Ce nouveau film – encore inédit chez nous – de John Boorman, est construit sur un sujet rappelant énormément un vieux film anglais The man who haunted himself, avec Roger Moore, où un business man londonien se voyait peu à peu remplacé par son double. Est-ce un remake avoué, ou un film "librement inspiré par" ?

Une fois encore, il semble que le grand visionnaire de Point blank et Délivrance se soit évanoui dans les limbes, mais Tiger's tale se révèle un de ses films les plus intéressants depuis un certain temps. Cela commence comme un épisode de Twilight Zone, au point qu'on se demande comment il va tenir sur plus longtemps que 26 minutes. Le thème du doppelgänger se développe ensuite en suspense de la gémellité, pour s'achever en fable sur l'identité. C'est inégal, parfois trop bavard, mais on reste accroché, grâce à la double prestation de Brendan Gleeson, très charismatique, et d'excellents comédiens comme Sinead Cusack ou Ciaran Hinds. Seule Cattrall est complètement en porte-à-faux, jouant son rôle comme dans une grosse farce (la scène d'amour semble sortie d'un mauvais épisode de Sex and the city), avec un accent irlandais douteux.

Petit film, tourné sans ampleur ni recherche, Tiger's tale ne marque pas un grand retour de Boorman, mais demeure intrigant et généreux dans son propos. En tout cas, infiniment meilleur que le désolant In my country, qui avait fait vaciller les fans les plus fervents du réalisateur.

PS: Par ailleurs, la vraie orthographe du titre est Tiger's tail (la queue du tigre).