Ken Loach, influencé par Les Quatre cents coups (le sujet), John Cassavetes (les dialogues à batons rompus) signe avec Kes son entrée dans le petit monde cinématographique. Des débuts prometteurs, ou modestes par certains aspects (des longueurs, un aspect didactique un peu pesant, un éclairage parfois limite) : c'est une question de point de vue. Un regard original en tous cas sur le monde minier britannique, mettant en pleine lumière la vie un peu triste des individus anonymes qui composent ce milieu, représentés dans leur vie quotidienne. Les règles pesantes du système éducatif, montré comme oppressif, sont passées en revue. Au final Ken Loach manifeste un certain optimisme : la bonne volonté des uns, le courage des autres, également les leçons que l'on peut retirer de la nature, permettent d'envisager le déroulement de la vie dans ces régions austères sous un angle positif.

Je ne l'ai pas revu depuis mes douze ans, c'est vrai, mais je vous trouve bien sévère. N'oublions pas que Kes était d'abord et avant tout un film pour enfants – comme le cinéma britannique en a produit une belle brochette dans ces années là, avec aussi des spécialistes comme Lionel Jeffries. Pour un spectateur de douze ans, ce film était (et est encore, j'en mettrais ma main au feu) un coup de coeur pas croyable. Mais pas pour l'adulte au coeur sec qui met seulement un 4 !

Je suis désolé de vous contredire légèrement, Arca, mais ce film ne s'adresse pas "aux enfants" mais bel et bien à des adultes, voire à des adolescents. Le dvd que j'ai regardé indique d'ailleurs sur la jaquette : "general viewing, but some scenes may be unsuitable for young children". C'est le moins que l'on puisse dire : les scènes de disputes violentes entre l'enfant et ses parents (j'évoquais Cassavetes), les dialogues crus et épicés, ont de quoi faire réfléchir plus d'un parent.

Et puis je doute qu'un enfant puisse tenir le coup pendant les 1h45m. Bon, à partir de douze ans, il faut voir…

Autre point : le sujet, qui a vous a tant frappé, accuse le poids des ans. Le système éducatif a évolué, y compris en Grande-Bretagne, et les adolescents qui ont aujourd'hui l'âge que vous aviez quand vous avez découvert Kes risquent de ne pas s'y retrouver.

Certains films sont les films d'une génération, et ne passent pas forcément très bien quarante ans après. Kes, dont les qualités intrinsèques sont nénamoins indéniables, pourrait s'apparenter à l'un d'entre eux. On pourrait citer dans le genreIf, certains films de Jean-Luc Godard (Pierrot le fou, …). Regardez la liste des long-métrages ayant récolté l'oscar du meilleur film depuis 1928 (j'ai un méga-coffret qui les contient tous) : certains, qui ont marqué public et critiques, sont tombés aux oubliettes.

Vous avez raison. C'est bien sûr un film pour adolescents, et non pour enfants. Quant aux dialogues crus, à douze ans, j'adorais ça !

Quel dépravé, cet Arca1943 !

Le stupre et le lucre, y'a qu'ça d'vrai !

Ciel (ou Tabernacle) ! Mais que fait la police, je vous le demande ?!