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Forum : Les Diaboliques

Sujet : Une histoire de cœur


De azurlys, le 21 mai 2008 à 15:15

La chaine 8 sur la TNT, dont les programmes ne sont pas franchement explosifs, présente parfois, au détour d'une soirée, quelques exceptions. J'ai revu ainsi, il y a deux jours, "Les Diaboliques" d'Henri-Georges Clouzot. A chaque fois, c'est la même chose, je me fait régulièrement avoir ! Je ne peux pas me détacher les yeux de ce film que je connais pourtant par coeur. Mais son pouvoir d'envoûtement m'est toujours apparu comme exceptionnel, en dépît de ses invraisemblances, de ses incohérences de récit. Peut-être trouverai-je ici une bonne âme qui m'éclairera sur quelques points obscurs.


Chacun sait que c'était un roman de Pierre Boileau et Thomas Narcejac "Celle qui n'était plus" (si je ne me trompe pas – c'est toujours possible) et depuis rediffusé en librairie sous le même titre que le film. Hitchcock avait lorgné sur ce roman à tiroirs, et avait contacté les auteurs pour le porter à l'écran. Sa déception fut grande quand il sut que les droits venaient être vendus à Clouzot. Comme il avait le tête près du bonnet, et une dose de talent à revendre, il s'est alors tourné vers "D'entre les morts", des mêmes auteurs, qui est devenu "Vertigo" au cinéma. Cette introduction liminaire n'est pas sans quelque rapport avec mes interrogations.

Dans le roman – que je n'ai pas relu de longtemps – il me semble que les personnages étaient inversés, et que la victime réelle (dans le film Mme Delassale-Véra Clouzot), était bien le directeur de l'établissement.

A l'époque de la sortie du film, – comme l'on bien vu les correspondants de ce site – la promo sur le mystère à préserver, sur la nécessité de ne rien révéler – même sous la torture – aux autres futurs spectateurs, avait été menée bon train. Et pourtant, assez vite, un canard de l'époque (j'ai encore l'en-tête en tête et dans un dossier, mais ne me souviens plus du titre de la parution) avait titré "Exorcisons les Diaboliques" ! Et d'y aller dans les révélations sur la fin du film, sur les deux monstres de connivence, Melle Horner et M. Delassale (Simone Signoret et Paul Meurisse) d'accords l'un et l'autre pour envoyer l'épouse fortunée sur l'autre rive, portée par le cygne de Tuonella !

Le journal en question, agacé sans doute du succès du film avait également ironisé sur le fait qu'il eût sans doute été plus simple, la pauvre directrice de l'établissement Delassale étant quasi sub-claquante à cause des défaillances de son cœur – une histoire de coeur, en somme, sauce arsenic – de la guetter un soir, et de lui faire Hou ! Hou ! pour en être débarrassée avec un minimum de difficultés. Bien sûr… mais cela nous aurait privé d'un film fascinant, du moins c'est mon avis.

Pour persifleuse qu'elle a été, la remarque n'est pas fausse, et les rouages complexes de ce film développent un récit qui pouvait être plus simple. Alors ? Dans ce film – en tous cas pour ceux qu'ils l'ont encore clairement à l'esprit – deux éléments bloquent un peu la logique. Quand les deux femmes sont à Niort, chez Nicole, elles endorment le directeur de l'institution venu les rejoindre, par un soporifique versé dans de l'alcool, et le noient dans la baignoire. Passons sur le coté terrible de cette scène éprouvante. Le pauvre directeur terminera sa nuit dans l'eau – et sa vie, du moins en principe – avec un bronze sur la poitrine. Selon la logique du récit, il eût été souhaitable que fut ajoutée une seule réplique de Melle Horner à Meme Delassale du genre : "Tu es à bout de nerf. Tiens, voilà qui t'aidera à dormir", et de lui tendre un comprimé – pas question de confusion avec la drogue destinée au mari, évidemment. Au moins ce dispositif aurait ouvert à la logique de l'évasion de M. Delassale de sa baignoire pendant qu'elle dormait à poings fermés, à défaut du sommeil du juste ! Or la caméra nous la montre assise dans le lit, les yeux ouverts, dévorée d'angoisse, alors que l'on perçoit les clocs ! clocs ! du robinet mal fermé sur la nappe en nylon qui couvre la baignoire ! Une fois que la fin du film nous apprend qu'il en est sorti vivant, l'ultime scène de Niort ne tient plus très bien.

Itou lors de l'une des dernières séquences, assez horrifiques, où la pauvre épouse après une longue course en chemise de nuit dans les couloirs noyés – c'est le mot – d'obscurité, arrive pour se rafraichir dans la salle de bains, un cri déchirant sort de sa gorge à la vue du mari, à nouveau "noyé", et couché dans la baignoire, qui se relève lentement, terrible mort-vivant, comme la statue du Commandeur, alors qu'elle s'effondre en hurlant un long cri qui s'étouffe, et l'étouffe dans un râle mortel. Le méchant directeur sort de l'eau, ôte ses verres cornéens, modèle "révulsés", et constate la mort de sa femme. Encore un instant et il tombe dans les bras de sa complice, Nicole, change rapidement de vêtement(s) (encore que le veston sec sur la chemise mouillée…). Et tandis qu'ils se gargarisent, les monstres, de leur réussite, le commissaire, joué par Charles Vanel, qui suit l'affaire de loin, surgit des ténèbres et jette sur eux un doigt accusateur : "Vous risquez vingt ans de bagne, avec un bon avocat…". Ah ! Lui, planqué dans l'ombre, qui avait subodoré l'affaire, préférait confondre les complices, que d'intervenir, alerté par les hurlements de terreur qu'il ne pouvait pas ne pas avoir entendus, abandonnant ainsi la victime à son sort.

Sans doute rétorquera-t-on qu'il fallait "que film se passe", et qu'il est vain de chercher à comprendre. On dira aussi – et l'on aura sans doute raison – que c'est un film effroyable sur la laideur et la noirceur humaine, le sadisme et la cupidité de Delassale, la sinistre Nicole, monstre calculateur, la bêtise des personnages de second plan – excellents Larquey, Serrault et Brochard -, et le retournement de la pieuse Mexicaine (Véra Clouzot) qui abandonne ses préceptes chrétiens en partie imbibés de religiosité superstitieuse, finalement la plus sympathique parce qu'on la sent manipulée par son tyran de mari et la garce de Nicole.

Les deux "blocages" dont j'ai parlé plus haut, à Niort et en région parisienne, lors de la terrible séquence finale, me sont toujours restés un peu sur l'estomac. Si l'on voulait m'éclairer sur ces deux… appelons cela "erreurs", si l'on veut, j'en serais profondément reconnaissant. A moins que… et là on revient à Hitchcock.

Lors d'une récente réédition de "Vertigo", l'ancienne Vistavision utilisée alors ne pouvant plus être utilisée, les trois sélections d'après le négatif Easmancolor destinées au tirage initial, ont été agrandies en pellicule 70 m/m et le film a fait une seconde carrière. Lors d'un gala en Belgique, Kim Novack a bien voulu se déplacer pour le présenter et en parler. Un spectateur lui a alors posé une question relative à une scène au cours de laquelle James Stewart suit l'héroïne en voiture, au pas, alors qu'elle se dirige vers un hôtel du haut de la ville (San Francisco ? Los Angeles ?), où l'on vit encore un peu à l'européenne. Elle entre dans l'hôtel, et de la rue, le détective la voit au travers les vitres de sa fenêtre. Il entre alors dans l'hôtel à son tour, questionne la logeuse, qui lui répond ne pas avoir vu la jeune femme, au reste très discrète. Il demande à voir la chambre, elle accepte. La clé est au tableau. Ils montent de concert, et le détective constate la chambre vide. L'absurde submergeait la scène. Disparition irrationnelle ? Pourquoi pas. Mais la suite de l'histoire nous apprend que l'on était devant une séquence "impossible".

