgie païenne où la reine de Saba offre ses formes voluptueuses à son dieu, son peuple… et ses spectateurs (une pièce d'étoffe pourpre entre les cuisses, de jolis coquillages aux volutes dorées sur les seins), elle a servi d'inspiration pour la tenue d'esclave de la princesse Leïa enchaînée à Jabba le Huth dans Star Wars 6 : Le retour du Jedi ! !

D'ailleurs, l'une des photos publicitaires du film montrait Carry Fisher dans cette tenue exactement dans la même position que Gina Lollobrigida dans une photo publicitaire de la reine de Saba 25 ans plus tôt…


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De fastivon, le 16 juillet 2008 à 13:28
Note du film : 6/6

Un véritable oeil de lynx que vous avez là.

La "récupération" du design de l'Arche d'alliance a été une magnifique idée… Personne ne sait quelle forme elle avait, mais est susceptible de reconnaître la représentation comme fidèle à l'authentique, en l'ayant déjà vue "quelque part".

Un vibrant hommage. Les coquillages de métal (avec large aération) qui soutiennent les protubérances coniques de Leïa ne m'avait pas fait faire le rapprochement qui s'imposait avec ceux de Saba…

J'avais d'ailleurs longtemps cru que les lolos de Gina étaient à découvert (et que le ciseau de l'inquisition aurait fermé les yeux dessus après les avoir bien croqués du regard)… jusqu'à l'arrivée du DVD, où nuances des couleurs et contours se firent plus mordants… La propriétaire des deux sphères les avait en réalité recouvertes d'une fine étoffe (semblable à du papier pelure) de couleur chair… Super malin, pour contourner la censure, tout en laissant croire aux spectateurs d'alors, qu'ils se rinçaient l'oeil devant deux fruits en costume d'Adam…


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De DelaNuit, le 10 novembre 2011 à 13:31
Note du film : 5/6

Effectivement, il s'agit du flacon d'essence de rose que la servante de la reine de Saba donne à sa maîtresse pendant que celle-ci prend son bain, tout affairée à se rendre la plus affriolante possible pour séduire le roi Salomon. La servante susurre à la reine d'un air entendu : "C'est le parfum que le roi préfère entre tous…"

La reine demande "Comment le sais-tu ?" La servante, fière de sa trouvaille, répond : "Les femmes de son harem me l'ont dit…" La reine alors, dans un soudain accès de colère, jette à terre le flacon qui se brise, s'écriant : "Je ne tiens pas à lui rappeler d'autres femmes !"

Ah… Les délicieuses colères des reines de peplum… !


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De DelaNuit, le 17 juillet 2015 à 17:23
Note du film : 5/6

La prochaine sortie de Star Wars VII donnant l’occasion de revoir sur le net et dans les magazines de cinéma une multitude de photographies des précédents épisodes, dont celles, complaisamment diffusées de la princesse Leïa déshabillée à la mode « péplum » dans Le retour du jedi (Star Wars VI), j’ai eu envie de me replonger dans le film qui a inspiré ce costume, copie presque conforme de la tenue rituelle de Gina Lollobrigida en reine de Saba pendant la grande scène d’orgie en l’honneur du dieu sabéen de l’amour, Râgon.

J’ai toujours plaisir à revoir Salomon et la reine de Saba, un péplum épique bien sympathique. Mais tout de même, il me semble un modèle de mauvaise foi dans certaines valeurs affichées. Ca ne devait pas se remarquer dans les années 50, mais aujourd’hui, on porte un autre regard sur ces films et il est toujours intéressant d’en prendre conscience.

Ainsi la reine de Saba est considérée comme une pécheresse puisque, n’étant pas mariée, elle s’autorise des amants, et va jusqu’à danser lascivement en petite tenue au milieu de son peuple, les incitant à de charnels ébats. Quelle honte, quelle horreur ! Pendant ce temps-là, le grand et sage roi Salomon, modèle de piété et de vertu, choisit chaque soir dans son harem parmi les dizaines de filles présentes celle qui aura l’honneur de partager sa couche. Ah oui mais là, rien à dire, n’est-ce pas, puisqu’il est marié à toutes ces filles et que c’est un homme…

