Forum - À l'aube du cinquième jour - Bien que je connaisse la BO par coeur...
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Forum : À l'aube du cinquième jour

Sujet : Bien que je connaisse la BO par coeur...


De Arca1943, le 27 décembre 2007 à 12:38
Note du film : 5/6

…je n\'ai jamais pu voir ce drame de guerre depuis longtemps invisible de Giuliano Montaldo (Sacco et Vanzetti). À Jarriq qui se demandait il y a quelques lunes «Pourquoi Gli intoccabili?», eh bien je pense que c\'est pour ça : prouver aux producteurs qu\'il pouvait être un bon investissement avant de se lancer l'année suivante dans un projet plus ambitieux – et plus controversé. Ce film antimilitariste fit des vagues à sa sortie en Italie. Il raconte une histoire authentique, plutôt occultée – pour ne pas dire totalement inconnue – dans mon beau pays : oui, l\'armée canadienne, à quelques jours de la fin de la Seconde Guerre mondiale, a bel et bien laissé des nazis prisonniers de guerre exécuter deux déserteurs allemands pour \"trahison\".

Trame sonore à fendre les pierres par Ennio Morricone. Il paraît que Franco Nero est superbe.

Quant à Giuliano Montaldo, pourquoi ne pas réunir dans une petite boîte ses trois films sur la Seconde Guerre mondiale : Tiro al piccione, L'Agnese va a morire et celui-ci. Peut-être à l\'occasion de la sortie de Sacco et Vanzetti, tiens ?


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De Arca1943, le 6 février 2008 à 00:17
Note du film : 5/6

Encore une première : depuis le temps qu'on réclamait d'avoir un film de Giuliano Montaldo à se mettre sous la dent, en voici un. Certes, ce n'est pas le très attendu Sacco et Vanzetti; et puis je n'ai jamais vu ce film, tout en connaissant par coeur la bande sonore. Mais bon, c'est tellement mieux que rien ! Et pour moi qui suis Canadien, enfin un film qui met en cause l'action du Canada à l'étranger ! (Le film est tiré d'une histoire authentique qui s'est passée à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et qu'on retrouve également dans Black Book). Non mais, c'est que nous aussi, nous avons nos casseroles…

Notons-le : les sorties italiennes se multiplient. Enfin !


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De Freddie D., le 10 juin 2008 à 18:47

Petit oubli (enfin, façon de parler, vu le gabarit de l'homme) dans le générique : Carlo Pedersoli, plus connu sous le pseudonyme de… Bud Spencer.


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De Impétueux, le 10 juin 2008 à 18:52
Note du film : 4/6

Malgré l'étonnante musique d'Ennio Morricone, je ne suis pas certain que cette Aube du cinquième jour ne soit pas un navet profond ; je vais laisser, avant d'y goûter, l'ami Arca nous dire s'il y a trouvé du sel…


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De Arca1943, le 10 juin 2008 à 19:15
Note du film : 5/6

Toujours à vot' service ! Le film fit scandale en 1970 par son antimilitarisme vigoureux, mais je n'en sais pas plus que ça, à part qu'il s'agit d'un incident réel de la Seconde Guerre mondiale où le gentil Canada n'a pas le beau rôle. J'ai bien hâte de voir ce qu'il en est !


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De PM Jarriq, le 22 juin 2008 à 16:09
Note du film : 4/6

Pour répondre aux inquiétudes d'Impétueux : non, A l'aube du cinquième jour n'est pas un navet. C'est même un plutôt bon film, dont le rythme a vieilli, comme la plupart des films de cette période, mais dont le sujet, outre son message peu original sur l'absurdité de la guerre, est d'une rare complexité, et n'est pas sans évoquer Les sentiers de la gloire. Le général canadien rappelle fortement Adolphe Menjou dans le film de Kubrick.