Kim Novack répondit alors que sur le tournage techniciens et comédiens avaient fait remarquer au grand Hitch que cela ne collait pas. Il a alors répondu "je tiens à ce dispositif parce que c'est une impasse". Rien dans le déroulement narratif n'expliquait cette scène !

Pour en revenir aux Diaboliques, à votre avis, faut-il y voir une, ou plutôt deux astuces de ce genre, ou serais-je passé à coté d'une révélation en deux volets, malgré la fascination qui ne me permet plus de détacher mes yeux de l'écran ?

Pardon pour la longueur, et merci de vous pencher sur cet épineux problème…

   

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De jipi, le 21 mai 2008 à 17:20

Petit cadeau azurlys

Le contenu est cruel, un jouissif au cordeau rabaissant professeurs épouse et maîtresse dans un pensionnat où la nourriture est au rabais.

Michel Delasalle rustre, violent, irrespectueux fait trembler l'intégralité d'un ordinogramme soumis par lâcheté ou mépris.

L'instituteur fait pitié en implorant un verre de vin supplémentaire.

Certaines scènes impressionnantes conservent une verdeur surprenante malgré les années. L'œuvre est machiavélique, humiliante, certains individus en pleine démolition malmenés en permanence ne lutte même pas pour reconquérir une dignité,

Chacun s'effondre dans ses limites auréolant un récit sans espoir dominé par les restrictions d'après guerres tarissant sensibilités et bontés.

Un agressif stimulé par l'emprise s'acharne sur des pleutres soumis à un maître par manque d'envergures.

Henri Georges Clouzot semble s'acharner sur certains composants lâches et maladifs courbant l'échine devant un supérieur mais infligeant punitions et leçons de morales à de jeunes élèves impuissants.

Un logiciel vénéneux, dominateur, lâche, angoissé et religieux se déploie à foison dans plusieurs esprits réceptacles. Tout est à jeter, rarement une œuvre cinématographique n'a fourni autant de personnages négatifs.

Une faune sinistre projetée dans une intrigue policière gardant fière allure dans un vaisseau humain déplorable représentatif d'une société sclérosée par un relationnel verbal implacable et procédurier éradiquant de manière violente les plus faibles.


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De Arca1943, le 21 mai 2008 à 17:39

"Ne soyez pas "diabolique" ! Ne racontez pas la fin de ce film à vos amis !"

À Azurlys : même 50 ans plus tard, je suis toujours contre qu'on révèle publiquement la fin des Diaboliques – par exemple ici sur ce site – sous prétexte de gloser. Une bonne histoire vaut pour elle-même, ce n'est pas un simple prétexte à faire du style, contrairement à ce que semblent croire certains formalistes enragés.


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De fretyl, le 21 mai 2008 à 17:54
Note du film : 3/6

Le problème avec Les diaboliques c'est que je n'ai pris du plaisir que la première fois que je l'ai vu, lorsque j'ai voulu revoir le film une deuxième fois, l'effet de surprise passé, je n'ai vu que les invraisemblances de l'histoire.


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De Arca1943, le 21 mai 2008 à 18:05

« L'effet de surprise passé… »

En tout cas c'est cet effet de surprise que je m'efforce (comme vous, je crois) de préserver, si on a le moindre respect pour les artisans de ce classique. Quant à votre question sur Vera, cher Fretyl, il va falloir que je me rafraîchisse un peu la mémoire. À plus tard, donc.


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De Lagardère, le 21 mai 2008 à 20:20
Note du film : 5/6

Mon cher Frétyl , je pense que tout le suspens , je parle de celui qui dure après le film (que vous nommez invraisemblances), repose sur ce que dit le petit garçon à la toute dernière seconde du film . Car il parle de Vera Clouzot , quand il dit:
-J'l ai vue moi…je sais bien que j'l ai vue !-"

Mais , cette fois ci , dit il la vérité ? Si il ment , Vera Clouzot pleure à l'endroit que vous indiquez car elle ne sait rien de ce qui se trame…

Admettons maintenant que ce petit garçon a vraiment vu Véra, et que donc, elle était au courant du bidonage depuis le départ. Elle se devait de jouer le jeu… pour aboutir à ses fins.


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De fretyl, le 21 mai 2008 à 20:48
Note du film : 3/6

Je crois bien que l'enfant ne ment pas, c'est justement cela qui fait le film se clôt en beauté sur un retournement de situation inattendu, mais dans la scène dont je parleVera Clouzot ne joue pas la comédie puisque Signoret est absente, je crois que c'est au moment ou elle monte chez le voisin Noel Roquevert, ce dois être une erreur de réalisation de la part de Clouzot, censé faire croire au spectateur jusqu'au moment fatidique qu'elle ne sait rien de ce qui se trame .


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De Casper, le 21 mai 2008 à 20:58

Il y a bien longtemps que j'ai cessé de me poser ce genre de qustions. En effet Les diaboliques à mon humble avis, ne souffre d'aucune erreur! C'est uniquement fait exprès pour que le spectateur se pose des questions qui restent sans réponses. Un tel film ne peut souffrir de fautes aussi graves. Ce n'est qu'un stratagème du réalisateur.


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De Lagardère, le 21 mai 2008 à 22:15
Note du film : 5/6

Simone Signoret chez les voisins , oui ! Mais combien de temps ? Rappelez vous la surprise ( feinte ??) de Vera Clouzot quand elle l'a retrouve…dans la salle de bain !

"-Tu étais là depuis longtemps ??,

"- Je suis revenue par la porte de derrière…-"

Je crois , cher Frétyl , et je rejoins Casper en ce sens , que nous nous creuserons longtemps ce qu'il nous reste de méninges pour Savoir ce que le , oui , "stratagème " diabolique de Henri-Georges Clouzot ne veut pas que nous devinions ! Mais parler d'une erreur de réalisation de sa part , me semble à écarter d'emblée…


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De Nadine Mouk, le 22 mai 2008 à 22:25

Vous ne pensez pas qu'il y a autre chose à écarter qu'une erreur du réalisateur ? Ce sont les questions à n'en plus finir et qui sont le grand génie de Henri Georges Clouzot ..Restons sur l'émotion que procure le frisson de l'étrange ! c'est bon autant que trés trés mystèrieux…


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De azurlys, le 24 mai 2008 à 16:24

Vos messages sont tous intéressants, parfois passionnants, mais n'éclairent rien. Ils ont raison de n'en rien faire, peut-être bien parce qu'il n'y avait rien à éclairer dans ce chef-d'œuvre de noirceur. Toutefois, la, ou les versions qui laissent entendre que Mme Lassale (Véra Clouzot) serait dans le secret, (et je suis près à faire amende honorable si je me trompe), me semble très hasardeuses. En effet, la pauvre femme est bien la victime réelle, par la complicité des deux autres protagonistes, Nicole et Michel Delassale. D'où cette impression d'un récit complexe, avec des chausse-trappes, des chemins obstrués qui ôtent tout espoirs de comprendre. De toute évidence, Véra Clouzot (dont le prénom dans le film m'échappe), est bien morte au bout du récit.

