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Forum : La Femme infidèle

Sujet : Le bonheur dans le crime


De Tchang, le 20 février 2003 à 09:19

Un Chabrol réussi, feutré, à l'humour glacial. A voir surtout pour une séquence hallucinante : Bouquet face à l'amant de sa femme, Maurice Ronet. Quelle classe ! Dire que ce pauvre Richard Gere (le pire acteur U.S. de tous les temps ?) et cet encore plus pauvre Olivier Martinez ont tenté d'en faire un remake. Ronet, réveille-toi ils sont devenus fous !!!


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De David-H, le 1er mai 2006 à 11:04
Note du film : 5/6

Sujet pourtant banal, mais d'apparence seulement, à savoir l'histoire d'une femme qui trompe son mari, Claude Chabrol rend néanmoins à cette 'Femme Infidèle' toute la dimension psychologique qu'on lui connaît si bien. Toile de fond bourgeoise, ambiance lugubre et silences troublants, le cadre particulier dans lequel baigne Michel Bouquet ('Le promeneur du champs de mars') et Stéphane Audran (l'ex-'Isabelle Huppert' du réalisateur) motive à lui seul la captivité du spectateur. Sans oublier leur âpre prestation, à laquelle se mêle Maurice Ronet, l'acolyte de Delon trop tôt disparu. Pour les néophytes, inutile de dévoiler l'intrigue, mais l'unisson à laquelle se joint notre couple pour surmonter leurs heurts et soucis conjugaux, restera le moment le plus marquant du film. Bien au-delà de ce tenteront de refaire en 2002, Richard Gere, Diane Lane ou Olivier Martinez dans 'Infidèle', un énième et insipide remake américain. Et surtout inutile, car à l'époque, Chabrol jouissait d'un tout autre aspect de l'adultère, ce vice étant alors nettement plus condamnable que de nos jours. Décadence sociétale oblige ?


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De Impétueux, le 4 janvier 2008 à 11:07
Note du film : 6/6

Le bonheur dans le crime, c'est une des nouvelles du recueil Les Diaboliques, de Barbey d'Aurevilly (nouvelle qui donna lieu, en 1961, sous le titre Hauteclaire, à une remarquable adaptation télévisée de Jean Prat avec Mireille Darc).

Mais Le bonheur dans le crime, c'est aussi l'exacte caractérisation de ce film de Chabrol, peut-être son meilleur, avec Le boucher ; son meilleur, parce qu'il n'y a pas, pour une fois, de pamphlet anti-bourgeois, toujours tellement convenu, complaisant et répétitif, mais exactement une épure, certes située dans la grande bourgeoisie, mais qui pourrait tout autant se dérouler dans d\'autres milieux sociaux.

Et le bonheur dans le crime, aussi, parce que c'est un film parfaitement immoral, où la routine confortable d'un mariage tranquille, trop tranquille, est, par la force des choses, la logique interne des comportements, sensuellement fouettée par l'aventure d'Hélène (admirable, superbe Stéphane Audran), dans quoi elle s'est lancée tout autant par ennui, que pour éveiller la tranquille assurance de son mari, Charles Desvallées (Michel Bouquet).

Ces deux-là s'aiment profondément, et l'amant, Victor Pégala (Maurice Ronet), n'est qu'un jeu, un brimborion entre eux, un objet qui est instrumentalisé très vite parce qu'il n'y a aucune place pour lui dans la partie. Hélène prête son corps, bien sûr, mais pour mieux reprendre Charles, même si tout cela est inconscient… et sait, d\'évidence, que son amant n'arrive pas à la cheville de son mari, ne le vaut en rien, n'a d'intérêt que pour le peu d'originalité dans le radada qu'il lui donne…

La dernière image, où les deux inspecteurs de police (dont le jeune Michel Duchaussoy) réapparaissent et vont à nouveau interroger Charles est ambiguë : il n'est pas dit que des preuves vont confondre Charles et le conduire en prison : il paraît suffisamment fort, et méticuleux pour avoir effacé toute trace ; en tout cas, dans le regard échangé par les deux époux, il y a toute la violence d'un amour complice…

Claude Chabrol filme cette histoire éternelle avec un très grand talent, une très grande évidence dans le déroulement du récit : parfaite caractérisation des personnages, appui sur des acteurs d'exception, capacité à saisir l'esprit de l'époque… Comme c'est curieux qu'il soit si inégal…


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De Gaulhenrix, le 4 janvier 2008 à 12:11

Excellent film, en effet, et point de départ d\'une série de trois films très appréciables (qui s\'étale sur deux années seulement, 1968 et 1969 !) : La Femme infidèle, Que la bête meure, et Le Boucher.

Pour l'anecdote, une scène du film cite directement le Psychose de Hitchcock. Lorsque le mari se débarrasse du corps de l\'amant, il fait glisser la voiture qui contient le corps dans une mare. Le véhicule s'enfonce, puis s'immobilise, suscitant, un bref instant, l'inquiétude du mari – et celle du spectateur -, avant de disparaître sous l'eau. La séquence avec Michel Bouquet/Charles Devallées est l'exacte réplique de celle avec Anthony Perkins/Norman Bates. La seule différence est le noir et blanc, d'un côté, et la couleur, de l'autre. Ce qui permet à Chabrol d'ajouter une dimension esthétique à sa reprise : l'eau se refermant sur le véhicule est recouverte d'une algue (?) et suggère un linceul vert qui ensevelirait Victor Pegala.