A l'intérieur de ce camp de prisonniers, dirigé par des officiers canadiens, les Allemands reprennent insidueusement le pouvoir, organisent les tâches, se montrant plus compétents que leurs geôliers (question d'entraînement), et portés par leur fanatisme. Face au colonel de la Wehrmacht, discipliné et psychorigide, le capitaine canadien n'est qu'un vélléitaire sans caractère, qui presque sans s'en rendre compte, va laisser se commettre l'irréparable, alors que la paix est déclarée depuis plusieurs jours.

Franco Nero est curieusement distribué en déserteur allemand rebelle et gueulard, mais il est très bien, Richard Johnson traduit bien les failles béantes de son personnage, et Bud Spencer apparaît dans la première moitié, dans un rôle secondaire de caporal magouilleur, évoquant Telly Savalas dans La bataille des Ardennes. Regrettons au passage qu'il ne soit pas fait meilleur usage de la magnifique BO de Morricone. Quant à la v.o. italienne, elle est ici plus perturbante qu'autre chose : difficile de justifier que les Canadiens, les Allemands et même les Hollandais, s'expriment en italien, se comprenant ainsi parfaitement entre eux.


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De Arca1943, le 27 juillet 2008 à 20:07
Note du film : 5/6

« C'est même un plutôt bon film (…) dont le sujet, outre son message peu original sur l'absurdité de la guerre, est d'une rare complexité. »

Selon moi, le propos n'est pas si complexe, il est même illustré avec une simplicité méritoire, une fois qu'on a attrapé – comment dire ? – les contours du syndrome. Mais me voici face à un dilemme : comment faire pour aider les spectateurs à bien saisir l'enjeu moral, historique et politique de ce film plus puissant qu'il n'en a l'air (un film qui gagne à être revu, comme c'est me dit-on le cas de Pat Garrett et Billy the Kid), mais tout en restant en vacances, c'est-à-dire en ne me cassant pas la nénette ?

La solution est évidente : au lieu d'y aller de mots de mon cru, ce qui m'obligerait à réfléchir, je vais simplement faire un peu de dactylo, entre deux gorgées de mon succulent Margharita.

Le livre Goliath ou la Marche du fascisme, par l'écrivain et antifasciste libéral Giuseppe Antonio Borgese, traduit et abrégé (avec l'accord de l'auteur) par Etiemble, a été publié en France fin 1945 ou début 1946, dans la foulée de la Libération. Mais il a été publié au Canada plus tôt, au printemps 1945, alors que les combats faisaient encore rage en Europe et que la censure de Vichy s'exerçait toujours en France. Mais plus important pour le cas qui nous occupe, cette version française parue d'abord ici à Montréal, aux Éditions de l'Arbre, comporte un chapitre qui n'est pas paru dans la version publiée en France, « Fin de la marche » / 'End of the March', publié aussi comme article dans la revue américaine The Atlantic Monthly en février 1945.

C'est de ce chapitre perdu et retrouvé que je tire la citation qui va suivre.

« La guerre, comme on le dit souvent, est à la fois une lutte et une étreinte, d'où résultent des contagions et des hybridations. Ceux qui s'attendaient à voir un David jeter bas ce Goliath surveillent depuis le début du conflit, et avec une inquiétude de plus en plus vive, le processus de contamination par lequel les vainqueurs antifascistes sont de plus en plus rapidement fascistisés par les vaincus. Relevons cinq principaux symptômes.» Et Borgese détaille (Premièrement, deuxièmement…) cinq exemples de ce qu'il entend par là, inégalement convaincants – les choses n'ayant pas tourné aussi mal qu'il le craignait – mais dont certains font froid dans le dos par leur remarquable insight (*); avant de conclure : « De cette façon et de bien d'autres manières, nous sommes atteints et infectés par ce que nous haïssions et affirmons encore haïr. »