Si j'avais parlé de l'apparition inattendue du policier – remarquable Charles Vanel, mais c'est un pléonasme -, j'avais omis de souligner les étranges circonstances de son apparition dans le récit. On le voit, discret, attentif, assis sur un banc, lors de la visite de l'épouse à la morgue où elle croit pouvoir trouver et reconnaître le corps de son mari disparu. Personne ne sait d'où il vient, ni pourquoi, ni qui il est : un flic officiel ? Un privé ? Rien n'est expliqué. Sa présence lors de la scène finale : la nuit, la pension, pour miteuse qu'elle soit, est fermée (un "code" depuis la voiture permet d'alerter le concierge), la dernière scène, terrifiante, même si on l'a vu dix fois, se déroule de nuit, et rien ne peut expliquer la surprenante présence de ce flic, la nuit, dans un lieu fermé à clé. Pour le reste, et son attentisme – si l'on peut dire – à cueillir les coupables, le pousse à abandonner le secours à la victime !

La fin, parait déboucher sur du fantastique, et la réponse de l'enfant qui dit "avoir vue Mme la Directrice", ouvre sur un abîme.

J'avais épinglé deux scènes parce peu de choses, de fait (une seule réplique pour la première, à Niort) aurait ménagé un semblant de cohérence glissé dans un récit vertigineux dont les apparentes invraisemblances servent un récit torturé. Même ainsi, "Les Diaboliques" est un film exemplaire qui flirte avec l'étrange et l'inconnu. Ce n'est pas sans motif qu'on peut le voir et revoir – pour ma part, je n'y échappe jamais tant son charme vénéneux est puissant. C'est le propre des oeuvres majeures et fortes, parce qu'elles nous conduisent sans doute dans les replis vertigineux de notre propre inconscient.


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De Frydman Charles, le 3 juin 2009 à 16:58

Le coup de théâtre final est tellement incroyable qu'il donne l'impression que le metteur en scène a changé son scénario à la dernière minute… Même en connaissant la fin, on a du mal à comprendre, en revoyant le film ,la mise en scène diabolique construite par les 2 amants…

C'est un peu le même genre de fausse piste que l'on retrouvera dans le film "125 rue Montmartre" en 1959.


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De Arca1943, le 3 juin 2009 à 17:32

« Le coup de théâtre final est tellement incroyable qu'il donne l'impression que le metteur en scène a changé son scénario à la dernière minute… »

Mais non, puisqu'il portait à l'écran une intrigue conçue par Boileau-Narcejac.


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De Arca 1943, le 3 janvier 2010 à 21:16

…que j'ai déniché en furetant sur le site de la FNAC. Cérémonie bi-hebdomadaire, ce furetage consiste à taper des noms italiens dans la petite case Recherche dans l'espoir de voir surgir des nouveautés. Alors, je tape "Angela Molina" et voilà ce DVD, Les Démoniaques, un téléfilm franco-suisse avec Molina, Aurore Clément, Jean-Philippe Ecoffey­. Précisons que ce n'est pas un remake du film de Clouzot – comme la nullissime verson américaine – mais plutôt une adaptation de "Celle qui n'était plus", le roman à suspense original de Boileau et Narcejac. Quelle différence ? Il y en a une de taille : c'est que pour le scénario de son film, Clouzot avait renversé quelque chose de fondamental de l'intrigue conçue par Boileau-Narcejac. Ce renversement ne changeait rien à la puissance anxiogène du récit – et en tant que suspense l'adaptation reste pourtant relativement fidèle – mais quoi qu'il en soit, l'histoire originale de BN restait donc à raconter : car les "diaboliques", curieusement, ne sont pas exactement les mêmes que ceux du film… Mais ne comptez surtout pas pour moi pour vous en dire plus !


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De Tamatoa, le 9 novembre 2012 à 19:13
Note du film : 6/6

Oh la la  ! Que de monde sur ce fil ! Et comme je le comprends ! Je me suis rabattu, hier au soir, sur Les diaboliques parce que j'étais en train de regarder Usual Suspects pour la troisième fois et, pour la troisième fois, on est venu m'emmerder ! Je n'ai jamais pu voir ce film en entier ! Il attire les emmerdeurs. J'aimerais pourtant bien savoir ce que trame cet handicapé de Kevin Spacey. Je crois que je vais être obligé de m'acheter le DVD.

Donc, retour Diaboliques, une fois la paix retrouvée. Je ne m'en lasse pas..Il a placé la barre très haut le Clouzot. Ce que c'est bon ce film ! Même au bout de la Xèmme fois. On s'engonce de plus en plus dans son fauteuil pour se délecter de cette histoire noirissime et jouissive. Que voilà du grand, du très bon cinéma. Tout à été dit mais je voudrais répondre à Azurlys (très joli pseudo qui sent bon la féminité) :

Charles Vanel, Personne ne sait d'où il vient, ni pourquoi, ni qui il est : un flic officiel ? Un privé ? Rien n'est expliqué.

Si. Il est commissaire de police à la retraite ! Il l'explique à Vera Clouzot dans le taxi.

On le voit, discret, attentif, assis sur un banc, lors de la visite de l'épouse à la morgue où elle croit pouvoir trouver et reconnaître le corps de son mari disparu. Personne ne sait d'où il vient, ni pourquoi il est là.

Il est là pour attendre la personne qui va se manifester pour le cadavre retrouvé nu, dans la Seine. Quant à sa présence, la nuit, dans l'école, elle s'explique par le fait qu'il n'a pas quitté l'école dans la journée. Point.

Pour le reste, et son attentisme – si l'on peut dire – à cueillir les coupables, le pousse à abandonner le secours à la victime !

Quelle victime ? Elle est vivante. Il a compris et lui a expliqué ce qui se passait. A partir de cet instant, ce sont eux, Charles Vanel et Véra Clouzot qui mènent la danse… Et quand Paul Meurisse constate le décès de sa femme, elle peut parfaitement, par sa position, interdire tout contrôle de pouls "sérieux".

Enorme, cette œuvre majeure. Quelle réussite ! Juste un petit détail : dans tout ce que j'ai lu, personne ne parle de la façon dont sonne le téléphone à Niort. Nous sommes en 1955, et les sonneries de téléphone ne sont pas aussi mélodieuses qu'aujourd'hui. Mais, quelle que soit la sonnerie, elle se doit, automatiquement, d'être "régulière". Or, la sonnerie du téléphone nous rappelle étrangement le bruit d'une sonnerie de porte sur laquelle quelqu'un s'affolerait, paniquerait ! Regardez ce passage, c'est assez curieux.

Un détail amusant dans un chef-d'œuvre qui ne l'est pas beaucoup… pour notre plus grande joie. Je sais qu'il n'est pas de bon ton d'affirmer qu'"avant c'était mieux", mais en ce qui concerne le cinéma, je crois que ça ne fait aucun doute..


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De Azurlys, le 13 novembre 2012 à 13:32

L'un des patrons de la Maison – ou le Patron, je ne sais – me suggère de lire les réponse (?) aux deux ou trois "impasses" qui me semblaient figurer dans ce film fascinant. D'où la référence à Hitchcok, sa la réédtion de "Vertigo" (en 70m/m) et la présence de Kim Novak, dans mon intervention précédente, de quelque temps déjà.

