Un des chefs d'oeuvre français de la période d'occupation. Description particulièrement corrosive des milieux mondains et même de la hiérarchie et de la morale ecclésiastiques d'une audace sans précédent ! Il est incompréhensible que ce film ne soit passé qu'une seule fois au Ciné club de la télévision et qu'il n'ait jamais été édité ni en VHS ni en DVD !
Que ne votez-vous donc, comme je viens de le faire, pour une édition DVD de La vie de plaisir ? J'ai, il y a quelque temps, apporté mon suffrage à Marie-Martine, du même Albert Valentin, dont je n'ai jamais vu que la mythique séquence où Saturnin Fabre profère à Bernard Blier un tonitruant Tiens ta bougie… droite ! demeuré dans les anthologies.
Mais je vous suis donc volontiers sur cette Vie de plaisir qui me semble alléchante.
N'oublions pas L'Entraîneuse, injustement qualifiée de mélo par certains critiques, où tout, le jeu des acteurs, les dialogues et même les décors (ce qui est très rare à l'époque) est d'un parfait naturel. On voit défiler, outre Michéle Morgan, Gilbert Gil, François Périer, Andrex, l'excellent Bergeron (que diable est-il devenu après la guerre ???) et bien d'autres, sans parler de Fréhel…
Un film que l'on aimerait découvrir en DVD, ne serait-ce que suite aux commentaires élogieux de Bertrand Tavernier à son sujet. Un des rares films français produits sous l'Occupation qui reçu la cote 6 (censure) avec 'Douce' et 'Le Corbeau'. Je conseille à tous de voir le superbe film de B. Tavernier 'Laissez-passez', et surtout de visionner l'excellent bonus de l'édition 2 DVDs: une émission de Ciné Classics où Bertrand Tavernier parle pendant plus d'1h des films français de cette époque, avec des extraits à l'appui !
Mais avec tellement, tellement de talent ! L'entente entre Albert Valentin scénariste lui-même et son dialoguiste Charles Spaak, la qualité de la réalisation, la beauté des décors – de grandes belles demeures – et le talent de la plupart des interprètes, y compris, bien entendu des seconds et troisièmes rôles, de ceux qui font la substance, l'essence et la chair du cinéma.
Le scénario de La vie de plaisir est des plus simples et il s'accommode assez bien des invraisemblances et des équilibrismes obligés : Albert Maulette (Albert Préjean), propriétaire du prospère cabaret La vie de plaisir entre presque par effraction dans la famille de Lormel coincée, parasitique et avide. Le père (Aimé Clariond), imbu de son rôle sociétal, prêt à tout pour sauver son statut social a eu trois enfants de son insignifiante femme Gabrielle (Yolande Laffon). La fille aînée, Denise (Hélène Constant), mariée avec le parasite Roland de La Chaume (Jean Servais) est du même bois atterrant que ses parents. Le fils, François (Jean Paqui), viveur, mais brave type est amoureux d'Aline (Claude Nollier), une petite danseuse du cabaret de Maulette. Et la cadette, Hélène (Claude Génia), promise au mondain, minable, lamentable Roger de Boieldieu (Maurice Escande). Tout est en place dans la contredanse, dont on devine bien vite les figures. Le romantisme des mésalliances et l'éternelle illusion des princesses et des ramoneurs qui sont séparés par la malfaisance familiale. Il faut évidemment passer sur ce pont-aux-ânes, sur cette indignation niaise qui s'effare que les mondes différents puissent ne pas s'entendre et fusionner dans un bel élan syncrétiste. N'empêche que c'est bien fait, que c'est vivement mené que le film malgré ses outrances, est extrêmement séduisant.Je ne sais comment dire cela, d'autant que je suis plutôt l'adversaire du manichéisme et que celui de La vie de plaisir est bien assis et bien assuré. Les aristos sont vraiment des canailles irrécupérables et, parallèlement, le cabaretier Maulette est un homme d'entreprise plein de belle et bonne volonté, qui a fait sa fortune lui-même et se trouve absolument disposé pour la mettre au service de son ascension et de sa famille.
Le film se termine bien, trop bien ; j'aurais préféré – et lui aurais donné alors la note maximale – qu'il s'achevât sur l'évidence qu'on ne raccommode pas les obstacles si immenses, si évidents qu'ils séparent absolument des gens qui se plaisent mais dont les univers, les espaces mentaux, les allures n'ont rien de commun. Le happy end de La vie de plaisir est sa faiblesse.
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