À première vue, A L'aube du cinquième jour pourrait être un simple pamphlet antimilitariste de plus, une charge d'ailleurs non tant contre l'absurdité de la guerre (la génération de monsieur Montaldo ne tenait pas du tout la Seconde Guerre mondiale pour absurde) que contre l'absurdité de l'armée en tant qu'institution. Et le moment clé du pamphlet, où plus exactement le moment où le film se dévoile en tant que pamphlet, c'est évidemment quand le capitaine Erwin Miller, l'officier velléitaire incarné avec beaucoup de talent par Richard Johnson (que je ne connaissais pas), reçoit ses ordres du général Snow. Et ces ordres sont, en substance, de laisser les prisonniers allemands fusiller leurs deux déserteurs bien que la guerre soit terminée.

Ce speech du general Snow est fortement accusé; l'astucieux scénariste Ottavio Jemma se défoule un peu, ici; je doute que dans la vraie vie, les choses aient pu se passer comme ça. Mais attention : elles se sont passées tout de même. N'oubliez pas que ce film part d'un incident bien réel de la Seconde Guerre mondiale. Oui, en Hollande, alors que la guerre était finie depuis quatre jours révolus, à l'aube, donc, du cinquième jour, l'armée canadienne a laissé les prisonniers de guerre allemands dont elle avait la garde fusiller deux de leurs déserteurs. Je dis que ce lamentable incident, auquel participa mon pays, fut une petite mais réelle victoire militaire nazie, obtenue « par contagion et hybridation ». Le syndrome dont parle Borgese ne fut peut-être pas aussi étendu qu'il le craignait, mais il s'est bel et bien manifesté; et ce film en donne une bonne illustration. (Il y en a d'autres : ainsi dans une terrible scène de la comédie à l'italienne Le Fédéral, le petit fasciste Ugo Tognazzi se fait passer à tabac à coups de matraque par une bonne quinzaine d'antifascistes enragés : les rôles sont renversés, mais la méthode fasciste reste la même).

Dans son message, l'ami Jarriq décrit bien le début du processus : « A l'intérieur de ce camp de prisonniers, dirigé par des officiers canadiens, les Allemands reprennent insidieusement le pouvoir, organisent les tâches, se montrant plus compétents que leurs geôliers (question d'entraînement), et portés par leur fanatisme. »

Insidieusement certes, portés par leur fanatisme en effet. Et l'officier Miller se laisse impressionner par ce qu'il prend peut-être pour l'efficacité allemande, mais qui est en fait l'efficacité nazie. Et pire, il se laisse embobiner par la rhétorique de l'ennemi. « Le fait que je sois vaincu et vous vainqueur est étranger à l'affaire. » Mensonge ! Le commandant interprété (avec beaucoup de talent lui aussi) par Helmuth Schneider est un fanatique accroché à son rite. N'acceptant pas la défaite – que devant ses hommes il rebaptise "difficultés tactiques" alors que le haut commandement allemand s'est déjà rendu – il veut commettre un ultime acte de guerre, il veut encore tirer.

Et la contestation s'organisera dans le camp de prisonniers allemands, et tous les prisonniers mèneront un boucan infernal en tapant en cadence sur leur gamelle, non pour réclamer des vivres, des médicaments, des couvertures ou encore le droit d'écrire à leur famille, mais pour réclamer de pouvoir fusiller leurs déserteurs. Derrière l'ordre militaire apparent de cette manoeuvre organisée de pression sur les autorités canadiennes, le fanatisme exacerbé, le militarisme maladif de l'idéologie nazie apparaît.

Je m'arrête là, ne voulant pas trop dévoiler de ce très bon film de Giuliano Montaldo, qui n'est pas tant un film antimilitariste en général qu'un film antinazi en particulier, assorti d'un sévère avertissement sur les insidieuses contaminations de cette idéologie de termitière.