On peut aussi évoquer le dernier plan du film (le mari, encadré par les deux policiers, s'éloigne de sa femme) dans lequel Chabrol utilise, pour suggérer les sentiments contradictoires de l'union et de la séparation, un double travelling avant/arrière (appelé, sauf erreur de ma part, travelling compensé) : mari et femme sont séparés au moment où ils n'ont jamais été aussi proches ; de même, le spectateur doit abandonner le couple alors qu'il désirait le voir, enfin, dans sa vérité.

Dans un autre ordre d'idées, et même si elle n'a pas les qualités – littéraire et cinématographique – du film de Chabrol, la version américaine d'Adrian Lyne, (Infidèle), n'est pas pour autant dénuée d'intérêt.


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De Impétueux, le 4 janvier 2008 à 16:06
Note du film : 6/6

Une petite précision, ami Gaulhenrix, qui ne remet en rien en cause le fond de votre commentaire : ce n\'est pas la voiture de Charles Desvallées (Michel Bouquet) qui est immergée dans un étang couvert de lentilles d\'eau, voiture dont le coffre, d\'ailleurs, a été faussé lors d\'un accident de circulation : c\'est bel et bien le corps de Victor Pégala (Maurice Ronet) revêtu d\'une sorte de housse, qui met un temps fou à être aspiré par l\'eau sous le regard inquiet et fasciné de Charles…


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De PM Jarriq, le 4 janvier 2008 à 19:31

De ce film, je garde le souvenir d\'une séquence hallucinante, où Bouquet rend visite à Ronet, l\'amant de sa femme. Les deux hommes se montrent courtois et urbains, et Bouquet finit par demander d\'un air détaché \"Et vous en êtes content ?\". Quels comédiens…


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De Gaulhenrix, le 4 janvier 2008 à 19:40

Au temps pour moi, Impétueux ! Ce qui prouve, une fois de plus, qu\'il vaut mieux évoquer un film à partir d\'une vision récente, et non en se fiant à des souvenirs plus ou moins lointains. J\'ai bien noté, également, l\'identité de ces (algues !!!) \'\'lentilles d\'eau\'\'.

Cette conversation entre Charles et l\'amant, PM Jarriq, est tout à fait révélatrice de l\'esprit volontiers potache de Chabrol, qui lui faisait filmer Jean Yanne offrant un gigot à Stéphane Audran en guise de bouquet de fleurs (Le Boucher) ; ou encore qui mettait dans la bouche de Michel Duchaussoy une déclaration d\'amour à Caroline Cellier qui signifiait, par le ton sur lequel elle était proclamée, tout son contraire (Que la bête meure).


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De vincentp, le 21 novembre 2010 à 00:23
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Enormément de qualités et de sources d'intérêt : le sujet (la réalité face aux apparences), la mise en scène (cette histoire est haletante), la direction d'acteurs, l'originalité du traitement des thèmes abordés (relations sociales et humaines)…


J'apprécie tout particulièrement dans La femme infidèle l'insertion parfaite des seconds rôles dans l'histoire (l'ivrogne, le détective, le client au bar…). Parfaitement introduits, ils apportent un complément d'informations qui éclairent la personnalité des principaux protagonistes, et orientent le récit dans des directions imprévues… La critique de la bourgeoisie est bien présente (c'est sans doute le sujet central du récit)… Hélène préfère la sécurité bourgeoise à ses sentiments, à la justice sociale… Au-delà (avec l'appui de la mise en scène, jouant sur les déplacements lents des personnages, ou de la caméra les observant, et quelques notes de musique grave) l'impression de personnages errant déphasés et deconnectés de leur environnement extérieur, sorte de somnanbules diurnes. Se battant pour maintenir leur respectabilité sociale, même de façade, avec l'appui d'auxiliaires manipulés ou consentants. Le détective (admirablement interprété) n'est pas dupe des tenants et aboutissants de son travail, et participe dans l'ombre à ce mode de domination quasi-invisible.


A mon sens, un des très grands films du cinéma français, peut-être le point d'orgue de la carrière de Chabrol, dans sa meilleure période (celle qui court de la fin des années soixante à la fin des années soixante-dix).


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De Pianiste, le 12 mai 2014 à 09:56

En inconditionnel que je suis depuis toujours des films de Claude Chabrol, je ne peux que faire des compliments de La femme infidèle. Le maître y apporte comme à chaque fois beaucoup de talent et nous offre un véritable huis-clos dont la fin semble cependant toujours assez confuse. Ce n'est peut-être pas le mot, mais on comprend que Michel Duchaussoy vient arrêter Michel Bouquet. Pourtant le crime semblait parfait. Le même constat peut être établi pour Stéphane Audran. Dès le début, elle a compris que c'est son mari qui a assassiné Maurice Ronet. Lui aussi a compris qu'elle le sait. Souvent, tout se joue entre des échanges de regards. Il est vrai que comme dit précédemment, la femme infidèle préfère le confort de sa vie conjugale à celle que pourrait lui offrir son amant. Et puis il y a la réputation qui a vite fait d'être atteinte par les ragots. Je pense qu'il s'agit d'un des meilleurs films de ce réalisateur prolixe. Une ambiance bien des années 70 et un suspense haletant du début jusqu'à la fin.

Un film a regarder plusieurs fois, si on veut bien tout saisir et encore….


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