Les réponses et explications de Tamatoa semblent curieuses, et paraissent faire la part belle à une nouvelle version du film. C'est astucieux, mais la démonstration manque qui lui accorderait un crédit complet. La présence du flic (Charles Vanel) dans la pension de nuit ne me semble pas éclairée par cette démonstration un tantinet expéditive : il était dans la maison, il y est resté. "C'est un peu court, jeune homme…". Pas de réponse non plus pour l'affaire de la "mort" de Michel Delassalle à Niort. Il patauge dans la baignoire avec un bronze sur la poitrine, alors que sa femme est dévorée d'angoisse en écoutant les gouttes tomber sur le nylon. Un seule réplique – qui ne trahissait rien du récit – eût apportée une cohérence lors de la révélation finale. Elle manquait, et le film débouche sans éclairer les performances sportives et l'endurance et les capacités pulmonaires exceptionnelles de la victime pour sortir de son bain sans alerter les deux femmes dans la chambre contigüe. Il pouvait y avoir des significations que je n'avais pas été capables de discerner, et j'attendais une ou deux révélations.

Navré, mais je ne suis pas convaincu. Au reste, il semble que votre démonstration repose sur des arguments trop faiblards. Comme si l'on disait "pourquoi la porte est ouverte" ? Réponse "parce que je l'ai ouverte". Logique imparable, mais inefficace, me semble-t-il. En somme, "Voila pourquoi votre fille est muette".

Comment concilier l'état de santé de Mme Delassale – faculté à l'appui – avec une "mise en scène" personnelle et la complicité d'un flic aussi alambiquée ! Du coup,, tous les autres personnages devenaient inutiles. Elle était prête pour un suicide théâtral et laborieux delayé sur deux heures de projection.

En revanche, je partage vos impressions sur ce film, l'un les plus fascinants de l'histoire du cinéma français et même mondial. La noirceur et/ou la médiocrité des personnages (Brochard, Serrault, Larquey, F. Dornis, entr'autres, y sont extraordinaires) et soulignent l'excellence de ces comédiens de second plan auxquels "Les Excentriques du Cinéma français" a su rendre hommage). Paul Meurisse charge peut-être un peu, et la grande Signoret y est extraordinaire. Je n'entre jamais dans ce film sans m'y faire cueillir à chaque : on ne décolle pas les yeux de l'écran.


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De Tamatoa, le 13 novembre 2012 à 16:50
Note du film : 6/6

Pour ma part, il me semble, Azurlys, que vous vous compliquez bien la vie ! "- C'est un peu court, jeune homme !-" Le fait que le comissaire soit resté dans l'école jusqu'à la nuit ne vous convient pas ? Qu'à celà ne tienne ! Il a pu réveiller Plantiveau, le concierge, en pleine nuit et se faire ouvrir la porte …IL est flic, ne l'oubliez pas ! Et le concierge pas très malin.. Tout ça n'a rien "d'expéditif", c'est tout à fait faisable et raisonnable. D'autant que tout n'est pas filmé. Vanel a très bien pu répondre à une invitation de Signoret et de Véra Clouzot. Elles n'avaient pas intérêt à "repousser" ce commissaire, pour ne pas éveiller les soupçons. Non, décidément, je ne vois rien de mystérieux dans sa présence, de nuit, dans cette école.Si mystère il y a, il n'est pas là..

Michel Delassalle patauge dans la baignoire avec un bronze sur la poitrine, alors que sa femme est dévorée d'angoisse en écoutant les gouttes tomber sur le nylon. Un seule réplique – qui ne trahissait rien du récit – eût apportée une cohérence lors de la révélation finale. Elle manquait, et le film débouche sans éclairer les performances sportives et l'endurance et les capacités pulmonaires exceptionnelles de la victime pour sortir de son bain sans alerter les deux femmes dans la chambre contigüe. Il pouvait y avoir des significations que je n'avais pas été capables de discerner, et j'attendais une ou deux révélations.

N'oubliez pas qu'il était recouvert d'une nappe plastique. Donc caché ! Et que le bronze n'a pas dû rester très longtemps sur sa poitrine ! D'autre part, la baignoire n'était pas entièrement pleine (regardez bien !), ce qui lui donnait liberté de respirer, le bronze sur ses jambes, en attendant le moment propice pour s'extraire de la baignoire. Son trajet dans la malle à du être bien plus pénible que son bref séjour dans la baignoire..

sa femme est dévorée d'angoisse en écoutant les gouttes tomber sur le nylon. Certes, nous la voyons comme ça…quelques secondes ! Mais elle n'est pas restée comme ça toute la nuit ! Et si mes souvenirs sont bons, Signoret ne lui donne t-elle pas un calmant pour dormir ? Quant' à alerter les deux femmes qui dormaient à côté, il n' y en a qu' une qui ne fallait pas réveiller, puisque l'autre était au courant de la supercherie. Et nul doute que c'est Signoret qui lui indique le bon moment pour sortir de son inconfortable posture.

Comment concilier l'état de santé de Mme Delassale – faculté à l'appui – avec une "mise en scène" personnelle et la complicité d'un flic aussi alambiquée ! Du coup, tous les autres personnages devenaient inutiles. Elle était prête pour un suicide théâtral et laborieux délayé sur deux heures de projection.

Mais ce n'est que quand elle avoue toute la vérité à Vanel que ce dernier comprend. Et c'est A ce moment là que la situation se renverse ! Rien n'était prêt depuis le début… C'est astucieux.. Je ne cherche pas à être astucieux. Arguments faiblards... Si vous voulez, mais arguments quand même ! Je vois et prends les faits comme ils se présentent..Je ne prétends pas détenir la pierre philosophale. Je vous livre ma vision des choses. Peut-être ne suis-je pas assez perfectionniste, c'est pas impossible. En tous cas, merci pour l'échange..Le mot Forum prend tout son sens !


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De Azurlys, le 16 novembre 2012 à 14:25

Merci de la réponse ! Là encore, je reste perplexe. Il me semble que s'il manque des éléments qui ne figurent pas sur l'écran – ellipse, ou coupes au montage – votre imagination s'emploie à leur remplacement avec une dextérité brillante à laquelle il convient de rendre hommage. Par exemple, si le flic surgit des ténèbres à la suite d'une longue séquence éprouvante pour les nerfs de spectateurs et ceux de la pauvre Mme Lasselle, c'est qu'il était dans la pension, et y était resté. Si cette version ne me convient pas, vous en apportez une autre tout aussi invérifiable apparait. Le concierge à ouvert au flic. Rien à dire, tout cela est d'une flagrante logique. Je ne suis pas sûr en revanche que ce soit celle de Clouzot.

Dans votre première réponse, le flic n'avait aucune raison d'intervenir, tout occupé qu'il était à surprendre les coupables. Il m'apparait qu'une intervention avant la mort de l'épouse m'eût semblé plus logique que de coffrer les deux méchants. Au reste, son intervention, selon vous, c'était inutile, Mme Lasalle était vivante. Mais la longue séquence horrifique qui part du bureau, et s'achève dans la salle de bain par les cris étouffés de l'épouse terrifiée, pouvait largement pousser à renoncer à l'arrestation pour porter secours à la victime, même et surtout encore vivante.

Vous soulignez à juste raison que le fic – étonnant Vanel – était en retraite. Qu'avait-il à faire de nuit dans une pension où rien ne pouvait expliquer sa présence, ni légalement, ni officiellement, puisque il lui était impossible d'intervenir "en service", et pour cause ?