Superbe photographie de Silvano Ippoliti, souvent de nuit, d'aube ou de crépuscule, assortie de la brume qui convient au fantômatique événement, et servie par une restauration de premier ordre. Magnifique trame sonore signée Ennio Morricone. Très bons interprètes, à commencer par Franco Nero, intense et truculent, et Helmuth Schneider et Richard Johnson, tous deux bien dans la peau de leur personnage (et remarquablement postsynchronisés en italien, dans un film évidemment prévu pour être doublé à l'étranger, ce qu'hélas il ne fut pas).

Un très beau film, qui représente bien le style direct et réaliste du cinéma italien de l'époque dans sa branche politico-historique. Avec ce film, Giuliano Montaldo fait mieux que Francesco Rosi au même moment dans Les Hommes contre. Ça valait amplement la peine de faire un film comme Gli intoccabili pour se payer celui-ci ensuite, un peu comme Un génie, deux associés, une cloche précède d'un an Un Juge en danger

(*) Petit exemple : « Quatrièmement. C'est le fascisme allemand, précédé avec hésitation et suivi mollement par le fascisme italien, qui le premier confessa comme dogme religieux la théorie raciste. Le judaïsme lui servait de cible. Des hommes d'État et des chroniqueurs politiques en nombre croissant demandent aujourd'hui à grands cris que la théorie nazie soit inversée, qu'on impose au germanisme entier le sort que le nazisme assignait au judaïsme et qu'on décrète une fois pour toutes que le mal est de descendance allemande. » Ce bien curieux trend décrit par Borgese s'étend jusqu'à nos jours, la dernière mouture en date s'en trouvant illustrée dans le best-seller Hitler's Willing Executioners, vertement dénoncé par des historiens du fascisme aussi différents que Zeev Sternhell et Pierre Milza (entre autres).


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De verdun, le 22 octobre 2008 à 22:17
Note du film : 5/6

A l'aube du cinquieme jour est un film de guerre sans bataille, genre cinématographique déjà illustré par ce merveilleux film qu'est La colline des hommes perdus de Sidney Lumet.

Nous n'avons pas affaire ici à un film antimilitariste de plus sur le thème "la guerre c'est pas bien, la paix c'est mieux". Non il s'agit ici de stigmatiser l'HONNEUR MILITAIRE et plus particulièrement le maintien de la discipline dans un camp de prisonniers de guerre. Cet honneur qui conduit les vaincus à vouloir absolument fusiller les déserteurs, cet honneur si partagé qui conduit le général Snow à accepter la fusillade redoutée.

J'ai été assez surpris par la narration et me suis longtemps demandé quel était le propos du film. On a au début deux déserteurs allemands. On les capture. On les ignore alors que le camp de prisonniers dominés par des soldats Canadiens s'organise. Ils partagent même quelques moments de joie avec Jellynet (l'inattendu Bud Spencer). On semble les oublier puis le colonel allemand va tout faire pour les juger et les éxécuter. C'est alors que la confrontation entre le commandant canadien et le colonel allemand s'organise. Or si les Allemands sortent vaincus de la guerre 1939-1945, il n'en est pas de même à l'intérieur du camp. Et si le commandant Canadien Miller ne veut pas céder face au colonel adverse, son carrierisme l'emportera.. Et c'est passionnant parce que l'étude de caractère est des plus réussies portée par d'excellents acteurs notamment Richard Johnson dans le rôle du commandant Miller.

Les personnages sont écrasés par la fatalité et par un système oppressant (comme les héros du "Sacco et Vanzetti" du même Montaldo) alors que les loi auraient dû les protéger, de sorte que le titre italien "Dieu est avec nous" apparaît très ironique.. Le film n'est pas manichéen: le bon soldat canadien est finalement assez lâche. Les deux déserteurs ? ce sont une poule mouillée ainsi qu'un personnage interprété par Franco Nero qui ne brille pas par son intelligence, notamment lorsqu'il urine sur un geôlier qui aurait pu lui être favorable..

La photo est très élaborée,insistant sur le kaki des uniformes ainsi que sur la boue qui envahit le camp des prisonniers.

