Je reconnais bien les thèmes de prédilection de Hideo Gosha dans cet excellent chambarra. Compact et sans temps mort, le film entrecroise deux histoires de samouraïs. Dans l\'une, Mikijiro Hira est en fuite après avoir assassiné le premier conseiller de son clan : croyant participer à une rébellion, il a été en réalité le jouet d\'un fieffé manipulateur. De son côté Go Kato, samouraï sans salaire, s\'est fait promettre statut et argent par son clan en grave difficulté financière pour prospecter, en compagnie de sa femme, une rivière aurifère située sur une terre shogunale, ce qui bien sûr est tout à fait interdit et entraîne la peine de mort pour qui se fait prendre. Éventuellement, ces deux samouraïs vont entrer en collision et leurs destins respectifs vont se souder. L\'un y trouve la mort, l\'autre la rédemption.

Les promesses de 3 samouraïs hors-la-loi sont tenues, et même au-delà. L\'influence du western y est plus évidente – on y trouve non seulement des chevauchées mais des chercheurs d\'or ! L\'imagerie en noir et blanc est superbe, certaines images restent longtemps à la mémoire – comme cette jeune femme assassinée qui dérive avec le courant – et le rythme enlevé ne laisse aucun répit. Les deux histoires entrecroisées ont le même fond \"politique\" : c\'est-à-dire la peinture d\'un ordre hypocrite où la vie humaine compte autant que celle d\'un moustique. Qui est la bête ? C\'est la question leitmotiv posée au spectateur.

Les combats au sabre sont magnifiquement réglés et les acteurs tous excellents. À noter que le film vient de sortir en DVD avec son titre français : Le Sabre de la bête.