Il se peut que l'on voit Delassale-Meurisse à moitié dans l'eau, (je n'ai pas revu ce film depuis quelques années) mais il me semble bien que sa maîtresse, Mlle Horner (Signoret, royale) appuie sur ses épaules et les bulles jaillissent au fur et à mesure de l'eau dans ses poumons. La fin du film nous apporte évidemment une réponse différente, mais ce qui est censé être une nuit à barboter dans l'eau d'une baignoire avec un bronze, échappe à toute logique d'évasion. Ni par la-baignoire-pas-pleine, ni par le-bronze-sur-les-genoux (?). De plus, cette terrible nuit maritime se serait écoulée avec une discrétion de violette, pour que nul n'en sache rien. Tout cela fait beaucoup de suppositions hors du film…


Peut-être était-ce voulu par Clouzot et son scénariste, mais les explications que vous proposez pour combler les manques de ces deux "impasses" conduisent d'avantage à louer votre imagination que nul ne saurait contester. C'est peut-être cela que nous conviait le réalisateur.

L'imaginaire va puiser son inspiration dans l'inconscient. Un film, un tableau, un livre, ressemblent assez à une auberge espagnole : on y trouve ce que l'on y apporte.

     

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De Tamatoa, le 16 novembre 2012 à 17:07
Note du film : 6/6

Mais la longue séquence horrifique qui part du bureau, et s'achève dans la salle de bain par les cris étouffés de l'épouse terrifiée, pouvait largement pousser à renoncer à l'arrestation pour porter secours à la victime, même et surtout encore vivante.

Mais cette séquence là était plus que nécéssaire ! Si pas de crime, pas d'arrestation ! Il fallait bien que Vanel entende les aveux de Meurisse et Signoret pour les confondre ! Arrêter Meurisse avant ""la mort"" de Vera Clouzot ? Pour quel motif ? Parce qu'il prend un bain tout habillé ? Parce qu'il a été se promener sans prévenir la police ? Parce que Signoret était sa maitresse ?? Il aurait eu l'air malin !…La longue séquence horrifique, mise en scène par Vanel et Vera, était destinée à confondre les coupables. Coupables d'avoir voulu tuer Vera. Les confondre, qu'il soit flic en exercice ou pas ! Si un jour vous voyez, par exemple, un type en train de violer une femme qui hurle, vous n'allez pas vous demandez 1) si vous êtes flic et 2) si c'est légal que vous interveniez !

Vous soulignez à juste raison que le flic – étonnant Vanel – était en retraite. Qu'avait-il à faire de nuit dans une pension où rien ne pouvait expliquer sa présence, ni légalement, ni officiellement, puisque il lui était impossible d'intervenir "en service", et pour cause ?

Il vous échappe qu'il avait fait un deal avec Vera Clouzot . Il y avait un accord tacite en eux…"-Si je ne trouve pas, vous ne me devez rien ! Et si je trouve, on verra..-" Elle lui avait permit d'enquêter dans l'établissement ! A partir de là, flic en retraite ou cousin de Bretagne… Et puis, à l'aide des gosses, il avait retrouvé la malle en osier et la nappe encore mouillée dans un grenier de l' l'école. Pour lui, pas de doute, l'explication était à l'intérieur de l'école ..

De plus, cette terrible nuit maritime (pour Meurisse dans la baignoire) se serait écoulée avec une discrétion de violette, pour que nul n'en sache rien. Tout cela fait beaucoup de suppositions hors du film….

Mais pensez vous vraiment que Meurisse ait passé toute la nuit dans la baignoire ? Dès que Véra, très fatiguée, très éprouvée, est endormie, Signoret le délivre. Et, au matin, que voit Véra en entrant dans la salle bain ? Elle voit Meurisse qui vient de reintégrer sa baignoire…Direction, la malle !

Je veux bien, Azurlys que mon imagination soit débordante, mais je vous convie à revoir le film (puisque de votre propre aveu, vous ne l'avez pas fait depuis de nombreuses années) et à repenser à tout ça…

C'est MAAFaçon à moi de penser. Et comme dit une certaine pub : "-Azurlys ? Je l'aurai celui-là ! un jour, je l'aurai !-"


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De Impétueux, le 16 novembre 2012 à 19:11
Note du film : 6/6

En tout cas, les amis, bravo pour le brio de cet échange à fleurets mouchetés… La vie du forum est beaucoup plus amusante depuis que vous vous piquez mutuellement sur ce qui est et demeure un film merveilleux.

J'attends la suite. Bravo les artistes !!


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De Azurlys, le 17 novembre 2012 à 14:46

L'impression qui se dégage de ce que vous exprimez ressemble un peu à ce qui se produit lorsque, dans un moment de blouse, on consulte une voyante dont on attend une lumière sur la période troublée que l'on traverse. Elle dit – hypothèse d'école, évidemment – "Je vois pour vous un bonne nouvelle dans quelque temps". La prédiction, quelque soient les supports, tarots, boule de cristal, cartes, étant rémunérée, le consultant sort rasséréné de la séance (gratos, cela fonctionne moins bien, comme en psychanalyse). Plus tard, un, deux, six mois après arrive une bonne nouvelle, un fils qui a réussi son bac, une naissance, un gain inattendu. Le rapport s'établit aussitôt comme étant le produit de la prédiction, à laquelle on accorde aussitôt un autre crédit, moral cette fois.

Le lien ? Lorsque des éléments d'une information font défaut, il est fréquent de les remplacer par des constructions mentales, des éléments personnels, conscients, pré-conscients ou le plus souvent inconscients pour combler les vides. De la sorte des éléments de fiction se mettent en place, comblent ainsi les parties manquantes. On peut s'en satisfaire. Ils demeurent obligatoirement subjectifs, et sont désavoués lors d'une informations plus profonde ultérieure. La réalité prends alors le pas sur la reconstruction mentale.

L'approche des "Diaboliques" qui est la vôtre, pour pour séduisante – et curieuse – qu'elle soit, fonctionne un peu de cette manière. A partir d'une construction dont les éléments semblent être à l'extérieur du sujet, le film de Clouzot, vous rebâtissez une sorte de certitude dont on voit mal la source, sauf à se référer à ce qui précède, et de justifier une idée au travers des motifs prêtés aux personnages, des séquences qui ne sont pas dans le film – le flic déjà dans la pension, ou aimablement aidé à y pénétrer par le pipelet de la boite – l'entente établie au préalable entre la victime et le poulet – et quelques autres – pour tenter, avec l'énergie du désespoir de démontrer l'indémontrable. C'est un peu gratuit, et peu gratifiant. Drôle oui, sympa aussi. La polémique pour le plaisir ! et puis l'aveu : je l'aurai, je l'aurai…

Il me faut revoir ce film. Celui de H.G. Clouzot, s'entend. Ensuite je tâcherai de voir le vôtre.


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De Tamatoa, le 17 novembre 2012 à 16:40
Note du film : 6/6

L'impression qui se dégage de ce que vous exprimez ressemble un peu à ce qui se produit lorsque, dans un moment de blouse, on consulte une voyante dont on attend une lumière sur la période troublée que l'on traverse. Elle dit – hypothèse d'école, évidemment – "Je vois pour vous un bonne nouvelle dans quelque temps". La prédiction, quelque soient les supports, tarots, boule de cristal, cartes, étant rémunérée, le consultant sort rasséréné de la séance (gratos, cela fonctionne moins bien, comme en psychanalyse). Plus tard, un, deux, six mois après arrive une bonne nouvelle, un fils qui a réussi son bac, une naissance, un gain inattendu. Le rapport s'établit aussitôt comme étant le produit de la prédiction, à laquelle on accorde aussitôt un autre crédit, moral cette fois.