Dio e con noi est une belle réussite mais je terminerai par un bémol: avec le thème "lontano", Ennio Morricone a composé une des plus belles musiques jamais composées pour un film… Mais le problème, c'est que l'on n'entend quasiment pas ce thème dans le film !! Dommage car une meilleure utilisation de la splendide bande originale aurait encore renforcé davantage le potentiel dramatique de ce long-métrage.


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De Impétueux, le 13 février 2016 à 18:29
Note du film : 4/6

La guerre est finie ! beugle le malheureux Bruno Grauber (Franco Nero), qui n'y comprend rien quand ses compatriotes le bouclent avec son camarade Reiner Schultz (Larry Aubrey) dans une cage d'isolement. Mais non, pauvre couillon, la guerre n'est pas finie… Est-ce qu'on démobilise le jour de l'armistice ou même le jour de la capitulation ? Est-ce que les hommes reviennent dans leurs foyers ? Est-ce que la justice militaire cesse de fonctionner pour sanctionner pillages, viols et… désertions ?

Ceci qui est volontairement provocateur pour bien marquer qu'il n'y a rien qui m'ait étonné dans À l'aube du cinquième jour sinon le concours prêté par l'armée canadienne qui garde le camp de prisonniers allemands pour exécuter les deux pauvres types qui ont cru, l'un par roublardise, l'autre parce qu'il n'a pas vingt ans, pouvoir se sortir du merdier avant les autres. On me dira, ce qu'on dit toujours, que la justice militaire est à la justice ce que la musique militaire est à la musique, ce qui ne fait pas beaucoup avancer le schmilblick.

La guerre est un fléau affreux, épouvantable, monstrueux, mais aussi inévitable que les raz-de-marée, éruptions volcaniques, tremblements de terre, épidémies, famines et tout le tremblement qui ravagent la pauvre humanité. Je ne crois pas qu'on ait trouvé beaucoup mieux que l'Armée pour gagner les guerres et ses conditions de fonctionnement ne sont pas et ne peuvent pas être celles qui régissent la Société quand elle est en paix (état forcément et structurellement provisoire).

Rien qui me choque dans l'organisation disciplinaire du camp : il est assez normal que les tentatives d'évasion faites par quelques individualistes soient réprimées parce qu'elles risquent de mettre en péril les conditions de vie de leurs 3000 camarades et, surtout, l'unité des prisonniers. je ne dis pas que c'est juste, je dis que c'est normal.

Mais ce qui me paraît terrifiant – puisque l'histoire est vraie – c'est que le commandement canadien n'ait pas pris la seule décision qui s'imposait : exfiltrer les deux déserteurs et les transférer dans un autre camp où leur histoire n'aurait pas été connue par leurs compatriotes. Je ne vois pas en quoi la chose aurait été impossible. Cette absurdité me plombe un peu le film. Mais c'est là qu'il faut sans doute relire le long passionnant message d'Arca : contagion du Mal et finalement au bout d'un conflit épouvantable, au milieu des ravages, banalisation de l'horreur.

Le réalisateur Giuliano Montaldo tient un discours complexe, intelligent, subtil mais me semble ne pas avoir les moyens de le faire d'une façon vraiment satisfaisante. Est-ce que c'est son vraisemblable orthodoxie marxiste, par exemple, qui l'empêche de donner à ses personnages un peu de substance humaine ? On les voit comme des archétypes souvent caricaturaux ; le jeu des acteurs n'est pas en cause, mais sans doute la volonté démonstrative gage apparent d'objectivité, en fait grande sécheresse, un peu comme pour Sacco et Vanzetti, où j'avais déjà noté ce travers, qui rend moins efficace un discours d'une certaine richesse.

