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Forum : Sans nouvelles de Dieu

Sujet : Critique


De dumbledore, le 26 janvier 2004 à 15:23
Note du film : 5/6

Le saviez-vous, mais au Paradis le monde est en noir et blanc, ressemble au Paris des années 40 et les anges et autres représentants de Dieu parlent le Français. L'Enfer par contre ressemble à une grande entreprise (cafeteria comprise), sans climatisation (ils ont une image à entretenir), où on parle l'anglais. Les humains, eux, parlent naturellement l'espagnol. Espagnol parce que le réalisateur de cette très belle fable qu'est Sans nouvelles de Dieu est un Espagnol : Agustin Diaz Yanes.

Pour son film, ce réalisateur talentueux s'attaque à un sujet cliché du cinéma, le film d'enfer et de paradis. Depuis, Une question de vie ou de mort (1946) à Dogma (1999) en passant par les Les Ailes du Désir (1987), et autre Ghost (1990) ou Le ciel peut attendre (de 43 ou son remake mou de 78), les films d'Anges et de Démons semblent être devenu un genre en soi du film. Pourtant, Sans nouvelles de Dieu réussit à rafraîchir singulièrement le genre.

Tout d'abord, il prend ses distances avec humour par rapport aux concepts. Certes, la brune représente la diablesse et la blonde l'ange, mais l'opposition entre les deux sphères n'est plus du domaine de la morale mais d'une guerre entre deux super-entreprises. Leurs actions pour arriver à leurs fins, sont finalement très proches : manipulations et influences.

Seulement, le Paradis est en danger, presque en faillite. Le PDG (Dieu) a fui et les cadres doivent faire tout leur possible pour sauver les apparences. A croire même que s'ils gagnent la prochaine affaire, peut-être que le symbole sera suffisamment fort pour faire revenir les investissements dans l'entreprise !

Ensuite, le réalisateur fait preuve d'un talent de scénariste (son métier d'origine) qu'on ne peut nier. L'histoire est finalement assez complexe puisque se passant sur plusieurs niveaux : il y a d'abord l'histoire du boxeur qui va mourir et passer soit en enfer soit au paradis, ensuite la confrontation entre les deux « représentants, Victoria Abril et Penelope Cruz, ensuite une histoire politico-financière dans la guerre économique qui oppose le Paradis et l'Enfer avec, au sein même de l'enfer, une révolution en cours. Beaucoup de choses donc avec autant de "règles du jeu" à expliquer. Et pourtant, le récit de Agustin Diaz Yanes est d'une parfaite clarté, intelligent dans les thèmes abordés et tenant surtout toute la longueur du film.

Agustin Diaz Yanes n'est pas seulement un bon scénariste. Il fait preuve d'une grande aisance de mise en scène, offrant un film d'un rythme soutenu avec une lumière aiguisée et contrastée. Il est aidé par un trio de comédiens formidables et notamment avec la paire inédite – et pourtant on ne peut plus efficace – que forment les deux espagnoles, Victoria Abril et Penelope Cruz. La première joue avec une retenue qui est d'autant plus efficace que la seconde minaude un peu. Ce minaudage est toutefois légitimé par une caractéristique de son personnage qui relève trop de la surprise pour qu'elle soit dévoilée dans une critique !


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De Arca1943, le 14 février 2010 à 17:20
Note du film : 5/6

Si After Life reste dans une classe à part, The Angel Levine n'est pas si loin et Dogma peut aller se rhabiller ! Sans nouvelles de Dieu est une fable joyeusement excentrique, qui offre une amusante parenté avec Bunuel (celui de La Voie lactée notamment) pour la façon dont les choses les plus fantasques sont présentées comme des évidences allant naturellement de soi. Le français est un choix qui s'imposait pour l'entreprise certes vénérable mais un peu vieillotte du Paradis, l'anglais va comme un gant à la très dynamique multinationale de l'Enfer ; quant aux gens normaux, tout le monde sait au moins depuis Cervantès qu'ils parlent l'espagnol !

Pourtant, il arrive parfois que quelqu'un se pose une vague question : comme Many le boxeur qui demande à Victoria Abril (qui est en réalité un ange envoyé par le Ciel) :« Dis donc, depuis quand on est mariés ? » « – Mais depuis cinq ans, mon chéri. » « Ah oui ? C'est drôle, pour moi c'est comme si ça faisait à peine une semaine… » Et de même quand rapplique sa cousine Pénélope Cruz (qui en réalité est une envoyée des Enfers) : « Je ne te reconnais pas du tout. » « – Mais si, voyons ! Je suis ta cousine Carmen ! » « Ah ouais ? Eh ben, t'as rudement changé… »

Le duel Abril / Cruz est un pur délice, les dialogues entre cadres supérieurs du Paradis et de l'Enfer sont croquignolets, et on comprend in extremis en quoi consiste le châtiment infernal de Cruz ! Fanny Ardant fait aussi une très maternelle VP du Paradis, Gael Garcia Bernal est au fond très crédible en Chief Executive Officer de la Géhenne.

Quant au fond philosophique et moral de l'histoire, on peut le voir comme une sorte d'avertissement, de cri d'alarme : faute de nouveaux appelés pour renouveler sa population, le Ciel est au bord de la faillite (et les quelques arrivés plus récents ont un mal fou à s'adapter : « Ils regardent la télé toute la journée en mangeant des hamburgers », déplore Ardant) tandis que pratiquement toute l'Humanité, après sa mort, file droit en Enfer. Enfer dont la cafétéria est terriblement bruyante et bondée… d'ailleurs, on n'a que cinq minutes pour bouffer !


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De DelaNuit, le 14 février 2010 à 18:12
Note du film : 5/6

Excellent film malheureusement passé quelque peu inaperçu à sa sortie, dénonçant avec originalité les travers de notre société à travers l'argument de cette fable fantastique, affrontement savoureux entre les multinationales de l'Enfer et du Paradis… Plein d'idées, excellentes interprétations… et Fanny Ardant, chargée d'affaires du "Ciel" dépeulplé, susurrant sur un ton confidentiel à propos de Dieu : "Nul ne l'a vu depuis longtemps, on le dit déprimé…"

Même circonstance dans l'excellente mini-série multi-récompensée Angels in America où l'ange Emma Thompson, malgré l'absence (la fuite ?) de Dieu, survole en battant de ses ailes gigantesques le New-York des années 80 à la recherche du prophète réceptif qui saura écouter son message et guider l'humanité hors de ses ornières…


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