Bon sang ! J'avais oublié la voyante ! Et puis la psychanalyse gratuite (!!!)..Mais oû avais-je la tête ?…Mais tout s'éclaire, tout à coup ! Le conscient, pré-conscient et inconscient…La polémique gratuite ! Bien sur, la polémique gratuite..comme la psychanalyse ! Et l'aveu final…Ce putain d'aveu final ! Ne manquait que l'élevage des escargots en basse Bourgogne.

Eblouissant ! Belle démonstration de l'esprit contre la pauvre matière que je suis !! J'aimerais avoir également votre avis sur Tais-toi quand tu parles ! . On dit que c'est un film à tiroirs et que bien des mystères y sont cachés. Je compte sur vous. En attendant, pardon d'abréger cet entretien mais c'est l'heure de ma piqure avant que le Psy ne passe dans les chambres.


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De Azurlys, le 23 novembre 2012 à 12:55

Lisant ce jour votre message je me demande si son caractère agacé n'aurait pas pour cause la véracité des mentions contenues dans ma dernière intervention. Rassurez-vous, tout ce qui s'y trouvait relevait de la norme, et à nul endroit il n'était question de pathologie.

En dehors du fait que votre texte ne contient aucune mention du film de Clouzot, il est possible de revenir aux précédents. Je crois être dans le vrai en indiquant que la construction que vous proposez, pour respectable qu'elle soit, s'appuie sur des erreurs, et ne rechigne pas devant les incohérences et les contradictions.

En effet, si Christina – j'ai retrouvé son prénom – a monté cette affaire en accord avec le flic pour lui confondre de les coupables, quel besoin y aurait-il eu d'y pourvoir, puisqu'elle n'était pas morte, selon vous, et sans crime, pas de coupables. Il est toujours possible d'invoquer les intentions des deux complices, mais les intentions ne sont pas les actes, et la situation du récit proposé par le film rendent difficiles la constitution d'une arrestation pour intention de tuer. Du même coup, cela rend caduque l'hypothèse de choisir de cueillir les coupables – et pour cause. Le flic retraité qui sort de l'ombre était-il le mieux placé pour intervenir, on a de bonnes raisons d'en douter

En ce qui concerne la baignoire "à moitié pleine", je vous renvoie aux photographies qui fleurissent en tête de ce film sur Google. L'une d'elle montre parfaitement Mlle Horner (S.Signoret) les deux mains appuyées sur les épaules de sa victime – et amant -, le regard vers Christina, hors champs, qui apporte le bronze. Désolé, mais la tête du pauvre M. Delasalle est belle et bien sous l'eau. Il est vrai que des exemples qui datent de quelques décennies ont pu montrer qu'il était possible de se noyer dans trente centimètres d'eau. Là, il semble bien que le problème se présentait autrement, même à considérer que c'est démenti par la fin de l'histoire.

Je crains malheureusement ne pas avoir la réponse aux deux questions posées en 2008, auxquelles vous avez eu l'amabilité de répondre. Cela m'a valu cet échange de toutes manières intéressant, et dont je vous remercie.

Peut-être ces questions étaient-elles inutiles, comme de s'interroger sur le sexe des anges. Profitons-en dans l'instant. Bientôt, ils n'auront plus l'exclusivité.

Bravo pour l'illustration cocasse qui complète votre réponse. M'était-elle destinée ?


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De Tamatoa, le 23 novembre 2012 à 16:40
Note du film : 6/6

Je suis consterné et démoralisé, Azurlys, par l'énergie que vous mettez à ne pas vouloir VOIR les choses comme elles sont ! Alors revenons donc à nos moutons assassins, puisqu'il semble que vous ayez abandonné votre dérive psycho-ridiculo-etdequoijememêle de votre avant dernier message..

Vous voyez cette photo ? C'est là que tout se dessine et se joue ! Christina avoue tout au commissaire ! Et c'est là qu'il pige qu'elle a été bernée ! Vous me dites : Il est toujours possible d'invoquer les intentions des deux complices, mais les intentions ne sont pas les actes, et la situation du récit proposé par le film rendent difficiles la constitution d'une arrestation pour intention de tuer. . Je suis tout à fait d'accord avec ce raisonnement ! Mais vous oubliez que Christina est très malade du coeur ! Son mèdeçin, Georges Chamarat, le dit. Le professeur Bridoux, Jacques Varennes, cardiologue réputé, ne donne pas cher de sa peau. "-Les corbillards devant ma clinique, les malades n'aiment pas ça…-". Or, devant les aveux de Christina, Le commissaire a toutes les raisons de penser que Meurisse et Signoret veulent faire mourir Christina, en l'entrainant dans une situation très, très angoissante ! !! Il y a bel et bien INTENTION de meurtre !! Et, que je sache, celà relève bien de la justice !!

Désolé, mais la tête du pauvre M. Delasalle est belle et bien sous l'eau. . Mais bien sur qu'elle est sous l'eau ! Mais vous remarquez également sur la même photo, que la baignoire est A MOITIE pleine. Ce détail là doit quand même vous interpeller !!

La tête sous l'eau, pour combien de temps ? Le temps de poser un bronze sur lui (dont il se dégagera dès la nappe recouvrant la baignoire !), c'est à dire quelques secondes pendant lesquelles il il retiendra sa respiration . La preuve : Les bulles, dont vous parliez dans un précédent message, ne sont pas de l'air qui rentre dans ses poumons ! Mais de l'air qu'il expulse pour son apnée ! Vous allez me dire que quand on plonge en apnée, on retient l'air, on ne l'expulse pas. Non ! On pratique aussi l'apnée en faisant le vide ! Je connais le sujet..Donc, une fois la nappe posée, il dégage le bronze qu'il pousse vers ses jambes ou même sur le côté de la baignoire et remonte sa tête dans l'espace oû il a largement de quoi respirer ! Je ne prétends pas que c'est position des plus confortables mais elle ne durera que quelques minutes, le temps que Christina s'endorme. Vous faites une fixette sur les gouttes d'eau qui tombent sur la nappe : Et alors ? Qu'est ce que ça peut nous faire, les gouttes d'eau sur la nappe ?? C'est ce qui se passe EN DESSOUS qui est important !

Azurlys, je ne m'accroche pas sottement à des délires pour le plaisir d'avoir le dernier mot. Je ne suis plus un enfant. Je l'aurai, celui-là, je l'aurai ! était un sourire que je vous adressais, peut-être même pour vous remercier de ces échanges. Je ne cherche nullemment à être celui qui sait ! Tout ce que j'avance est, A MES SEULS YEUX, flagrant ! Quant' à l'illustration cocasse de mon dernier message, elle était censée me représenter puisque j'ai vraiment eu l'impression que vous vous adressiez à un dément… Celà étant, sachez bien que je suis prêt à poursuivre NOS investigations aussi longtemps que vous le désirerez et avec le plus grand plaisir .

Vous avez toute ma sympathie.


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De Impétueux, le 23 novembre 2012 à 19:29
Note du film : 6/6

Que ne suis-je éditeur ou, mieux, organisateur de débats télévisés ! Je vous convierais volontiers à poursuivre, enrichir, développer ce débat passionnant !

Lorsque les arguments des deux parties auront été épuisés, je reverrai le film en profitant de vos lumières antagonistes, mais tout aussi passionnantes les unes que les autres !

