J'ai vu pas mal de films d'Ingmar Bergman, et je suis loin d'être toujours emballé. Cris et chuchotements, bien sûr; ne serait-ce que pour le carré de dames. Et puis les plus vieux comme La Source et l'incontournable Les Fraises sauvages et aussi Le Silence pour voir en action la mystérieuse Gunnel Lindblom). Mais plusieurs autres m'ont laissé dubitatif et je suis assez d'accord, en somme, avec son compatriote Bo Widerberg qui lui reprochait de toujours faire le même film. Cependant, La Honte est un film qui, tout en étant bien dans la manière de l'auteur, m'a vraiment passionné, un film terrible sur les ravages de la guerre au sein d'une population civile. Liv Ullman et Von Sydow sont tout simplement grandioses. Et en plus, c'est en glorieux noir et blanc. Très vieux souvenir, je dois rafraîchir ça.

Je crois qu'une oeuvre aussi exigeante que celle de Bergman, nécessite qu'on s'immerge dedans. Et la seule façon, je crois, est de voir plusieurs films d'affilée, si possible dans l'ordre chronologique. Le silence demeure un de ses films les plus fascinants, mêlant de façon inextricable morbidité et sensualité.

Remarquablement bien filmé ! Voir comment Bergman crée un suspens, une tension psychologique, en suivant ses deux personnages dans leur activité ordinaire. Les plans (par exemple, ceux du début du film) sont sublimes. Une leçon de cinéma sur un plan formel à voir et à revoir !

Le problème vient du sujet. Bergman n'est pas trop à l'aise dans ce récit de politique fiction -de mon point de vue- et on a du mal à croire à cette histoire de conflit militaire en pleine et bucolique campagne scandinave !

Le sujet est proche de celui de Le sacrifice réalisé par Tarkovsky (sur l'ile de Faro).

NB : une fabuleuse semaine de vacances en montagne en compagnie de l'oeuvre de Bergman. Permettant de mieux cerner l'oeuvre de cinéaste, sa personnalité. Un grand maître sans aucun doute ! Une oeuvre assez protéiforme, dont on peut aimer certains opus et rejeter d'autres. Mais il faut regarder les films en question avant de porter un jugement à leur sujet !

Ajoutons pour Arca1943 que Bergman considère à la fin de sa vie que ses deux meilleurs films sont Persona et Cris et chuchotements.

Revu en dvd ; c'est à mon avis un film mineur de Bergman. Déjà on a du mal à croire à une guerre entre deux armées sur la paisible île de Farö. Les relations entre les deux acteurs principaux sont d'autre part moyennement crédibles. Il y a bien sûr la grande maîtrise du langage cinématographique par le cinéaste suédois. La période de la carrière du cinéaste qui va de Le rite (1968) à Scènes de la vie conjugale (1973) comprend sept drames, à voir, pour méditer sur tout un tas de sujet. Les foules comme le fait remarquer Verdun ne seront probablement pas enthousiastes. Séances prêches du pasteur luthérien ou calviniste.