Au contraire d'Arca, je trouve l'édition DVD assez médiocre ; les images sont à mes yeux, pourtant généralement indulgents là-dessus, ternes et grumeleuses. Et comme PMJarriq je trouve absurde le parti de faire parler tout le monde – Allemands, Canadiens, Bataves – en italien, ce qui, à plusieurs reprises, m'a agacé. Et les beaux thèmes musicaux d'Ennio Morricone ne sont vraiment pas mis en valeur : curieux aveuglement.


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De Arca1943, le 18 février 2016 à 14:06
Note du film : 5/6

« La guerre est un fléau affreux, épouvantable, monstrueux, mais aussi inévitable que les raz-de-marée, éruptions volcaniques, tremblements de terre, épidémies, famines et tout le tremblement qui ravagent la pauvre humanité. »

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, conflagration destructrice aux causes bizarres et "suicide de l'Europe" (comme l'appellent si justement les écrivains de droite Fruttero et Lucentini), deux positions antinomiques exacerbées se font face : pacifisme absolu et bellicisme absolu. Il semble que malgré ce qui s'est passé par la suite, elles aient persisté jusqu'à nos jours…

Les deux postures ont en commun un point aveugle : tout le "débat", si on a la charité de l'appeler ainsi, tourne autour de "la" (sic) guerre. Autrement dit, soi-disant, il faudrait être soit contre "la guerre" (la guerre en général, quelle qu'elle soit), soit pour "la guerre" en général (la guerre en général, quelle qu'elle soit).

À la question: "Oui, mais laquelle?", les deux idéologies n'ont rien à dire. Elles ont en commun, outre leur aveuglement comique à ce qu'elles ont en commun, de répandre une ignorance densément fumigène sur tous les événements, car ceux-ci perdent toute spécificité. Il n'y a plus de Guerre de Cent ans ou de Guerre de Crimée, il n'y a plus de Première Guerre mondiale et de Deuxième Guerre mondiale, ce n'est plus le délire racial nazi mais "l'armée allemande", il n'y a plus de chronologie (donc exit les notions de cause et de conséquence), mais "la" (sic) guerre. Au fond, pacifisme et bellicisme étaient en guerre (sans trop s'en rendre compte) contre l'historiographie et les historiens – contre la précision, contre le savoir, qui font si souvent obstacle aux objectifs des idéologues et militants de parti, de gauche comme de droite.

L'histoire et le savoir étant disqualifiés, de même la spécificité du monde des affaires humaines, et on s'enfonce alors dans la nature : d'où l'assimilation d'événements spécifiquement humains à des catastrophes naturelles – éruptions, raz-de-marée, épidémies – c'est-à-dire à des processus automatiques inexorables d'où la liberté et la pensée sont exclues.

Désolé, cher Impétueux, d'éditorialiser à mon tour, mais vous l'avez bien cherché !


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De Impétueux, le 18 février 2016 à 18:58
Note du film : 4/6

Vous savez bien, cher Arca, que nous ne sommes pas d'accord là-dessus et que – vous le dites d'ailleurs nettement – vous appelez Nazis ceux que je nomme Allemands (et il ne faudrait pas me pousser beaucoup pour que j'écrive Boches). Pour moi, la deuxième guerre est inscrite tout entière dans le Traité de Versailles, trop doux pour ce qu'il avait de dur, trop dur pour ce qu'il avait de doux) et dans la criminelle politique de Woodrow Wilson président des États-Unis, faisant payer cher son soutien tardif aux Alliés.

Jacques Bainville a précisément décrit en 1920 dans Les conséquences politiques de la paix tout ce qui allait arriver, partant des prémisses d'une nation humiliée, mais laissée presque intacte (au contraire de l'Autriche-Hongrie), bourrée d'abcès (le corridor de Dantzig, Teschen, les Sudètes) qui engendreraient fatalement une révolte et une autre guerre.

Je pense que si les Spartakistes au lieu des Nazis s'étaient emparés du pouvoir, en 20, en 30, en 40, l'histoire n'aurait pas été sensiblement différente,,,

Je n'aime pas plus la guerre que la mort : je la constate.


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