Bôf… Bôf… Bôf… Il est bien loin le temps de Cliffhanger ou celui de The long kiss goodnight. Alors technicien primaire mais énergétique, Harlin s'est mué en quelques films, en mollusque acceptant n'importe quel scénario boîteux, les castings les plus improbables. Cleaner part d'une bonne idée, d'un personnage central original, et s'enlise très rapidement dans un déroulement vu et revu, une enquête navrante, pour arriver à la révélation d'un coupable dont le spectateur le moins averti aura deviné l'identité à sa première aapparition. On nage en plein dans l'univers des séries TV, entre Shark et Les experts, et rien dans la réalisation de Harlin, ne distingue Cleaner d'un produit pour le petit écran. Alors, on peut passer le temps à voir un Jackson étonnamment rajeuni (il est vrai qu'il était vieilli dans Black snake moan), un Harris répétant une fois de plus son numéro de flic énervé, Eva Mendes belle, mais sous-employée.

Cleaner ne restera certainement pas dans les annales du polar, mais qui sait, pourrait donner naissance à une série TV. Un nettoyeur de scène de crime, c'est un personnage qui n'avait pas encore été exploité…

Quel honteux gaspillage ! Tout ce qu'il y a dans ce film, c'est une idée de départ. Moi aussi j'ai des idées de départ, et alors ? Est-ce que j'emm… le monde avec ça ? C'est vraiment dommage pour Jackson, Harris, Mendes, Guzman et Forster. Normalement, ce genre de tâcheronnerie se tourne avec des inconnus de téléfilms, pas des acteurs de cinéma.

"un Harris répétant une fois de plus son numéro de flic énervé"

C'est vrai qu'Ed Harris interprète souvent des rôles de flics : flic ambigû dans "Cleaner", flic magouilleur dans "Gone baby gone", flic attendrissant dans "Les pleins pouvoirs", flic manipulé dans "Lune rouge", flic confronté au diable dans "Le bazaar de l'épouvante"…

Mais il confère à tous ses rôles une ambiguïté magistrale qui éclate surtout dans "Cleaner" et "Gone baby gone", deux films que je suis allé voir pour lui et dans lesquels il m'a ébloui par son charisme, sa présence physique (sa façon d'occuper l'espace, ses gestes, ses crises de colère) bref son immense talent.

C'est à mon sens l'un des rares acteurs qui brille autant dans les rôles de "méchants" que de "bons". Il est exceptionnel en caïd du racket irlandais dans "State of grace" (dont le gunfight final rendrait jaloux Peckinpah ou John Woo), terrifiant en psychopathe dans "juste cause" et il parvient même à humaniser le rôle stéréotypé du sniper allemand dans "Stalingrad".

Une dernière remarque : la séquence où il réanime Mary Elizabeth Mastrantonio dans "Abyss" pourrait être ridicule ; elle est bouleversante grâce à son implication dans la scène. Il tient la dragée haute à Pacino dans "Glengarry" et éclipse complètement Cruise dans "La firme" et Lambert dans "Le Complot".

C'est mon acteur préféré, l'un des plus grands comédiens américains en activité. Mais j'arrête ici les superlatifs, bien qu'il les mérite amplement…

Ce n'est évidemment pas Ed Harris que je critiquais dans Cleaner, mais le manque d'imagination des réalisateurs/producteurs/casting directors, qui le confinent dans des emplois de flics pas très nets. Il suffit de voir The hours ou Juste cause, pour se rendre compte qu'il mériterait mieux et plus, avant d'aborder les rôles de grands-pères.

J'avais bien compris votre point de vue, PM Jarriq, et j'avais juste envie de faire partager ma passion pour cet acteur phénoménal. Vous avez raison quand vous dîtes qu'il est sous-employé, d'autant plus qu'il a prouvé son talent dans les films que vous citez et bien d'autres, et qu'il s'est révélé un excellent acteur-réalisateur avec "Pollock" et "Appaloosa"…