Olé !


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De Arca1943, le 23 novembre 2012 à 19:46

En ma qualité d'étranger, je me sens privilégié, je dirais même tout excité d'assister à ces joutes, typiques – d'après mon dépliant touristique en tout cas – de la célèbre patrie de la Raison. (Désolé, il n'y a pas de plus grand « R » dans les caractères disponibles).


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De Azurlys, le 11 décembre 2012 à 14:58

Les Diaboliques

J'ai relu rapidement – trop rapidement peut-être – le dernier message de Tamatoa et je reste persuadé qu'il me faudrait revoir ce film, dont je ne dispose que sous la forme VHS, sans possibilité actuelle de le faire.

Il me semble cependant que lorsque que l'honorable correspondant expose et souligne qu'il (je cite de mémoire) "se contente de voir", j'aime à admirer ses performances. Un certain nombre de ses affirmations étant hors l'écran, on quitte l'information optique et l'on entre dans la double vue. Le flic dans la maison sans qu'on sache sa méthode pour y entrer hésite entre le fait "qu'il était déjà dans la maison", ou "que le concierge l'y avait fait entrer". Rien de tout cela n'est forcément absurde. Mais c'est hors le film, et s'appuie sur des spéculations. Ce n'est plus Clouzot, c'est Mme Irma.

Autre exemple – jusqu'à plus ample informé – s'il se trouve que la pauvre Christina conte au flic à son chevet sa mésaventure avec les deux méchants qui veulent sa perte, comme le suggère effectivement la photo présentée, il semble bien que c'est après la tentative, vaine et pour cause, de la reconnaissance du corps à la morgue. Pour que le flic y fût déjà, encore convenait-il qu'on l'informât au préalable. Sa présence lors de cette scène reste sans réponse. Peut-être Clouzot le voulait-il ainsi.

Un point n'a pas été soulevé. Lors de la forte séquence à Niort, Delasalle – Meurisse – est présenté comme ayant été drogué. Livré sans défense à ces deux harpies, elles usent de toutes leur perfidie pour le rendre impuissant – si j'ose m'exprimer ainsi – et se le coltinent en direction de la salle de bain. Suit alors la scène éprouvante de la noyade – éprouvante autant pour le personnage que pour les spectateurs. Le fait qu'il ait pu, comme vous le pensez, s'extraire de la balnéothérapie après l'endormissement de l'une des deux Gorgones, en faisant glisser le bronze de sa poitrine jusque z'aux genoux et attendre le temps nécessaire pour s'extraire, laisse entendre que la victime de ce bain, mortel en principe, drogué – à moins qu'il ne le fût pas – présentait des performances de nature à faire une communication aux Académies. Car cette hypothèse n'a pas été évoquée : Christina avait peut-être oeuvré pour remplacer le narcotique par un liquide neutre (Evian, Vittel, que sais-je ?)

Il me semble que me faut revoir ce film, édité je crois, chez Château – hélas – à moins qu'une autre édition plus riche en suppléments ne soit disponible. Mais la version Clouzot, même dans la construction qu'on lui connait, présence davantage de vraisemblance que celle de Tamatoa, et malgré l'admiration que peut entrainer sa version, je vois mal comment sortir de ce constat.


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De Tamatoa, le 11 décembre 2012 à 19:25
Note du film : 6/6

"-Azurlyyyyyyyyyys !! Je n'en peux pluuus !!!!! Nom d' y diouuuu !!-"

Pour que le flic y fût déjà (à la morgue) , encore convenait-il qu'on l'informât au préalable. Sa présence lors de cette scène reste sans réponse. Peut-être Clouzot le voulait-il ainsi.

Notre flic n'était pas là pour Delassalle !! Vous avez raison, comment l'aurait-il su ?? Il est là, à la morgue, parce que sur le journal, journal que Signoret montre à Christina, Il EST ECRIT QU'UN CADAVRE A ETE RETROUVE DANS LA FLOTTE. Donc, quelqu'un, ET N'IMPORTE QUI, va bien venir le reconnaitre ce cadavre ! IL EST LA POUR CA, NOTRE COMMISSAIRE ! Et c'est Christina qui vient..Donc, il s'intéresse à elle d'autant plus qu'elle ne reconnait pas le mort……"Mystère", se dit notre commissaire…..

la victime de ce bain, mortel (Meurisse) en principe, drogué – à moins qu'il ne le fût pas – présentait des performances de nature à faire une communication aux Académies. Car cette hypothèse n'a pas été évoquée : Christina avait peut-être oeuvré pour remplacer le narcotique par un liquide neutre (Evian, Vittel, que sais-je ?)

Dites, vous me cherchez , là ?

Vous ne pensez quand même pas que Signoret __A REELLEMENT MIS UN SOMNIFERE DANS LE Whisky ??__
AAAAArrrrggggggg !!!!!!!!!

Azurlys, soyez gentil, mon petit, mon tout petit, par pitié, REVOYEZ CE FILM….Et acceptez, je vous prie, ce message qui se veut juste souriant et bon enfant !

A vous relire, Ami !


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De Tamatoa, le 5 mars 2013 à 16:21
Note du film : 6/6

J'ai revu ce film hier au soir. En repensant à tous nos échanges avec Azurlys, sympathique garçon qui, en d'autres lieux, m' a assuré revenir tantôt sur ce forum après avoir revu le film et reprendre cette joute amicale.

J'ai beau relire ses affirmations et ses doutes, ce film est pour moi (et décidément) d'une clarté biblique. Tout est cohérent, concevable, et je ne retire rien de mes allégations. A suivre…

PS : Exact, Arca !


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De Arca1943, le 5 mars 2013 à 18:36

« Ne soyez pas "diaboliques" : ne racontez pas l'intrigue de ce film ! »

Injonction à la fin des Diaboliques.


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De Azurlys, le 3 avril 2013 à 13:44

Les DIABOLIQUES (Oh ! Hélas oui…)

Je relis la mention relative à la nation – ou le pays – de la Raison. Bel et bien, rien à retirer de cette introduction un peu cliché, mais sympathique. Mais comment la Raison devenue aveugle, parvient-elle à être aussi déraisonnable ! Les Diaboliques ? Oui. Je parle aussi du film, bien entendu.


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De Impétueux, le 3 avril 2013 à 14:02
Note du film : 6/6

Et hop ! Azurlys remet cent sous dans la machine !


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De Arca1943, le 3 avril 2013 à 18:06

« Je relis la mention relative à la nation – ou le pays – de la Raison. »

Ahem, ahem. Notons pour être exact – d'aucuns diraient: pour être picosseux – que j'ai bien dit "Patrie de la Raison" et pas "Nation de la Raison". Aux yeux de plusieurs c'est du pareil au même, mais lorsqu'on est comme moi un fier promoteur du patriotisme antinationaliste (une position puisée aux principes du comte Sforza lui-même en personne !), on a ses petites manies, son petit soinsoin politico-idéologique.

Cela dit, je suis bien content de voir Azurlys de retour dans l'arène. Espérons que son contradicteur, fort marri d'une telle provocation, y bondira à son tour, pour le plus grand plaisir des petits et des grands.


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De Tamatoa, le 3 avril 2013 à 21:51
Note du film : 6/6

y bondira à son tour..

