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Sujet : Il est mieux derrière la caméra que devant


De Arca1943, le 16 février 2008 à 02:28
Note du film : 4/6

C'est loin d'être parfait, mais je vais le prendre avec ses défauts. La plus grande différence avec le roman (et la série des enquêtes de Kenzie et Gennaro) c'est que les scénaristes semblent avoir un peu limé les griffes d'Angie Gennaro : l'actrice Michelle Monaghan est correcte, mais le personnage tel que créé pour le film me semble un peu trop 'bonne fille', un peu trop BCBG. On risque de se demander ce qu'elle fout avec un type comme Kenzie. La Angie Gennaro que je connais me semblait plus 'dure' (tough) dans les romans de Lehane. Patrick Kenzie, par contre, est plus près du modèle. Au début du film j'avais de gros doutes sur Casey Affleck, mais à mesure que le personnage se dévoile ça va de mieux en mieux. C'est un ex-petit dur du quartier Dorchester (quartier pauvre de Boston) qui met à profit sa connaissance directe du 'milieu' et des flics bostonnais pour devenir détective privé.

Le côté interlope du personnage de Patrick Kenzie est un peu moins évident dans le film que dans les livres. Aussi voit-on relativement peu le personnage de Buba Rogowski, qui dans les romans a toujour son 'morceau de bravoure', peut-être parce qu'à Hollywood on n'aime pas trop l'idée qu'un des meilleures potes du héros soit un revendeur de drogue. Et aucune allusion n'est faite dans le film à l'arsenal de Buba, qui a dans son arrière-boutique assez de bombinettes, grenades et autres joyeusetés pour faire sauter la moitié de Boston (un hobby qui se révèle souvent utile à Kenzie et Gennaro pour leurs enquêtes…)

Mais bon, je chipote, je chipote, alors que ce film est plutôt une heureuse surprise. On est allé jusqu'au bout de l'excellente et prenante intrigue imaginée par Dennis Lehane, on a bien rendu le sérieux dilemme moral auquel nos deux détectives sont confrontés à la fin et qui va mener à leur divorce – et ça aussi c'est dans le film : contrairement à ce que je craignais, pas de baiser final du gentil couple qui a réussi à résoudre la méchante énigme. Excellent. Et ce qui est tout aussi important, on a aussi fort bien rendu l'atmosphère de Dorchester et autres quartiers populaires de Boston (où il m'est arrivé de mettre les pieds à quelques reprises). "On", c'est-à-dire… Ben Affleck ! Je suis tellement habitué à parler en mal de Ben Affleck que ça me fait tout drôle de dire que pour une fois, il s'en tire plutôt bien. Ce n'est qu'un premier film, mais c'est le premier film sincère d'un vrai gars de Boston qui, sait-on jamais, est peut-être plus à sa place derrière la caméra que devant ?

Vraie belle galerie de seconds rôles, la palme allant selon moi non tant aux très solides Morgan Freeman et Ed Harris qu'à l'étonnante Amy Ryan, très naturelle dans le rôle crucial de la mère cokée et alcoolo de la petite fille disparue.

Tout compte fait, je suis assez content et tout en espérant que Casey Affleck et Michelle Monaghan vieillissent un peu d'ici la prochaine enquête, je serais partant pour voir les autres portées à l'écran : 'Darkness, Take My Hand', 'Prayers for Rain', 'A Drink before the War' et 'Sacred' : de très bons polars "hardboiled", dans un registre qui, tout en s'appuyant sur un arrière-fond réaliste, est tout de même plus rocambolesque, plus 'film d'action' que le plus ambitieux et élégiaque Mystic River, roman qui marque un tournant artistique dans l'oeuvre de Dennis Lehane, même si on y retrouve le même contexte social.


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De Freddie D., le 18 février 2008 à 19:05
Note du film : 4/6

D'accord, dans l'ensemble, hormis le fait que je n'ai pas lu les romans d'origine. Affleck a une façon de caviarder son film de plans "volés", montrant des visages de tous les jours, des gens de la rue, aux traits abîmés, qui donnent une vraie authenticité à son film. Si le démarrage est mou, évoquant un épisode languissant de FBI portés disparus, le film décolle avec l'intrusion dans la maison du pédophile, et le rôle de plus en plus important que prend Ed Harris, exceptionnel dans un personnage aussi odieux qu'attachant. Freeman n'étant pas en reste, les "jeunots" ont du mal à tenir la distance, mais l'étrange Casey Affleck finit par prendre de l'épaisseur. La fin, et particulièrement le dernier plan silencieux, ouvrent le champ à de vrais questionnements : qu'aurions-nous fait, à sa place ? Un bon polar, donc, pas révolutionnaire, mais assez original.


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De Arca1943, le 19 février 2008 à 12:42
Note du film : 4/6

«  Une façon de caviarder son film de plans "volés", montrant des visages de tous les jours, des gens de la rue, aux traits abîmés… »

Comme toujours pour les bonnes choses, il ne faut pas en abuser, mais ce procédé réaliste fait effectivement son petit effet. Je me rappelle que Frankenheimer l'utilise au début de I Walk the Line : quelques plans de vieux types qui boivent de la bière sur leur perron et tout de suite, on s'y croirait…


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