Il y a un moment maintenant, qu'on n'attend plus grand-chose de Woody Allen. Du grand cinéaste new-yorkais de jadis, dont chaque oeuvre était un des évènements de l'année, il ne reste qu'un fantôme déraciné, qui enchaîne les films, sans qu'on ne sache plus vraiment ce qu'il raconte.

Dans Le rêve de Cassandre, tourné en Angleterre, il reprend la thématique de Crimes et délits et de Match point, à savoir l'assassinat comme seule issue de secours, puis les remords, et l'oeil de Dieu qui est censé juger, sans strictement rien apporter de nouveau au débat. La photo est jolie, la mise en scène plus déliée que d'habitude, et Colin Farrell n'a pas été aussi bon depuis des lustres, mais Le rêve de Cassandre reste un pensum mollasson, qui prend son temps, s'effiloche gravement sur la fin, et dont l'épilogue laisse perplexe. Les personnages féminins sont étrangement fades et peu mémorables (rare chez le cinéaste), et l'excellent Wilkinson ne fait que passer, dans un rôle peu crédible.

Continuons d'espérer un ultime grand film, un sursaut salutaire, pour le septuagénaire dont on n'attend qu'une chose : qu'il s'en retourne filmer New York ! Loin de ses racines, il y a un manque évident, un vrai déficit d'inspiration.