Y bondira, y bondira ! Comme vous y allez ! J'ai, moi, l'impression que notre ami Azurlys renonce…Celà étant, il est vrai que si on passe et repasse en revue tous les moindres détails de l'affaire, Clouzot, de la-haut, va penser qu'on est bouchés à L' Emeri !


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De Azurlys, le 4 avril 2013 à 15:47

Il est vrai ! Aussi avais-je hésité entre Nation et Pays, lors d'une citation incomplète, d'abord parce que j'écris de mémoire, et parce que la mention de Patrie citée par Arca, avait eu le front – et à l'arrière dudit – de déserter mes neurones. Derechef, j'ai cru devoir improviser. Fâcheuse erreur qui m'attira une remontrance quant à la Nation. Le mot lui-même affiche un arrière goût administratif que je trouve encombrant. En revanche, Pays me convenait certes mieux. Va pour Patrie !

Ces trois lignes ont soulevé un intérêt que je ne prévoyais pas. N'exagérons rien, ce n'est pas un référendum – méthode démodée – mais que les uns et les autres en soient remerciés ! Mais comme il semble que la patrie de la Raison glisse sans raison vers le déraisonnable, il m'apparaissait que les Diaboliques me tendaient une perche – peut-être incongrue – vers une digression voisine, mais hors sujet stricto-sensu. Au reste, j'avais ajouté que je parlais aussi du film. Fin connaisseur de l'informatique, il eût été souhaitable que je soulignasse le mot, mais comme nul n'ignore que je ne peux y parvenir,(une affaire d'italiques, de gras et autres fantaisies pimentées, que je peux atteindre sans effacer d'emblée ce qui précède), la prudence m'a suggéré de m'abstenir. Comme disait Jean du Barry "c'est à se faire trappiste".

Nous en étions restés, Tamatoa et moi – et sans doute Impétueux – au soporifique dans le Cognac – Ah ! Signoret le regard rivé sur le compte-gouttes ! Enfin, en admettant qu'il y en eût (du soporifique, bien entendu). J'y reviendrai, comme un assassin, dit-on, revient sur le lieu de son crime.

Plus haut, Tamatoa nous gratifie d'une précieuse information. "Les Diaboliques" lui paraissent (je cite)"d'une clarté biblique" (sic). Devant une telle démonstration de noirceur, de vilenie, de bassesse humaine, de monstruosité, c'est une remarque qui, au delà de l'admiration qu'elle suscite, entraine un pieux respect.

    

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De Impétueux, le 27 mai 2015 à 19:47
Note du film : 6/6

Difficile de revenir sur le duel de titans que se sont livrés nos amis Azurlys et Tamatoa et de gloser sur leurs subtils commentaires et interprétations, qui s'appuient sur une connaissance solide du film mais aussi sur des points de vue quelquefois divergents mais toujours intéressants. Cela dit, au fil de leurs échanges, ils ont à peu près défloré ce mystère des Diaboliques qui, je le confirme, était un des plus beaux coups de marketing jamais imaginé. Je dois dire que je partage plutôt la conception de notre regretté Tamatoa et la vision nouvelle que j'ai faite hier me semble lui donner raison.

Il y a pourtant toujours des choses à écrire sur Les Diaboliques, qui est vraiment une parfaite réussite, au delà de ses invraisemblances, qu'on ne remarque guère, toutefois, que lorsque l'on a vu plusieurs fois le film et que l'on peut fixer plus calmement son attention sur les développements et les ressorts de l'intrigue. Et parfaite réussite dès le générique, qui est pourtant un seul plan fixe : l'image de la piscine visqueuse, huileuse, sale, gluante, envahie par les algues, sur quoi tombe une méchante petite pluie de printemps ; tout cela sur une musique déchirée de Georges van Parys qu'on n'entendra plus qu'à la fin.

Une partie de la qualité du film est l'intégration très réussie par Clouzot de plusieurs thèmes qui s'enchâssent, se répondent et dialoguent intelligemment jusqu'à ce que la nécessité de la révélation terminale avec sa machinerie horrifique prenne un peu trop le devant de la scène (mais les ultimes images et leurs formidables ambiguïtés rehaussent cette toute petite baisse de niveau).

D'abord le monde si particulier des internats privés où des milieux plutôt aisés plaçaient à grand frais des rejetons généralement peu doués pour les études ou particulièrement indisciplinés. Avant la loi Debré de 1959, qui leur octroya sous contrat des aides publiques, ces établissements avaient toute latitude dans le choix des programmes et la sélection des enseignants. D'où le ramassis singulier de professeurs insolites, dépourvus de diplômes ou affligés de tares douteuses qu'on y trouvait (revoir Les disparus de Saint Agil ou Topaze) Dans Les Diaboliques, certaines des meilleures séquences sont celles des relations obséquieuses entretenues par le personnel du collège (Pierre Larquey, extraordinaire, Michel Serrault et l'homme de peine Jean Brochard) avec son tyrannique directeur Michel Delasalle (Paul Meurisse, un soupçon trop âgé pour le rôle : censé avoir 34 ans, il en avait déjà 42).

Autre thème, flamboyant et sulfureux, qui s'éclaire davantage encore lorsque l'on a quelques lumières sur les orientations érotiques de Clouzot (voir, si l'on est curieux, La Prisonnière) et son sadisme notoire vis-à-vis de ses acteurs (sa femme Véra, mais aussi Cécile Aubry dans Manon ou Brigitte Bardot dans La vérité). À l'époque (serait-ce d'ailleurs vraiment différent aujourd'hui ?), le triangle sexuel (je n'écris évidemment pas triangle amoureux) formé par Delassalle/Meurisse, sa femme Christina/Véra Clouzot et leur maîtresse Nicole Horner/Simone Signoret avait fait scandale. Et si j'ai écrit leur maîtresse, c'est que, sauf à ne pas voir l'évidence, la relation homosexuelle des deux femmes ne fait pas de doute. Pas davantage que le masochisme de Christina et l'impact charnel qu'exerce Delassalle sur les femmes (brève séquence dans le train qui le conduit à Niort, où il capte le regard d'une oie blanche).

Troisième orientation : l'intrigue meurtrière proprement dite, qui s'engage avec le voyage à Niort, dont était originaire Clouzot, Niort filmée sans complaisance et même avec un certain mépris. Province, désert sans solitude, selon le mot de François Mauriac, rues pavées étroites et rancies, couple effarant de mesquinerie (et délicieux de talent, Noël Roquevert et Thérèse Dorny), appartement mesquin. Delassalle boit son whisky drogué (ou non ?) comme si c'était du vin, et l'on perçoit bien là combien ce breuvage, en 54, était presque exotique (d'ailleurs Nicole le dit : Je n'en ai jamais bu). Violence de l'assassinat. Retour à Saint-Cloud.

Puis irruption d'un commissaire à la retraite fouineur et matois, Alfred Fichet/Charles Vanel. Je suis moins satisfait du film, à partir de ce moment-là, le trouvant plus banal et plus convenu, malgré la scène surréaliste de la chambre du meublé où le valet de chambre (Jean Temerson) brouille les pistes (Personne n'a jamais vu M. Delassalle). Et les dernières séquences, ombres angoissantes, rais de lumière sous les portes, grincements, bruits étranges, hurlements. Du Mario Bava qui ne s'insère pas parfaitement dans le puzzle… Jusqu'à cette fin incertaine et presque ouverte.

Et finalement ces Diaboliques demeurent haletantes jusqu'au bout, surprenantes, angoissantes, terrifiantes. On a beau les voir et revoir, on s'y laisse toujours prendre.


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