Autre contresens absurde : dans une logique typique de toute une époque, le film repose sur le postulat que le paganisme polythéiste de la reine est synonyme d’une forme de gouvernement totalitaire, tandis que le monothéisme des hébreux est ferment d’un gouvernement éclairé dans le respect du peuple et de ses représentants. Pourtant, il n’y a pas besoin d’avoir fait de complexe études en histoire pour constater que c’est au contraire dans le cadre du polythéisme des anciens grecs que se sont développées la démocratie et la philosophie, la diversité des visages du divin allant de pair avec la diversité des idées, la légitimité de leur expression et de leur confrontation par la discussion et les débats y compris publics. A l’opposé, les cultes monothéistes imposant une vérité unique et incontestable ont fréquemment conduit à un totalitarisme de la pensée, assorti d’intolérance et de violence à l’égard des personnes exprimant d’autres idées ou d’autres façons d’être ou de vivre, des bûchers de l’inquisition au terrorisme de Daech (en passant par la « manif pour tous »…)

Il est d’ailleurs intéressant de se rappeler qu’après la révolution française et la prise de distance vis-à-vis de la religion d’Etat, tandis qu’on installait la république et la démocratie, ont refleuri dans l’art les représentations symboliques de la déesse grecque de la sagesse Athéna, qui selon la mythologie enseigna aux hommes ce nouveau type de gouvernement. Cette déesse païenne est d’ailleurs représentée en sculpture devant notre Assemblée Nationale et sur de nombreux édifices publics depuis cette époque. Alors le républicain que je suis trouve un peu fort de café les raccourcis trompeurs d’un film comme celui-ci.

Dernière absurdité, la reine de Saba, enceinte de Salomon, repart vers son pays pour y installer la religion monothéiste… Mais le seul monothéisme de l’époque était le judaïsme, qui ne concernait que le peuple dit « élu » des hébreux et n’avait pas vocation à s’étendre aux autres peuples (d’autant que la judéité se transmet par la mère et non par le père). Alors quel intérêt pour le pays de Saba de rejeter sa culture pour honorer un dieu étranger qui ne le reconnaît pas ?

C’est aux scénaristes hollywoodiens de l’époque qu’il aurait fallu poser de telles questions, et ils auraient eu bien du mal à y répondre, vu que leur logique binaire se contentait de séparer le monde antique entre gentils judéo-chrétiens vertueux et méchants païens cruels et débauchés. Je m’étonne que les critiques d’aujourd’hui, si promptes à se moquer d’un style jugé « kitsch », n’abordent pas cette question de fonds… autrement plus porteuse (vu que l’intolérance et les violences pour des raisons religieuses sont hélas toujours aussi présentes) que la simple constatation du vieillissement des styles formels.

Enfin, que ceci ne nous empêche pas d’apprécier le jeu et la présence charismatique de Yul Brynner et Gina Lollobrigida dans ce film de King Vidor où la passion traverse l’écran pour nous toucher de plein fouet. Il est juste utile de savoir prendre du recul vis-à-vis des idées toutes faites. Enfin, vous je ne sais pas, mais pour ma part, si le froid et austère palais de Salomon ne m’inspire guère, j’irais bien suivre Gina dans sa danse lascive rythmée par les chants, les tambours et les râles de plaisir de son peuple joyeux entre les flambeaux des fêtes de Râgon, fussent-elles kitschissimes ! d'ailleurs on raconte que sur le tournage de cette scène, il était bien difficile de séparer Yul et Gina dont les enlacements et baisers ne cessaient pas avec le traditionnel "Coupez !" et leur attirance réciproque se voit encore sur l'écran !


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De Impétueux, le 17 juillet 2015 à 23:13

Dans le cadre du polythéisme des anciens grecs que se sont développées la démocratie et la philosophie, la diversité des visages du divin allant de pair avec la diversité des idées, la légitimité de leur expression et de leur confrontation par la discussion et les débats y compris publics. A l’opposé, les cultes monothéistes imposant une vérité unique et incontestable ont fréquemment conduit à un totalitarisme de la pensée, assorti d’intolérance et de violence à l’égard des personnes exprimant d’autres idées ou d’autres façons d’être ou de vivre

Ah, ah… vous êtes impayable, DelaNuit, lorsque vous vous mettez à célébrer le paganisme… Dites moi… À Athènes, à Rome (que j'admire profondément et, si je puis dire, fondamentalement), il n'y avait pas d'esclaves, il n'y avait pas – à Rome, tout au moins – des jeux du cirque assez cruels ? En Phénicie, à Carthage, il n'y avait pas de sacrifices humains ?

Et vous pouvez m'indiquer qui a dit : Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ ?

Allez, je vous aide : Saint Paul , épître aux Galates, 3.28. On croirait quelquefois à vous lire entendre le papa du petit Marcel Pagnol dans La gloire de mon père : Les cachots de l'Inquisition, la papesse Jeanne.

