Quelle recette ? me demanderez-vous. Beignets mortels ? Non. Clafoutis au curare ? Classique. Macarons foudroyants ? Non plus. Tarte au venin de vipère ? Bof.

Mais non, il s'agit bien sûr de la recette du pouding à l'arsenic. Musique !

Dans un grand bol de strychnine
Diluer de la morphine
Faites tiédir à la casserole
Un grand verre de pétrole

Hum… je vais en mettre deux.

Quelques gouttes de ciguë
De la bave de sangsue
Un scorpion tranché très fin

Et un peu de poivre en grain ?
Non !

Émiettez votre arsenic
Dans un verre de narcotique
Deux cuillères de purgatif
Et faites bouillir à feu vif

Hum… je vais en mettre trois.

Dans un petit plat à part
Tiédir du sang de lézard
Bouillir dans un dé à coudre

Et un peu de sucre en poudre !
Non!

(Refrain) : Le pudding à l'arsenic
Nous permet ce pronostic
Demain sur les bords du Nil
Que mangeront les crocodiles?

(bis)

Vous versez la mort-aux-rats
Dans du venin de cobra
Pour adoucir le mélange
Pressez trois quartiers d'orange

Hum… je vais en mettre un seul.

Décorez de fruits confits
Moisis dans du vert-de-gris
Tant que votre pâte est molle

Et un peu de vitriol !
Mais non… Mais oui !

(Choeur) Le pudding à l'arsenic
Nous permet ce pronostic
Demain sur les bords du Nil
Que mangeront les crocodiles?

Le pudding à l'arsenic
Nous permet ce pronostic
Demain sur les bords du Nil
Que mangeront les crocodiles?

Des Gaulois!

Curieux, quand même. Si on me demande « Quel film as-tu vu le plus souvent dans ta vie ? », l'honnêteté m'obligera à déclarer : Astérix et Cléopâtre. Pas Le Pigeon, pas The Abyss, pas Harold et Maude, pas Il était une fois dans l'Ouest, pas Il faut tuer Birgit Haas, films que j'ai pourtant revus je ne sais combien de fois : non, mon plus vu c'est Astérix et Cléopâtre. Je dois être dans les trente fois et plus pour ce film. Je me rappelle même qu'à l'époque où j'étais enfant, mais autorisé à circuler (de jour) par mes propres moyens, ce film passait et repassait sur grand écran à Terre des Hommes, toujours suivi de Balablok, inoubliable court-métrage d'animation de Bretislav Pojar. Terre des hommes, c'était le nom donné à partir de 1968 au site de l'Expo universelle 1967 de Montréal, dont il resta de vastes pans et maints pavillons, jardins et installations pendant plusieurs années ensuite. (D'ailleurs Altman y tourna son Quintet en 1978).

Enfin bref, comme l'accès aux grands pavillons hexagonaux dits "thématiques" de l'ex-Expo était gratuit, et que j'adorais me ballader sur les deux îles, chaque été pendant trois ans (on parle de 1972, 73, 74 je crois) je retournais sur le site de l'Expo et je revoyais et rererevoyais gratuitement Astérix et Cléopâtre pour la énième fois ! Dans un autre pavillon du très vaste site – probablement le pavillon du Canada – on passait et repassait tout aussi gratuitement The Railroader avec Buster Keaton. Et celui-là aussi, je l'ai revu drôlement souvent ! Mais sans doute pas aussi souvent que l'inusable Astérix et Cléopâtre.

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