Laissons Yul Brynner et Gina Lollobrigida batifoler, pour leur plus grand plaisir (et le nôtre) ; mais ne truquons pas l'histoire des civilisations…


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De DelaNuit, le 17 juillet 2015 à 23:22
Note du film : 5/6

Le monde antique était loin de la perfection, c'est un fait incontestable, mais au moins n'était-il pas hypocrite. La violence, les rapports de force y étaient monnaie courante mais on s'y écharpait ouvertement pour le pouvoir et pas pour imposer une religion supposée être d'amour universel. Les beaux idéaux des saints s'accommodent mal des tortures, bûchers et autres croisades organisés par l'Eglise… Quant on pense que l'esclavage a perduré jusqu'au XVIIIème siècle en Europe et jusqu'au XIXème siècle aux Amériques… dans un monde où le Christianisme était la religion d'Etat et l'Eglise la garante de la moralité ! Quel dommage que l'Eglise et ses adeptes d'alors ne se soient pas dressés contre l'esclavage pendant tous ces siècles avec la même énergie qu'ils mettent aujourd'hui à refuser un mariage civil aux homosexuels… Alors qui truque quoi ?

Entendons-nous, le paganisme n'était pas plus parfait que le monothéisme, loin s'en faut, mais au moins ne prétendait-il pas l'être en imposant une seule vérité, et permettait-il à une diversité d'idées de s'exprimer et de se confronter, tel est mon propos. Il me semble qu'au lieu de se replier sur des dogmes générateurs de conflits et de communautarisme, le monde actuel ferait mieux d'assumer sa diversité comme le faisaient les spiritualités antiques. Non pas pour revenir en arrière mais pour s'inspirer de tout ce qui peut être porteur pour avancer. Après tout, le Christianisme n'a-t-il pas tenté à sa manière d'opérer une synthèse entre le judaïsme (avec l'idée d'un dieu unique) et le paganisme (en reprenant – entre autre – les concepts de triade/trinité, vierge mère et dieu humain qui meurt et ressuscite)… Peut-être sommes-nous à une période charnière de l'histoire humaine. L'homme devra s'adapter et sa spiritualité aussi. Pour cela, sachons dépasser les idées reçues et nous confronter à nos contradictions. Et si ces péplums, que d'aucuns considèrent comme kitsch et démodés, peuvent conduire à une telle réflexion, ce n'est déjà pas si mal…


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De Impétueux, le 18 juillet 2015 à 19:50

Je crois que vous prenez les choses à l'envers, DelaNuit. Malgré ses erreurs, ses faiblesses, ses failles, ses anomalies, ses folies, ses retards à l'allumage, ses anathèmes quelquefois absurdes, ses conservatismes et tout ce que vous voulez, c'est l'Église qui a humanisé les grandes civilisations cruelles qui dominaient le monde et qui, sans cela, eussent représenté ce que fut, en Allemagne nazie, la grande victoire du paganisme. La trêve de Dieu, la Paix de Dieu et – dût la chose vous faire braire – l'Inquisition (c'est-à-dire un tribunal, toujours préférable à la Loi de Lynch) ont été des progrès humanistes décisifs dans l'Histoire.

Mais nous quittons là le domaine du cinéma, et je ne vais pas engager avec vous là-dessus un débat où nous ne serons de toute façon, pas d'accord.

Continuez plutôt à nous parler des seins admirables de Lollobrigida, preuve suffisante, selon moi, de l'existence d'un Dieu unique et bienveillant envers Ses créatures.


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De DelaNuit, le 19 juillet 2015 à 19:53
Note du film : 5/6

Il n'est pas besoin de se mettre d'accord. Chacun ses idées, et il est bon – à mon sens – qu'elles puissent s'exprimer dans la diversité. Quant aux croyances, elles relèvent de toute façon de l'irrationnel. Mon propos était de m'inscrire en faux contre le message du film selon lequel polythéisme est synonyme de tyrannie et monothéisme de respect des peuples. La démocratie est née dans une civilisation polythéiste, c'est un fait historique (et comme disait quelqu'un : "rendez à César…"). Et les vérités uniques imposées – qu'elles soient religieuses ou politiques – sont promptes à mener dans la direction inverse, l'Histoire l'a également maintes fois montré. Mon propos est simplement de nuancer certaines idées toutes faites.

Quant aux attributs de Gina Lollobrigida, ils me semblent davantage relever des dons de la déesse de l'amour Vénus Aphrodite, mais ça ne vous empêche pas de penser autrement… De toute façon le multiple peut très bien se réduire dans l'unique et l'unique s'exprimer dans le multiple, la notion de Sainte Trinité en est un bon exemple.


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